Au cours de sa longue existence, l’Hôtel Le Meurice aura connu quatre grandes remises à neuf : l’une de 1905 à 1907, la seconde à partir de 1947, la troisième en 1998 et enfin récemment en 2007 avec Philippe Starck. Chacune de ces étapes aura représenté un progrès dans la modernisation et l’embellissement de l’hôtel.
Par son importance, cette dernière campagne de travaux n’a d’égale que celle de 1907 qui avait adapté l’hôtel aux impératifs d’un nouveau siècle.
Faire entrer l’Hôtel Le Meurice dans un autre millénaire, mettre en œuvre les technologies les plus récentes, répondre aux exigences de luxe et de confort d’une clientèle internationale, tels étaient les défis de cette rénovation complète.
A la réouverture, le personnel, maintenu en place, a vu augmenter son effectif jusqu’à 300 personnes, afin de renforcer la qualité d’un service toujours plus personnalisé.
Sous la direction de Jean-Loup Roubert, Architecte en Chef des Bâtiments Civils et Palais Nationaux, 1er Grand Prix de Rome, Architecte en Chef du Grand Palais et du parlement de Bretagne à Rennes, et de l’Architecte Nicolas Papamiltiadès, deux campagnes de travaux ont remis à neuf les ailes Mont-Thabor et Castiglione, ainsi que le corps central ouvrant sur la rue de Rivoli.
De l’enfilade des somptueux salons du rez-de-chaussée à l’éventail des cent soixante chambres et suites, l’hôtel a retrouvé l’ampleur de ses volumes d’antan, l’éclat de ses décors historiques et la lumière du jour qui, de la Belle Epoque aux années 1960, éclairait l’ancien salon des Quatre Saisons et ses entours.
La rénovation de l’Hôtel Le Meurice ne se contente pas d’un rajeunissement des décors et d’une adaptation aux nouvelles normes techniques, mais elle frappe par le gigantisme des travaux entrepris.
Visibles depuis la place de la Concorde et le quai des Tuileries, les baraquements installés sur le toit du Meurice témoignaient avec éloquence de la dimension d’un chantier qui aura imposé durant plus d’un an la fermeture de l’hôtel au public.
Du gros œuvre — à commencer par la création d’un deuxième sous-sol destiné aux infrastructures techniques (chauffage, climatisation, plomberie, électricité, câblage…) — aux finitions les plus minutieuses. Presque tous les corps de métier ont été mobilisés.
A la compétence scientifique des techniciens de pointe, a répondu le savoir-faire unique des artisans d’art les plus qualifiés.
Au rez-de-chaussée, c’est à une véritable restructuration des volumes que l’on a procédé. Le but étant de redonner aux salons de réception l’ampleur qu’ils avaient au début du siècle, de créer de nouveaux espaces du côté Mont Thabor — salons Tuileries et Jeu de Paume — avec une entrée directe, et de bénéficier au mieux de la lumière naturelle. Les décors de style XVIIIe, créés dans les années 1900, ont retrouvé leur éclat d’origine au terme d’une restauration minutieuse.
L’entrée principale de l’hôtel, jusqu’alors située rue du Mont Thabor, a été installée rue de Rivoli. Cette façade a retrouvé son harmonie par la création de quatre grandes baies équilibrant les quatre fenêtres du restaurant le Meurice.
Le vaste hall est orné des panneaux peints provenant de l’ancien salon Neptune, que l’on peut enfin admirer après quarante ans. Il accueille la réception, la conciergerie et la caisse, non loin des ascenseurs.
Lors de la rénovation de 1905-1907, l’architecte Henri Nénot avait réalisé une étude sur la lumière naturelle à l’intérieur de l’hôtel : une vaste verrière de fer forgé, avec des motifs en forme d’écailles de poisson, avait été installée au-dessus du salon des Quatre Saisons.
Avec le temps, les profilés métalliques qui la supportaient s’étaient érodés sous l’effet de la rouille. Aussi, dans la période de l’entre-deux-guerres, on l’avait remplacée par des pavés de verre insérés dans une trame de béton et de métal, ce qui diminuait sensiblement la clarté du jour.
Plus tard, dans les années 1960, un faux plafond en staff, sur lequel était peinte une voûte céleste, avait achevé d’occulter la lumière naturelle. De l’intérieur comme de l’extérieur, la verrière n’était plus visible.
Le but de la restauration était de la restituer dans son état d’origine, avec ses motifs en forme d’écailles et ses frises. Dorénavant, la verrière a été recouverte d’une toile monumentale peinte par Ara Starck.
Jouxtant le restaurant Le Dali, le Bar 228, naguère salon de lecture, a retrouvé ses volumes d’antan par l’absorption de la galerie de la Chasse créée dans les années 1960. Les trois fresques de Lavalley, représentant des fêtes champêtres au château de Fontainebleau, ont été décollées, nettoyées, restaurées, puis collées sur un châssis avant d’être remises en place. Un plafond peint figurant un ciel nocturne a été exécuté par des artisans d’art spécialisés dans la peinture décorative.
Dans le salon Pompadour, le somptueux décor de boiseries et or a de nouveau revêtu ses teintes d’origine grâce à une délicate restauration. La mosaïque, mise en place en 1907, a été restaurée par les soins de maîtres compagnons issus de l’école de mosaïque de Spilimbergo, dans le Frioul.
Inspiré du salon de la Paix du château de Versailles, le décor du restaurant, ponctué de pilastres de marbre et de miroirs anciens, a subi, à l’instar de celui du salon Pompadour, une restauration complète : polissage des marbres, nettoyage et réfection de la mosaïque, des lustres de cristal, dorure des bronzes, des moulures et des éléments de boiseries…
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Merci infiniement pour ce superbe article sur notre hôtel.
Nous espérons vous y voir bientôt !
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