Louis parmi les spectres – Isabelle Arsenault et Fanny Britt
La Pastèque – 28€
www.lapasteque.com
Isabelle Arsenault et Fanny Britt avaient déjà oeuvré ensemble autour de Jane, le renard et moi, qui racontait l’histoire banale et cruelle d’Hélène, victime de harcèlement et d’ intimidation à l’école. Absurde réalité du monde des enfants. Cette première collaboration entre les deux auteures avait été un franc succès et, c’était vendu à plus de 20 000 exemplaires depuis sa publication. D’une puissance folle, le livre avait gagné pas moins d’une douzaine de prix littéraires (Angoulême 2014 – Prix jeunesse – Sélection officielle, 8e Prix du livre jeunesse des Bibliothèques de Montréal – Finaliste, Pépites 2013 du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil – Pré-selection…).
Cette nouveauté – parue le 26 octobre dernier – nous avait interpellés par son sujet : « un papa qui pleure à cause du vin ». Banal et cruel, toujours. Comment le petit Louis, avec ses 11 ans d’expérience sur terre, appréhende et surpasse (dans le sens de « dealer avec ») la maladie de ce/son père qui boit trop ? Comment il fait face à ce rythme répétitif des up and down émotionnels ? On le voit évoluer – avancer et se battre – avec une lucidité presque adulte, mais aussi cet esprit enfant sans une once de jugement. Le livre en est bouleversant – par cette entrée libre et naïve dans le monde infernal de l’alcoolisme.
En parallèle de cette sordide histoire qui chamboule une famille toute entière, et les vies « en dedans » tout autour. Le petit Louis est secrètement amoureux d’une sylphide-sirène à lunettes, une tempête de pluie sur son existence, une reine muette mais costaude dans sa tête. Entre la maison abandonnée – symbole des cellules familiales en crise, la jungle ivre de la honte et des larmes, la promesse éventuelle d’un espoir à travers le centre de désintox, ce gamin adolescent se frotte au pire sans jamais menacer son désir d’être heureux et amoureux. BD – du genre adulte – brillantissime œuvre poétique pleine de lucidité et d’espoir sur la nature humaine.
Elisa Palmer