Il y a des rencontres qui marquent et celle avec Vincent Edmond Louis en est une. De cette rencontre lors de son exposition « Connus/Inconnus » à la Galerie de l’Europe, je conserve un souvenir très présent d’une conversation où il m’a parlé des siennes.
Vincent Edmond Louis, jeune artiste né à Nîmes et résidant à Miami, est un nomade parcourant le monde. Miami, New-York, Monaco et bien sûr Paris ont jalonné son parcours.Après avoir terminé ses études au Parsons School of Design, Vincent Edmond Luis devient assistant de photographes puis photographe de plateau où il immortalise sur papier glacé acteurs et artistes de renom. Ses portraits paraissent alors dans Q Magazine, The Source Magazine. ou se retrouvent sur des pochettes de CD.
De ces voyages, l’artiste ramène des portraits de personnes célèbres ou non comme autant de souvenirs de personnes ayant compté ou non. Mais loin de se contenter du portrait originel, Vincent choisit de raconter la rencontre laissant parfois, avec beaucoup de pudeur, l’image dire ce que ses mots choisissent de taire. Il raconte avec des mots la rencontre ou un moment intense partagé, et ses mots appliqués sur les contours des portraits transforment ces instantanés en tableaux.
La photographie devient alors malléable, il en devient tout à fait maître pour y laisser son émotion, ses sensations et ce qu’il a choisit de garder de ses instants partagés. Sur un vélo à Nothing Hill, ses mots suivent le cadre d’un vélo seul. Lire les mots devient un voyage où chaque phrase devient un coup de pédalier et on prend ce vélo pour visiter son souvenir.
Et enfin dernière et ultime étape, il ajoute de la couleur, ses couleurs, pour faire de chaque portrait une œuvre unique.Les couleurs sont primaires mais fortes, du jaune, du bleu, du rouge jalonnent un parcours flamboyant. Et alors on lit ses photographies comme on lirait un journal intime alors qu’on ne possède pas toutes les clés…
Dès son plus jeune âge, Vincent Edmond Louis a voyagé accompagné d’un appareil photo, comme lors de son premier voyage en Inde, à peine âgé de 12 ans. A son retour, il compare les sensations vécues, les images qui en résultent et l’histoire qu’il lui en reste : « La raison pour laquelle je peins et écris sur mes photos vient des moments passés avec ma grand-mère vietnamienne. Chaque fois que nous regardions des albums photo ou nous plongions dans une boîte à chaussures remplie de photos, nous devions tourner l’image pour lire quand elle avait été prise, qui était représenté, et ainsi redonner vie aux souvenirs. Alors j’ai pensé que je devrais écrire sur le devant de la photographie. Mes photographies étant vingt fois plus grandes que celles des années passées, j’avais alors l’espace nécessaire pour
inscrire les commentaires, et raconter une histoire. »
Ses instants de vie m’ont marqué et fasciné, j’entrais dans son monde, je suivais sa sensibilité et la mienne me racontait ce que la sienne taisait par pudeur. Et finalement, c’est lui qu’on rencontre à travers ses rencontres mais ça il n’ose pas l’avouer…
Crédit photos : © Vincent Edmond Louis with the courtesy of Galerie de l’Europe
Galerie de l’Europe
55 rue de Seine
75006 Paris
http://www.galerie-europe.com/
Marie-Odile Radom
