Home ModeFashion Week Fashion Week Masculine Printemps/été 2019 : Jour 5- Tous des théoriciens

Fashion Week Masculine Printemps/été 2019 : Jour 5- Tous des théoriciens

by Manon Renault
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Avant d’écrire des tribunes sur le féminisme dans les quotidiens, Catherine Millet parlait des virages dans l’art contemporain. Elle explique qu’en réponse à l’abstraction des années 50, les années 70 se sont réfugiées dans l’art conceptuel : un art qui réfléchit sur lui-même. Résultat visuel :  » un art qui se réduit à des propositions formelles tellement arides qu’on ne pouvait guère aller plus loin. » ( Cathrine Millet, L’art contemporain).Si la mode se théorise, alors elle n’a pas hérité de la recherche formelle des années 70. Une profusion de couleurs, d’imprimés, de jeans, de soie nous explosent à la figure. C’est dans le Yellow submarine sous prozac des Beatles que l’industrie de la  mode à assister à cette cinquième journée. Atmosphère enfantine et ludique, qui laisse place à un cours théorique: la mode a parlé d’elle-même. De son histoire, de son rapport aux genres, au numérique, à la transmission. Les mélanges de tissus et d’imprimés chez Sacai ou Etudes rappellent la constante ouverture de la mode sur les autres cultures. Chez Andrea Crews c’est une ouverture paradoxalement cloisonnante qui est mise en scène. Des écouteurs greffés dans les oreilles, les mannequins arborent des t-shirts à l’effigie d’Edward Snowden. Nous vivons dans un monde sous surveillance. Le hic : nous livrons nous-mêmes nos propres informations. L’exigence d’exposition est intégrée à nos habitudes. Nous sommes nos propres médias. Une peur? Une chance?  Une chose est sûr, cela oblige tout le système de la mode à se repenser.

La question  : La théorisation de la mode doit-elle passer par une esthétique qui convoque la naïveté enfantine ? 

Il faut apprendre en s’amusant ? 


SANKUANZ La masculinité se cache derrière la collab Puma

L’équation pour assurer la pérennité d’une marque : l’équilibre entre répétition et innovation. En réinvestissant les chaussures phares de sa collection précédente le créateur chinois Shangguan Zhe peut explorer d’autres terrains. Cette collection Sankuanz travail les limites des stéréotypes sur la virilité. Des couleurs pastels, du cuir et des boots. Un moyen de montrer que les nouvelles générations chinoises, ont été biberonnées des cow-boys de la culture américaine. Sankuanz permet de se questionner sur la circulation des stéréotypes de la virilité, et les assimilations qui en sont faites par les subculturs chinoises. Une digestion de l’immigration chinoise vers Mexico au début du XX ieme siècle, permise par une collab Puma.

THOM BROWNE : Le luxe se cache derrière le nain de jardin.

Ce n’est pas pour filtrer les rayons UV, mais les flashs des téléphones que Thom Browne proposait de visionner son défilé avec des lunettes de soleil. Verres jaunes : apparemment la couleur qui rend joyeux et plonge dans un dessin-animé surréaliste ou tout le monde fini heureux, deux par deux comme dans l’arche de Noé. Sauf que chez Thom Browne, les couples ne sont pas formés avec l’impératif de perpétuer la planète en cas de cataclysme : ils sont rassemblés par couleur. Qui se ressemble s’assemble, whatever le genre. Couleurs Teletubbies pour une collection qui est loin d’être niaise. Une réaction supplémentaire au besoin de déconnexion. Les petits nains tondent patiemment la pelouse, et cultivent un jardin extraordinaire, en quête d’une esthétique harmonieuse. Une mise en abîme du travail de Thom Browne qui prend le temps de travailler chaque détail. Un luxe.

HENRIK VIBSKOV : Le musée vivant de la mode

Problèmes climatiques et apparition de la scène mode japonaise en France dans les années 80 : toutes ces histoires se superposaient dans la collection Henrik Vibskov. Le travail de volume sur le robes criait : Issey Myake, Rei Kawakubo. En puissant dans les archives stylistiques de la scène japonaise, Vibskov construit un discours sur l’environnement. Il convoque l’amour européen des rites, du cérémoniel japonais pour dire stop à la pollution. Une rhétorique qui revêtit des imprimés vichy bleu, des chemises à rayures légères, des pyjamas de soie et des costumes arrachés d’une histoire d’« adulte« . Le tout avec un hommage non dissimulé à Margiela dont le nom ne s’affiche pas seulement sur les affiches de musée.


Edward Snowden, déguisé en Jeff Koons a ponctué une journée haute en couleur, et haute en attente.

Pour faire son entrée chez Dior, Kim Jones offre tout un cours sur l’histoire du chien de Monsieur Dior. Une rhétorique amusante qui devient une excuse pour explorer les archives de la maison. La filiation est faite, dans ce monde de ballon Koonesque . Comme dans l’art contemporain; l’industrie de la mode trouve un équilibre entre création et vente. Pas de tabous: le logo fait vendre, alors il s’imprimera sur des t-shirts légers. A$ap Rocky Adore,-ADior. La mode est vivante, amusante et frivole. Ce sont les apparats de sa théorisation et de sa marchandisation.

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