Le deuxième roman d’un jeune auteur prometteur. Hôtel Argentina, ou comment survivre à un voyage déroutant.
Une vodka, s’il vous plaît.
Vous partez loin ?
Je ne sais pas, répondis-je du feu de ma gorge.
Vous allez où ?
Buenos Aires.
A l’aéroport de Roissy, Simon Koëtels se donne un peu de contenance et une dose de vodka avant d’embarquer pour l’été argentin. Il part pour Buenos Aires, sans raisons exprimées, ni but clairement défini. Un aller simple pour une ville qu’il ne connaît pas. C’est une cité puissante et rugueuse qu’il s’apprête à découvrir.
Le récit se situe en plein mois de janvier, le mois le plus chaud à Buenos Aires. Attablé à une terrasse de café du quartier Palermo, Simon échange quelques mots avec un inconnu avant de se faire voler sa sacoche par une adolescente andine. Quelques heures plus tard, on l’appelle : sa sacoche est retrouvée, on lui indique une adresse pour venir la récupérer. Simon va ainsi faire la connaissance d’Esteban Menger et surtout de l’hôtel Implicite, où on lui propose de séjourner.
Deuxième roman de Pierre Stasse, Hôtel Argentina est une invitation au voyage irraisonné. Une découverte de Buenos Aires par un jeune homme que la ville et les rencontres vont révéler. La mégapole sud-américaine est assurément le personnage principal du roman : une ville totale, bruyante, où les rixes de quartiers finissent parfois mal.
En arrière-plan se dessine aussi l’histoire d’une famille, d’un clan : les Menger. Esteban est un homme d’affaires esthète et le responsable du groupe familial ; son frère, Juan Pablo, est un colosse chorégraphe, pointilleux et généreux ; la sœur Natacha est la directrice effacée de l’hôtel Implicite. Et dans l’ombre, c’est la figure tutélaire et paradoxalement inquiétante du père des Menger qui sera décisive pour Simon.
L’écriture de Pierre Stasse est ciselée, travaillée dans un style sobre et toujours romanesque. On devient Simon dès la deuxième page du roman. On se fait surprendre lorsque la personnalité de ce jeune premier, sans avenir tout tracé, va basculer. On assiste impuissant à une explosion de violence, on s’engouffre avidement dans des histoires de familles cachées et on revient exténué de ce voyage pas comme les autres. Un livre que j’ai englouti et qui dort désormais quelque part, à la Réunion.
Pierre Stasse, Hôtel Argentina
Flammarion
240 pages
Gautier Landivier