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L’ATLAS IS HERE

by Marie Odile Radom
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Durant le Mois de la Photo OFF, Stéphane Chatry  nous a proposé à la Galerie G l’exposition de photographies urbaines, de projections vidéos et d’œuvres originales de l’artiste L’ATLAS « L’ATLAS IS HERE« .   

ATLAS, surnom donné par la rue devenu son identité artistique, annonce d’emblée la couleur : l’art vient de la terre, du sol et y trouve son sens. Condamné par Zeus à porter éternellement le poids des cieux sur ses épaules, Atlas est un Titan de la mythologie grecque. Titan de l’art urbain, l’artiste y ajoute un L apostrophe par la suite, faisant ainsi référence au dieu de la création de la mythologie proche-orientale d’une part et de l’unique trait de crayon de la calligraphie chinoise d’autre part.   

Fondation Cartier

En digne représentant de l’art urbain, les œuvres de L’ATLAS ont notamment été présentées lors de L’invention du monde au centre Centre Georges Pompidou en 2004, l’exposition Graphology au Palais de Tokyo en 2007 et surtout les deux expositions en 2009 ayant clairement consacré l’art urbain : Né dans la rue à la Fondation Cartier et TAG au Grand Palais.   

Toiles Errantes

Témoignage des œuvres monumentales in situ de l’artiste dans les différentes villes du monde qu’il a parcourues, les photographies exposées gardent la trace de son trajet personnel. Street artiste dans l’âme, la rue a toujours été son terrain d’expression. Depuis ses débuts dans l’univers du graffiti, l’artiste aime à inscrire son nom dans les endroits qu’il traverse afin de laisser une trace de son passage au delà du temps, aimant également le simple plaisir d’apposer sa signature.   

D'un monde à l'autre 2008

Refusant une vie trop conformiste, L’ATLAS abandonne ses études en histoire de l’art, pour se consacrer pleinement à son amour de l’écriture. Il s’installe au Maroc pour étudier l’art de la calligraphie arabe avec un maître classique. Puis, il part en Égypte auprès d’un maître moderne qui lui apprend à transgresser les règles établies. De retour à Paris, L’ATLAS va transposer cette tradition du geste ancestral arabe avec des matériaux contemporains comme la bombe ou le scotch, sur des supports tels que la toile ou l’affiche.   

Labyrinthe

Réinterprétant l’alphabet latin en le soumettant aux techniques du Koufi, écriture arabe géométrique, L’ATLAS invente une écriture à la fois personnelle et universelle, très graphique, une nouvelle calligraphie dont il détient les codes et les clés. D’une grande force visuelle, cette nouvelle écriture reste en phase avec l’esprit de l’art urbain contemporain mais nous renvoie sans cesse à un motif récurrent : le labyrinthe tel une géographie du mot.   

L'ATLAS

L’écriture du nom L’ATLAS devient alors une calligraphie sous forme de labyrinthe, à la fois symbole d’une ville carnivore où on se perd et d’une passerelle entre Orient et Occident, faisant ainsi furieusement écho aux labyrinthes d’antan, ceux présents dans les nefs de cathédrales. Mais au lieu de nous indiquer une ligne directive et précise, l’artiste préfère nous perdre dans ses débranchements et ses méandres pour nous amener ainsi à réfléchir sur nous-mêmes peut-être, comme un canal long menant à l’introspection.   

Centre Georges Pompidou - Paris 2008 © L'ATLAS

Certaines des œuvres apposées sur le bitume par L’ATLAS sont des boussoles, dont le centre figure une forme labyrinthique. Exécutées à même le sol comme celle sur le parvis du Centre Pompidou, elles semblent nous exhorter à ne pas perdre le nord et transforment la rue en énorme carte. Nous montrant la voie, elles nous questionnent également sur notre cheminement.   

2010 "Le M.U.R. fête ses 3 ans" - Espace des Blancs Manteaux - Paris / France

L’ATLAS est un artiste méticuleux à la recherche d’une certaine pureté graphique. Ces écritures sont épurées, mais néanmoins originales avec une utilisation parcimonieuse des couleurs. De son séjour au Maroc, l’artiste  a conservé un goût pour une certaine pensée orientale selon laquelle la dualité est source de complémentarité et en a fait un chemin de vie, tant dans sa vie personnelle que dans son art, y plaçant l’essentiel de sa démarche artistique.   

Autopsy 02

Magnant avec brio la bichromie blanc – noir, ces œuvres fascinent et hypnotisent. Le regard suit alors les courbes de ces écritures tracées à l’adhésif et parcourt le labyrinthe de l’esprit de l’artiste. Très vite, on oublie qu’il s’agit de lettres, de mots ; chaque spectateur en fait sa propre représentation et parfois interprétation. Et lorsqu’il y ajoute du rouge comme dans sa série Autopsy, c’est presque le sang de l’artiste qu’on a l’impression de voir, l’autopsie de son esprit.   

Empreinte London

L’oeuvre d’ATLAS semble également être en conversation permanente avec la rue, ou plus précisément le sol, la terre. Ses entrelacs de plaques d’égout dont l’empreinte est immortalisée à la bombe puis imprimée sur une toile noire semblent nous donner l’identité des villes, celles qui se cachent dans les bas-fonds tout en restant bien visibles. Au delà d’un certain goût esthétique, l’artiste prend un malin plaisir à rendre visible les traces d’art que nous avons savamment occultées.   

INDE - JANVIER 2010 New Delhi

Plaçant ses toiles dans la rue au gré de ses déambulations, il les photographie, traces éphémères de son passage à jamais gravées sur pellicule, les transformant ainsi en toiles errantes. Toujours au nombre de sept, elles parcourent le monde en témoin de sa réalité.

L’ATLASTAR
envoyé par Imaginez-Maintenant. – Films courts et animations.   

Actuellement, L’ATLAS participe au projet « ART STARS BY RALPH LAUREN »,  à travers lequel 51 artistes internationaux travaillent tous à partir du même médium l’American Star Spangled Banner comme toile de peinture. Chaque artiste a été chargé de créer quelque chose d’unique, ayant pour seule limite son imagination. Toutes les étoiles sont exposées dans des magasins Polo Jeans Co. et vont bientôt être rassemblées pour une grande exposition à Londres. Elles seront ensuite mises aux enchères au profit de la « Teenage Cancer Trust », une œuvre caritative dédiée à l’amélioration des conditions de vie des jeunes de 13 à 24 ans atteints d’un cancer.   

Calligraphe du macadam mais citoyen du monde, voilà ce qu’est l’ATLAS. Cela tombe bien, il le porte sur ses épaules… 

www.latlas.net  

www.lebensongallery.com   

Marie-Odile Radom

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