L’invitation donnait déjà une indication, le pli sera de rigueur en cet après-midi d’automne dans la galerie de Minéralogie du Musée d’Histoire Naturelle.
La créatrice espagnole Amaya Arzuaga, pour sa première participation aux défilés parisiens, nous propose pour le Printemps-Été 2011 des silhouettes très graphiques inspirées des œuvres du peintre allemand Oskar Schlemmer. Semblant presqu’avoir été sculptée selon l’art délicat de l’origami, chaque pièce n’en reste pas moins excessivement féminine et terriblement aérienne. Rigueur géométrique, volume et structures linéaires créent des silhouettes innovantes aux contours doux marquant la taille et mêlant robes courtes, jupes et combinaisons aux épaules asymétriques.
Jugée sur des sandales plateformes monumentales, la femme Amaya Arzuaga aime explorer les volumes, parfois démesurés, dans des robes aux structures multiples mettant en valeur la finesse de ses jambes et soulignant délicatement sa taille.
Telle une architecte de la mode, la créatrice aime jouer sur la perception de ces modèles et propose une collection où la dualité prend tout son sens. D’apparence sage vue de face, chaque robe devient hyper structurée voire même complètement design de profil, multipliant plis et replis cousus à la main. Chaque modèle devient unique, un pan couvre le devant d’une robe ici tandis que des plis s’ajoutent là sur les jupes. Des tubes souples cousus à la main habillent le côté de certaines robes ou deviennent des tops tout en transparence et légèreté pour un effet chic indéniable. Mais la créatrice sait encore surprendre en proposant des modèles tout en rondeur là où la grande majorité de la collection privilégie les angles.
Asymétrie et symétrie se volent la vedette dans une collection tout en transparence et douceur mais qui n’en oublie pas pour autant les couleurs franches et prononcées. Rouge cerise, rose fumé contre rose pimpant, noir, vert, blanc et gris forment une palette dynamique douce apportant un côté chic ultra-contemporain. Les matières biologiques sont omniprésentes, des sandales mêlant plusieurs matières naturelles (bois, cuir et liège) au coton utilisé pour les robes. Quant aux autres matières choisies, la légèreté reste le maître mot et les matières nobles sont privilégiées : coton et coton de soie cohabitent avec le tulle et le gaze, le viscose permet les transparences les plus osées et la soie se fait parfois métallique pour un effet futuriste certain.
Pour son premier défilé, Amaya Arzuaga s’adresse à une femme résolument contemporaine s’affirmant dans le choix d’une garde-robe plutôt anti-conformiste, avant tout graphique mais sachant conserver un côté chic très naturel. Un petit bémol pourtant, les sandales plateformes sont absolument fabuleuses mais sont trop hautes, il est quasiment impossible de marcher gracieusement tant la démarche est alourdie. Un peu moins de hauteur aurait permis de sublimer les silhouettes.
Néanmoins, vivement la prochaine saison pour voir si la créatrice espagnole confirme un style sans pareil.
Crédit photo : Pierre Delpuech / Paris Agency
Marie-Odile Radom
2 comments
Super article Marie Odile!
Merci beaucoup Melissa
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