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Pendant la fashion week, il faut garder les yeux grands ouvert pour détecter les détails : les reflets lumineux d’un pull, le motif d’un imprimé, les doublures d’une veste Alors attention lorsque tu vises avec ton fusil, oh toi rédacteur : ouvre les deux yeux. Dans l’art de la chasse, les créations qui se distinguent son souvent celles qui résultent des gestes les plus fins. En cette troisième journée deux options: rester dans les sentiers battus avec un look « champêtre » qui se lit sur le mode du mimétisme: une chasse en terrain connu. La deuxième option, plus subtile: la chasse métaphorique. Celle de John Galliano chez Martin Margiela avec ses propres chimères, celle de Jarel Zhang qui souhaite « explorer l’inconnu( …)soit avoir le courage de faire face, de surmonter puis d’explorer »- une chasse avec soi en terre inconnue.
Le doux temps de la cueillette dans les petits chemins de forêt avant l’heure du braconnage : un conte que l’on se raconte en ville, sur la place du marché.Chez Rochas ou Lemaire la discussion se fait en dans des palettes beige et kaki et imprimés champêtres. Dans ce récit, la campagne est celle des loisirs pas celle du travail. C’est la noblesse anglaise pas les paysans français: imaginer les choses de loins plutôt que de regarder à côté, c’est toujours plus confortable.
Le « twist »anglais avait été annoncé dès le matin lors du défilé Lacoste. Première collection de Felipe Oliveira Baptista qualifié par les médias de « célébration de l’arrivée de la Ryder Cup en France ». Le « green » anglais, rien à voir avec le vert français. Tout l’imaginaire d’un sport exercé par une élite, tandis que dans la verdure française, le sport se résume tout au mieux au football – un sport populaire.
La question oubliée :la saison prochaine, le salon de l'agriculture inspira t-il une nouvelle tendance ?
À l’heure ou les vêtements fonctionnels des classes ouvrières inspirent la mode, à quand l’utilisation de l’imaginaire rustique du paysan ? En réalité il y a déjà des indices à propos du combat Louis La Brocante / Agatha Christie
Dries Van Noten : conte d’un chasseur animal
Dries Van Noten aime les associations improbables. Quitte à rater le viseur : ce style brut est sa marque de fabrique. Pourtant c’est tout en poésie que se déploie ce conte des forêts. Maquillage fluo : les danseuses discos vues hier se sont égarées dans les bosquets de l’hiver. Un savoureux mélange qui nous évite de choisir : défendre l’homme ou la bête ? Une mode ou les deux se dévorent pour mieux se confondre. Dries Van Noten c’est l’animalité.
You’d better close your eyes
Ooohhhh bow your head
Wait for the ricochet – Deep Purple Bande son du défilé.
NEHERA : En proie avec sa propre histoire ?
Pendant quelques saisons, Samuel Drira a permis à Nehera de revoir le jour. En 2017, la marque se tire t-elle une balle dans le pied ? Un collectif de designer prend la relève et propose une collection ou les drapés croisés s’augmentent des tendances 2018. Tête bien couverte, pull à grosses mailles, et superposition de manteaux. La marque tchèque, fondée par Jan Nehera en 1858 a marqué l’histoire de la mode. Un visionnaire qui a su allier création artistique et business model. Un pionnier qui ne s’est pas contenter de chasser dans ses terres. En 2018, Nehera s’équipe pour repartir à la conquête.
Maison Margiela et Jarel Zhang : La lumière holographique en héritage.
Pour chasser dans les terres de la mode, John Galliano à toujours construit ses propres armes. Uniques, inimitables. En septembre 2014, il donne une interview à Canal +. Le sujet : sa rédemption depuis le scandal « Dior ». Il vit en Auvergne au milieu des volcans et chante les vertus de la nature et de l’eau minéral. Une extase « d’idiot du village » dit-on par là. Heureusement ses créations n’ont jamais illustrées cette mièvrerie. Jamais il n’a proposé un look « auvergnat » stéréotypant. Sa mode se jouent une note au dessus et explore des sujets complexes dont seul Galliano à la clé. À chaque collection les interprétations profussent : preuve du génie créatif de Galliano. Peu importe les fissures de l’homme. Sans se ruer à une banale imitation, Jarel Zhang établit un dialogue avec Galliano. Le créateur chinois, pour la première fois présent à Paris, propose des vestes surdimensionnées aux matières qui jouent avec la lumière. Dans un décor immaculé, les mannequins sont légères malgré leurs tenues à la large carrure. Le lieu rappel la forteresse de solitude de Superman, soit le lieu ou le héros peut entrer en communication avec Jo-REL, son père biologique. Pendant un instant, rue Richelieu, un espace de connection entre Galliano et Zhang a été permis.