Des néons adoucis par des voilages, des tabourets tam tam, un fauteuil bergère et le spectacle peut commencer. Fidèle à son style minimalisme et assez conceptuel, la créatrice Adeline André nous présente Biais, sa nouvelle collection de robes trois emmanchures, cultivant l’épure dans des coupes en biais.
Et c’est la mise en scène qui surprend. Le premier mannequin entre en scène portant une de ces fameuses robes rouges à trois emmanchures. Robe qui laisse deviner plusieurs épaisseurs. Très rapidement, elle est suivie par la créatrice et son assistante. Elles commencent à enlever la robe du premier mannequin tandis qu’un autre mannequin arrive vêtue d’une petite robe blanche qu’elle enlève à son tour pour laisser deviner un fond de robe coquelicot, aussi rouge que la première robe. Le premier modèle porte alors une autre robe à trois emmanchures qu’on devine être celle surmontant d’autres. Et la robe qu’elle vient de quitter est immédiatement portée par le mannequin suivant qui est habillée alors par la créatrice et son assistante. Puis les deux mannequins quittent la scène. Et le premier mannequin réapparait de nouveau avec la créatrice et son assistante.
Et le rituel recommence. Le premier mannequin servira de relais pour chaque pièce de la collection excepté pour une seule pièce à double décolleté à bretelles queue de rat.
Telle une allégorie, le premier mannequin perd ses différentes couches pour ne conserver que l’essentiel et passe le flambeau à la suivante qui accepte le don.
Chaque nouvel habillage permet d’apprécier la fluidité de la coupe, la qualité de l’organza ou de la gorgette de soie. Les couleurs se font florales (coquelicot, bougainvillée, capucine), organiques (soufre, oxyde, orpiment, chair), fruitée (framboise). Les robes sont longues, à encolure et parfois ourlets retournées. Le déshabillage-habillage met les détails en avant, telle la ceinture en queue de rat du premier modèle qu’on regarde nouer. Mais le tout reste empreint d’une sage sobriété.
Cette collection s’adresse à toutes les femmes de cette époque, femmes de tous les âges telles que le sont les différents mannequins. Le maquillage est très japonisant, à la limite de la geisha, le tout accentué par quelques bandes blanches ajoutés dans les cheveux de certains mannequins et des chaussures minimalistes d’United Nude.
Marie-Odile Radom