Home ModeFashion Week Fashion Week Masculine Automne/Hiver 2018 : Jour 4 En fin de carrière

Fashion Week Masculine Automne/Hiver 2018 : Jour 4 En fin de carrière

by Manon Renault
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Vignette : Berluti

« La carrière est une invention du XXe siècle et je n’en veux pas » -Christopher McCandless interprété par Emile Hirsch dans  Into The wild en 2007. Une phrase qui résume bien l’époque- les changements et les quiproquo entre des générations « qui ont trimé toutes leurs vies » et ne comprennent pas pourquoi leurs enfants n’ont pas de CDI, n’en veulent plus. Une question que se pose sans doute les hommes des collections de Berlutti ou Cerruti 1881 dans leurs costumes parfaitement coupés, impairs d’un raffinement sans souillure, aux matières qui nécessitent des années de SMIC. Face à cela VETEMENTS revient plus fringue (flinguant) que jamais. Une collection qui rappel les premières. Flash Back sur le chemin parcouru par Demna Gvesalia dont la trajectoire de carrière pourrait faire rêver ces hommes en costumes des beaux quartiers. Pourtant le message derrière n’a rien de léger: lié aux événements en Russie- pays dont la connaissance ne se limite pas à celle procurée par les médias pour Gvesalia et son équipe.

Quitter sa famille,ses amies, ne pas épouser la fille du voisin: changer de vie. Ne pas avoir celle de nos parents. Sans doute une même histoire qui se transmet de génération en génération. Du coup les costumes sont over-zise, avec des épaules bien trop larges. L’aventure: une idée bien plus séduisante. Pour cela il faut des anoraks : Acne Studio, Juun J ou Alexander McQueen en propose de solides et moelleux. Les rêves d’aventures trouvent leurs points d’orgue avec Ann Demeulemester qui propose une collection aux couleurs poudrées sur l’imagerie des pirates. Un peu « coeur de pirate ». Tandis que Comme des garçons est beaucoup moins tendre: des perruques aux couleurs passées, recouvrent les têtes des mannequins dont les visages finissent ensevelient par des crânes de dinaussaures- soit le grand symbole de l’extinction d’une espèce.

 

La question semble être : dans la mode à venir y ‘aura t-il encore des costumes décrétés, des déguisements sociaux liés au travail ou juste des vêtements ?

Toujours aux rendez-vous de ces collections : des trenchs coupés au scalpel -précision extrême et résultat incisif. L’oversize, le militaire ou le street tailoring avec toujours quelques imprimés tartans.


Hed Meyner : attrape moi si tu peux, jolie carrière.

Un troisième défilé présenté en plein quartier des grandes écoles. De celle que les parents aimeraient inscrire au pedigree de leurs progénitures. Toujours avec élégance, Meyner travail les volumes. Des pantalons si larges que l’on dirait de jupes, recouvrent les minces jambes d’hypokhâgneux. Lunettes, pulls tricotés : toute l’armoire de l’étudiant qui s’est laissé perdre dans les sigles des filières. Les costumes de son futur le poursuivent. Ils ne sont pas encore prêts – ni eux ni les costumes, dont les plastiques de pressing sont encore présents.

Hed Mayner

Hed Mayner

Hed Mayner

Maison Martin Magiela : Merci Patron

« J’appellerais ça John Galliano pour Martin Margiela. Parce qu’il y avait énormément de références au travail de Martin à mes yeux », a déclaré Renzo Rosso à Fashion Network. Le patron confiait pour la première fois la collection homme de la maison à John Galliano. Un beau geste de confiance pour un designer, dont la carrière s’est envolé en fumé un soir, à un bar en 2011. En réalité les chimères de Galliano étaient bien connues. Désormais le créateur reste discret : il ne salue plus à la fin des défilés. Jouer avec sa vie, foutre en l’air sa carrière : grâce à un travail de déconstruction Galliano revient. Décontruction personnelle qui s’illustre dans les vêtements. Pour cette collection il s’attaque aux grands classiques du vestiaire masculin : bombers, duffles coats ou trenchs. Un choix qui n’est pas sans risques: les têtes des mannequins sont comme enveloppées de sparadrap, et le défilé se conclut sur un ensemble de pièces blanches qui rappellent la camisole de force, plutôt que l’aube de communiants. Pourtant l’orée est moins sombre que chez Comme des Garçons -même si en fond sonore on entend « Please Release Me and Set Me Free » 

 

Alexander McQueen: coutumes et costumes

Dans un atmosphère feutré, Sarah Burton présente une collection qui rend hommage a l’art du tailoring. Les costumes sont épatants de rigueur. Un homme, un costume ? Alexander McQueen avait à plusieurs reprises, commenté l’unité entre le vêtements et le métier en utilisant les banquiers de Wall Street. Avec Burton c’est une autre histoire : celle de la sortie du costume ?  À la fois aventurier, dandy à imprimé fleuri en robes de chambre à la Hugh Hefffner et punk anglais: une collection hommage au sens du style britannique. Une culture ou  les groupuscules à la marge ont toujours mis le holà sur leurs tenues. Comme les Mod’s qui adoptent les costumes des classes supérieurs pour ne pas ressembler à leurs parents ouvriers. Une démarche opposée anime pourtant la mode à l’heure actuelle ou les vêtements fonctionnels font rage comme chez Junya Watanabe.

Alexander McQueen

Alexander McQueen

Alexander McQueen, Batman ?

« Je connais les lois mais les lois ne me connaissent pas  » : en cette quatrième journée c’est un peu l’air que nous chante la mode

Rassembler dans la même grille Alexander McQueen , Ann demeulemeeter, Comme des garçons ou VETEMENTS :soit le pari d’une scène anti-fashion: « critique ». Que ce soit les 6 d’Anvers, le clan Rei Kawabuto, ou les enfants sauvages de la Grande- Bretagne : des collectifs qui marquent l’histoire de la mode. Car il y a bien une histoire de la mode- qui n’est pas en fin de carrière.

Into the wild est une fable sur l’aventure qu’est la vie. La construction d’une vie doit-elle se faire dans un rejet total des modèles connus ?  Finalement Christopher McCandless souffre de l’exil qu’il s’est imposé. Le partage c’est aussi la vie : même si l’on ne partage pas les convictions de tous. Une espèce de philosophie de comptoir que l’on se permet d’écrire à propos d’Into the wild car il s’agit d’un livre- quand même. À quand vas t-on réfléchir avec la mode ?

 

 

 

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