Voici probablement la collection homme 2013 coup de coeur : celle de Boris Bidjan Saberi. C’est au Garage Turenne, lieu qu’il avait déjà investi en 2011, qu’il nous convie pour nous présenter sa collection automne-hiver 2013, placé sous le signe de l’artisanal et de l’austérité. En effet, le créateur perse nous dresse une collection urbaine, sombre, où le noir prédomine.
Les modèles présentent une certaine dureté, par leur regard et leur pas vif, parés de noir, portant le combo bonnet, sac à dos, et bottes de cuir, insistant sur cet aspect voyou, rappelant la figure du cambrioleur, mais toute en élégance. Un paradoxe saisissant.
Un style expérimental, artisanal, des tissus abordables tels que la toile, le jean et le chandail. Tandis que dans sa dernière collection, le créateur s’était inspiré des codes de la mafia, cette année c’est de l’univers militaire où il puise ses principales inspirations.
On retrouve aisément l’esthétisme militaire, avec des lignes nettes et ce côté très strict. Mais d’un autre côté, il joue toujours avec ce paradoxe, par rapport à l’utilisation des tissus et des coupes mixtes et articulées qu’il emploie.
Sa façon de concevoir révèle une grande connaissance de l’artisanat, savamment mélangé avec la couture. Des manteaux ceinturés à la taille, des boiseries de cuir, des manches détaillées, des parka, des voiles transparentes asymétriques superposés sur pantalon, des coupes non conventionnelles, le sarouel, des mélanges de matières brutes, l’écharpe oversize, le pantalon destructuré, l’absence de couleurs : c’est par ces signes que l’on reconnaît indubitablement l’univers et la patte créatrice de Boris Bidjan Saberi.
C’est au Silencio, club parisien imaginé et conçu par David Lynch, que Boris Bidjan Saberi a célébré la clôture de la mode masculine à Paris, ainsi que pour fêter le lancement de la première monographie Saberi : un livre retraçant les 11 collections passées du créateur.
Sophie Farjon