Pré Couture/ Avant Propos
Dans le doux récit de la Haute Couture, on dit que les robes sont faites de la même matière que les rêves. Que les gouttes d’eau qui ruissellent en leurs surfaces, reflètent les rayons dorés du soleil en des millions d’arcs-en-ciel. Prouesses techniques, savoir-faire et gestes transmis de générations en générations : tout une comptine. Un univers dans lequel les femmes s’épanouissent entourées de leurs compagnons magiques : pas leur époux– mais des animaux complices ou des balais doués de vie. Des objets asexués en sommes, comme pour pérenniser le désir des femmes. Ou s’assurer que ces envies seront entièrement tournées vers ce prince vaillant et protecteur. En cette troisième journée de Haute couture, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel sont présentes. Bien voyantes. Si vives qu’elles dépassent le mythe même de l’arc-en ciel.
Si la Haute couture doit rester la promesse d’un rêve, comment dépasser le ton enfantin employé pour la décrire ? Rester sensible en évitant la niaiserie, faire advenir d’une collection sa beauté sans avoir l’air d’être sous prozac. La haute couture éblouie mais ne rend pas aveugle. Une collection réussie : une collection qui enraye des discussions toutes questions de dominations, qui surmonte le problème de relations homme-femmes – un instant. Soit quelque chose qui suscite le fantasme. Chez Valentino, Maison Martin Margiela, Viktor & Rolf ou Jean Paul Gaultier : on regarde, on désir, on ne se demande plus rien. Les couleurs, les silhouettes, les textures occupent tout le podium. Des collections qui débarrassent les arcs-en-ciel des gnomes ou autres trolls perfides. À la place l’esprit d’Alaïa traverse les forêts de vêtements. Des robes sculpturales, des bustiers ( notamment chez Maison Margiela) qui rendent hommage au couturier.
Des collections pleines de vie : une vie qui est pleines de désirs. Après tout, les gnomes et autres compagnons magiques ne sont pas frigides: Will Huygen l’explique bien. Eux aussi ont des fantasmes. Ils sont nourris de désirs et ne se contentent pas des rêves.
Alors même avec les noeuds années 80, les robes de princesse lilas, les plumes et transparences proposées par Franck Sorbier ou Elie Saab, rendent les femmes » aériennes », elles n’en sont pas moins virevoltantes. Au Régina, elles s’agitent au son des trompettes de jazz.
MAISON MARGIELA : la sublime incompréhension
Un collection faite d’impairs, des bustiers, d’ombrelles :le tout portés avec des Baskets. Une sorte de chaos ou l’on retrouve des éléments de précédentes collections de Galliano. Une sorte de foutoir d’où jaillit une lumière indescriptible. Les noirs sont fort de reflets émeraudes tandis que des tissus halliographiques éblouissent. Des superpositions de tissus, de motifs inattendus : des compositions à la fois magnifiques et horribles. On ne sait plus. C’est peut-être ça la nouvelle magie de la haute couture : renouer avec le sublime. Soit une émotion ou la question du beau et du laid est dépassée pour laisser place à l’instant.
VALENTINO : Histoire de la couture volume 1
Entre opulence est discrétion : les choix sont multiples. Une collection qui passe de l’extravagance des robes fuchsia et coiffes de plumes, au chic des longs impairs et pantalons larges. Le tout dans de l’orgenza, du taffetas et autres matières précieuses qui viennent souligner la dextérité de Pier Paolo Piccioli. Un hommage a différentes expériences de ce que peut-être la haute couture de la part d’ un créateur inventif et inspiré: lui aussi à visité l’exposition Alaïa qui s’est ouverte ce dimanche rue de la Verrerie.
GUO PEI : l’arborescence de la liberté
Présentée au cirque d’hiver de Bouglione, la collection n’était pas une ode au glamour des tapis rouges, aux envies d’une vie de luxe fastueuse, mais un conte avec des femmes métamorphosées en créatures légendaires. Autour d’une racine d’arbre suspendu, les mannequins s’avançaient avec douceur dans des tenues à base de bambou. Les broderies, les cristaux et le thème des fleurs sont présents: mais la créativité est telle que l’on s’endort volontiers avec les images de ce conte.
Pour cette fashion week , Azzaro à présenté un défilé mixte. Le prince n’est plus seulement habité par l’amour galant, mais par les même envies de luxe, les mêmes désirs que ces dames.