Interview de Serge J. GHNASSIA, président de MILADY
Serge Ghnassia est issu d’une lignée de fourreurs. En 1933 ses grands parents ouvrent et exploitent plusieurs magasins à Paris. Sous l’enseigne de MILADY, ils sont revendeurs de fourrures. Dans les années 70, ses parents acquièrent un bel emplacement, au n°120 de la plus prestigieuse avenue du monde, les Champs-Elysées.
Élevé dans la fourrure comme d’autres dans l’alchimie des grands vins, ou dans l’ésotérisme de la haute horlogerie, Serge GHNASSIA commence son apprentissage de fourreur dès l’âge de 14 ans. Dans les coulisses du magasin, il s’imprègne de l’enrichissante initiation des “Chambre Maître“ de la maison MILADY. Doté d’un certain talent, il apprend vite les rudiments de l’assortiment des peaux, le travail allongé du Vison. Mais aussi le choix des peaux, l’émerveillement des couleurs, l’émotion du touché, la texture, la densité.Mais c’est surtout la création, le design, la coupe qui le passionnent. Doté d’un bon coup de crayon, très rapidement il dessine ses premiers patrons et confectionne ses premiers modèles originaux. Serge GHNASSIA sait ce qu’il ne veut pas être, un anonyme vendeur de manteaux de fourrures. Designer productif, il aura bientôt une marque à porter, à développer, MILADY. Enfin, un concept à concrétiser, la Haute Fourrure.
Milady est une maison qui est née en 1933, quelle est son origine?
Milady est née par la volonté d’un homme qui était mon grand-père et qui a toujours adoré la matière « fourrure ». Il a d’abord fabriqué des vêtements pour les autres avant de commencer à les vendre pour son propre compte.
Vous êtes l’héritier d’une tradition presque centenaire, comment fait-on évoluer cet héritage?
On hérite pas de la tradition mais on né dans un monde où l’on grandi avec des peaux, du fil, des machines à coudre, des odeurs et des termes ce qui est assez différent car on apprend malgré soi tous les infimes rouages qui vont du choix des peaux au travail des allonges, de la coupe et de tout ce qu’il faut savoir pour réaliser un pièce de fourrure.
L’évolution est presque évidente car lorsqu’on maitrise la base, c’est beaucoup plus simple de faire évoluer la création, d’aller chercher des idées, de humer l’air du temps et d’adapter sa vision à la connaissance que l’on possède en particulier dans le domaine de la fourrure.
Qu’est ce que le métier de fourreur en 2011? A-t-il changé?
Le métier de fourreur en 2011 est un métier de création avant tout. Milady, qui est aujourd’hui un maison de référence pour les fourrures de prestige ne cesse de créer et de chercher de nouvelle inspirations. Cela passe par le choix des peaux : visons, astrakans, zibelines ou autres chinchillas. Rien n’échappe au contrôle drastique qui s’impose avant la sélection définitive. C’est en ce sens que le métier n’a pas changé car le savoir-faire du choix puis de l’assemblage est resté le même. En revanche le travail des peaux aujourd’hui n’a plus rien à voir puisqu’on peut quasiment tout imaginé avec une peau de fourrure. En effet on peut la raser, la teindre, la sculpter, faire des mélanges et en fait réaliser à peu près tout ce qui peut vous passer par la tête. Avant, il y avait deux façon de travailler la fourrure ; allonger la peau ou la coudre en pleine peaux (cote à cote).
Milady est une maison de Haute Fourrure. Expliquez-nous ce concept.
La haute fourrure est un label que nous revendiquons au même titre que la haute joaillerie peut se distinguer de la joaillerie. En effet la haute fourrure utilise des matières nobles et très couteuses, par exemple une peau de zibeline coute jusqu’à 1000€ l’unité, si l’on pense qu’il en faut un soixantaine pour confectionner un petit manteau, je considère que nous sommes dans les mêmes univers que certaines maisons de la place Vendôme. La majorité des pièces sont réalisées en exemplaire unique pour une cliente unique avec un dessin, une toile et des essayages. Tout ce qui pourrait ressembler étrangement à la haute couture également.
A côté de cela, il existe chez Milady une collection prêt à porter qui est créée pour répondre aux envies de fourrure de nos clientes de chaque jour avec toujours une création originale et une qualité irréprochable, mais un budget ne dépassant pas les 10.000€.
Comment choisit-on une belle peau?
Avec ses yeux et ses doigts. Les yeux pour la couleur car là encore entre 2 couleurs de zibeline par exemple l’une peut valoir 200€ et l’autre 1000€, et le toucher car entre 2 peaux l’une va être souple et soyeuse et l’autre sera raide et cassante.
Nous sommes sur des matières rares, toujours plus difficiles à trouver, faites vous encore des découvertes extraordinaires?
Bien sûr, il m’arrive heureusement de m’extasier sur un chinchilla Albinos ( blanc immaculé naturel alors qu’il est d’ordinaire noir , gris et blanc)
Parlez nous de votre collection Hiver 2011. Quels sont ses thèmes?
Nous avons beaucoup crée des vêtements sans manche ou avec des petites manches afin qu’ils soient portés avec des gros pulls, des mitaines, ou sur des vestes Chanel. Des manteaux courts avec des col ras du cou qui eux aussi peuvent se porter accessoirisés de grosses écharpes, des modèles vintages avec des incrustations de peaux exotiques. Nous avons mis l’accent sur des « petites pièces » qui se mélangent facilement comme des veste courtes à manche ¾.
Ou trouvez-vous votre inspiration?
Partout, et en particulier en regardant la mode des années 40-50 et 60-70, le cinéma est une mine inépuisable également et puis tout ce que l’on peut voir de beau comme des œuvres d’art sur lesquelles on va trouver une courbe parfaite ou encore un symétrie architecturale qui va pouvoir être réinterprétée.
Avez-vous des pièces iconiques Milady?
Si l’on parle d’icônes chez Milady, c’est incontestablement la zibeline qui sera la carte de visite et en particulier une veste courte à petit col avec une manche fendue très ample.
Quelle pièce de fourrure conseillez-vous à nos lecteurs pour redécouvrir la fourrure?
Une jolie toque pour commencer ou une pièce courte en vison dans une couleur originale comme le Kohi-Noor ( vison naturel blanc avec des arêtes noires et grises)
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3 comments
bonjour: je suis un ami de laurence: pouvez vous me donner de ses nouvelles?
merci
alexandre egremont(cohen-kadjar)
mon email: [email protected]
Je connais très bien la splendeur et l’originalité de toutes ces œuvres conçues par cette maison! Je vous dit bravo! Vous nous faite rêver d’année en année!
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