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Le Printemps, c’est Paris

by Marie Odile Radom
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Le Printemps c’est Paris ou quand Bettina Rheims sublime les vitrines d’un grand magasin.  

Paris, un certain art de vivre,  un chic indescriptible et surtout la capitale internationale de la mode entre haute-couture et prêt-à-porter. Le célèbre grand magasin Printemps Haussmann a choisi de rendre hommage à la ville lumière et à son rapport à la mode à travers l’événement « La mode et ses images » jusqu’au 26 mars 2011. La photographie, l’art, la vidéo et la mode s’entremêlent pour révéler leurs plus belles représentations bien au delà des clichés à travers une histoire mystérieuse et glamour.  

Photo d'Eva Sakellarides

Le Printemps organise dans un premier temps une première exposition de photographies, dans les vitrines de son magasin Homme, des images d’Eva Sakellarides. Cette jeune photographe française est la talentueuse lauréate du Prix Picto de la Jeune Photographie de Mode de l’édition 2009 et nous plonge dans l’univers du personnage Léo.  

La Photographe Bettina Rheims

Parallèlement, la célèbre photographe de la peau Bettina Rheims, associée à Serge Bramly, occupe les vitrines et le Fashion Café du Printemps avec l’exposition « Le Printemps c’est Paris ». Après leur fabuleuse exposition « Rose, c’est Paris », le célèbre duo récidive et met en scène la Mode au Printemps en immortalisant les dernières collections créateurs dans les lieux les plus emblématiques du Printemps à travers leur double œuvre photographies et film.  

Bettina Rheims - Valentino

Ils ont imaginé une intrigue policière qui s’étend sur neuf vitrines dont le cadre est le Printemps et l’enjeu, une Tour Eiffel recouverte de diamants. Cette enquête au coeur de la mode est l’occasion d’aborder l’univers de neuf créateurs à travers le regard en noir et blanc de la photographe : Ann Demeulemeester, Balenciaga, Chloé, Dries Van Noten, Jil Sander, Maison Martin Margiela, Marni , Nina Ricci et Valentino.  

Fashion Café by Pouchkine

Le film de Serge Bramly narrant la fiction est projeté au Fashion Café Pouchkine au sous-sol du magasin, restaurant éphémère unique célèbrant la Fashion Week. Jusqu’au 26 mars, le Fashion Café Pouchkine propose de succulentes patisseries développées pour les plus grands créateurs (Chloe, Marni et Dries Van Noten) ou encore tout en découvrant sur grand écran les images de mode et des défilés parisiens.  

Bettina Rheims - Ann Demeulemeester

En passant devant les vitrines du boulevard Haussmann, les photographies s’enchaînent tels les planches d’un story-board et font la part belle au surréalisme et au cinéma. Les images dans un noir et blanc esthétisant, signature du style Bettina Rheims, séduisent et envoûtent. Ces femmes, ou plutôt cette femme multiple et presque irréelle tant ses différentes facettes apparaissent clairement, s’affichent mêlant innocence et séduction dans un jeu dont le héros reste la mode et Paris la muse. Quant à l’homme, il n’est jamais bien loin, un peu en retrait mais bien présent. 

Bettina Rheims - Dries Van Noten

« Dans l’esprit du travail que nous avons présenté l’an dernier à la BNF, sous le titre Rose, C’est Paris, nous avons imaginé une fiction policière dont le cadre serait le Printemps et l’enjeu, une Tour Eiffel recouverte de diamants. Notre héroïne (Ana Beatriz Barros) se glisse sur les toits du magasin à la tombée du jour: elle semble descendre du ciel. La voici dans les lieux, parcourant les rayons déserts. Elle se change, elle n’a qu’à se servir, les plus belles robes sont à sa disposition. Un jeu de cartes lui révèle but de sa mission: dérober une précieuse Tour Eiffel. Mais voilà que surgit un homme armé, en costume noir. Est-ce son complice ? Ne va-t-il pas la trahir ? Et si, au bout du compte, c’était l’amour que notre héroïne allait découvrir au Printemps…? » explique Bettina Rheims.  

Bettina Rheims - Balenciaga

La femme Balenciaga est armée, conquérante et maîtresse de son destin. Elle représente la quintessence de la féminité assise sur les marches couvertes de roses, faite de douceur et de force. Serait-ce un clin d’œil à Rose, c’est Paris ? Le sac Edition en PVC et cuir broderie Damier, à la fois en vitrine et sur ces fameuses marches, semble être constitué de multiples pièces du puzzle de notre intrigue policière. La femme Ann Demeulemeester est conquérante, presque guerrière avec une pointe de défi dans le regard. Elle vient de découvrir sa « mission » et tient encore les cartes du jeu.  

Bettina Rheims - Chloe

 La femme Chloe est aventurière et n’hésite pas à prendre des risques tout en restant élégante. Telle une super-héroïne, elle pourfend le ciel au dessus de la Rotonde du Grand Magasin avec en arrière-plan l’Opéra Garnier. Dans la vitrine trône la Tour Eiffel recouverte de diamants pour compléter les fortes références à Paris dominée par un parachute blanc. Peut-être une robe Chloe ?  

Bettina Rheims - Jil Sander

La femme Jil Sander se démultiplie à souhait en perruque brune dans sa robe à rayures bleues et blanches qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même, ni toute à fait une autre devant cet homme visiblement séduit. De nouveau, la Tour Eiffel est présente en vitrine, presque de manière impertinente. Des escarpins roses finissent d’accrocher notre regard.  

Bettina Rheims - Nina Ricci

La femme Nina Ricci est d’une élégance rare toute en volants et douceur apparente. Elle parcourt les rayons vides à la recherche de son trésor munie de sa lampe de poche, le regard contrarié. Au loin, une Tour Eiffel ! Mais qui est ce petit garçon portant lunettes de soleils, cravates et portant dans ses mains un masque ? La femme Dries Van Noten, portant une perruque blonde, se veut femme fatale dans sa robe immaculée délicatement ornée de fleurs jaunes. Elle n’est pas un pantin et domine un mannequin Cendrillon auquel il manque un escarpin.  

Bettina Rheims - Marni

La femme Marni, faussement fragile, s’abandonne aux douceurs au Café Pouchkine dans les bras de cet homme mystérieux tandis que la femme Valentino, impertinente, rit aux éclats et boit du champagne presqu’offerte sur ce canapé rond entourée chaussures dans une tenue d’une rare délicatesse. L’homme est lointain et son souvenir dans un tableau. Mais qui est cet homme ?  

Bettina Rheims - Maison Martin Margiela

 Enfin, la quête touche à sa fin. La femme Maison Martin Margiela, victorieuse, a retrouvé la Tour Eiffel sous la rotonde en chemise blanche d’homme et talons aiguille et préfère s’eclipser avec son butin. 

Cette exposition Printemps, c’est Paris est l’occasion de pénétrer dans l’univers onirique de la photographe de la peau Bettina Rheims en le mêlant à l’univers de créateurs de mode.  On ne pouvait rendre de plus bel hommage à Paris.  

Crédits photos :  

© Eva Sakellarides with the courtesy of Printemps  

© Bettina Rheims with the courtesy of Printemps  

Printemps, 64 boulevard Haussmann, 75009 Paris  

Marie-Odile Radom

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