Carven, Homme, Printemps été 2015, Paris
Né dans une banlieue anonyme à la périphérie d’une cité industrielle, le garçon Carven part à l’aventure au milieu des stations-service, cours d’école, et autres terrains de foot encerclés de grands complexes d’habitation, pour oser le grand saut dans la nature printanière en pleine floraison. Dans cet univers tiré des films de Ken Loach, cette tension permanente entre structures industrielles qui se délitent et délicatesse de la nature qui reprend ses droits, mélange du style brut des « hooligans » et d’une esthétique de grande consommation, donne le ton de la saison. Les vêtements du garçon se font l’écho de son environnement, empruntant des éléments fonctionnels au sportswear mais en y glissant des détails poétiques pour mieux réintroduire quelques touches de beauté dans un environnement sans grâce.
Affranchi des diktats de la mode, il construit sa garde-robe autour d’une accumulation de vêtements. Les formes de la collection traduisent cette hybridation : bombers oversize, sweatshirts et pantalons baggy, en contre point de vestes slim zippées, et de costumes de tailleurs associés à des parkas multipoches. Les pantalons à la silhouette ajustée tantôt s’ourlent d’un ruban élastique clin d’œil aux bas de jogging, tantôt recouvrent intégralement la chaussure et créent une impression de douceur et de confort.
Costumes, manteaux, pantalons et chemises, s’approprient les codes couleur du streetwear et s’ornent de fermetures zippées ou velcro. Tandis que les fleurs incarnent une référence graphique forte de la saison, réinventant l’écriture poétique de ces vêtements pratiques et techniques : pétales brodés sur des bombers, comme si le jeune homme avait flâné dans un parc, imprimés pied-de-coq des vêtement d’apprentis ou t- shirt de foot avec un accent de poésie. Il y a aussi un patch brodé en forme de perce neige placé tel un logo oversize, façon survêtement d’athlète sponsorisé.
La palette de couleurs offre un saisissant clash entre nature et artifice, superposant des tonalités terre comme le kaki et le vert industriel. Au bleu intense d’un sac plastique jonché dans l’herbe, font écho le vert vibrant irlandais, l’orange électrique de la doublure d’un bomber, et le noir et blanc familier du logo de la marque ; jeu d’oppositions auquel participent les matières techniques : jersey dense, toile Macintosh brute, faille technique en contraste avec une gabardine légère et une laine tissée estivale.