« Bonjour à tous,
Il y a quelques jours, j’ai déjeuné avec un ami. Avant même de commander il m’a confié
son plaisir de recevoir régulièrement des compliments sur son pull Officine Générale.
Quand nous avons quitté le restaurant, l’hôtesse, en l’aidant à remettre son manteau
lui a même lancé, « ce pull vous va vraiment très bien ! ». Il s’y sentait bien dedans, en
était fier, et moi aussi, ça m’a rendu fier.
Ce pull, au premier coup d’œil, ne parait pas complexe. Il n’affiche pas de logos
démesurés, n’arbore pas d’ampleurs extravagantes, ni d’embellissement animaliers.
Pourtant, nous nous sommes pris la tête dessus pendant des semaines : sourcer le fil
écossais, concevoir sa forme sans couture, affiner la couleur légèrement fanée, adoucir
la texture, etc… Ce vêtement incarne parfaitement la philosophie d’Officine Générale.
Une allure « effortless » qui ne laisse pas indifférent, qui donne confiance, attire les
regards admiratifs parce qu’elle est juste et naturelle.
Je vais être honnête, comme je tente de l’être dans ces notes, j’ai souvent essayé de
sortir de mon champ d’action, trouvé une inspiration radicale lors d’un voyage, d’un
paysage ou d’une projection de film. J’adorerais pouvoir imaginer des collections qui ne
me ressemblent pas, partir dans des univers alternatifs mais je suis toujours rattrapé
par mes racines et ma réalité. Je n’ai pas besoin de passer des heures chez le psy pour
comprendre que ce n’est pas qui je suis.
Mes vêtements sont naturels, en harmonie avec les clients à qui je veux m’adresser, qui
ont confiance en moi. C’est d’autant plus important aujourd’hui que ma tâche est de
cultiver ce qui a été créé, pas de tout réinventer chaque saison.
Cet hiver, les couleurs sont « les mêmes », mais tous les tons, toutes les matières et tous
les fils ont changé. C’est une manière d’avancer, de se renouveler. Le vêtement militaire
et l’uniforme m’ont bien entendu servi dans la construction des modèles. Certaines
pièces ont même été entièrement reproduites à l’original : du tissu (japonais) à la forme
des poches en passant par les boutons. Le mélange de ces pièces lavées avec des laines
plus « précieuses » donne corps et souplesse à cette collection.
Petite nouveauté cette saison tout de même en enrichissant la gamme d’accessoires et
chaussures. Dont une paire de boots de la police mexicaine pre-90’s, qui, au fur et à
mesure que les soldats passèrent du côté sombre de la force, est devenue une référence
de la culture « narco ». Quant aux sacs, ils restent fidèles à l’idée de base : ceux que je
porte, que j’utilise tous les jours, les plus pratiques et adaptés aux quotidiens des
hommes occupés.
Une petite entorse à ce dogmatisme imposé est quand même à noter. Comme je ne la
porte pas personnellement, la collection féminine est légèrement plus fantasmée, avec
plus d’audace dans les volumes et les accessoires. Le tout, j’espère, en gardant une
cohérence avec la partie masculine.
C’est tout pour aujourd’hui.
Merci d’être venu. Je vous souhaite un bon dimanche.
Pierre. »
REMERCIEMENTS
Style consultant: Benoit Bethume
Hairstylist: Damien Boissinot for René Furterer
Make Up artist: Nina Haverkamp for MAC