The extravagant world of child beauty pageants By Susan Anderson

La Galerie Acte2 expose jusqu’au 05 juin 2010 une série de portraits réalisés par la photographe Susan Anderson et tirés du livre High Glitz, au cœur des concours de Mini-Miss si prisés aux Etats-Unis. Ces photographies ont été toutes prises en 5 minutes, temps accordé par les organisateurs de concours de beauté sur tout le territoire Américain, peu avant le début des concours. Véritable industrie aux États-Unis, ils brassent des millions de dollars entre les frais de préparation, d’inscription, les toilettes des participantes faites sur mesure, les frais de dentition, le maquillage….

Et le résultat est là, les photos, d’une qualité extrême, montrent des visages parfaitement maquillés, des bouches teintées de gloss, des paillettes, des frous-frous, mais surtout exposent des petites filles essayant d’être la plus parfaite possible, conditionnées dans des attitudes de femmes. Elles représentent à elles seules les travers du rêve américain, cette obsession de la réussite à tout prix, de la course à la perfection qui ronge cette société de l’intérieur.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ces photographies de petites reines de beauté font peur et fascinent à la fois.

Dès leur plus jeune âge, ces petites filles sont ultra apprêtées dans une course perpétuelle à une perfection illusoire. Maquillage appuyé, prothèse dentaire, faux ongles, chevelure factice voire décolorée pour correspondre au fantasme de la fille parfaite, rien ne leur est épargné. Et elles s’exécutent, élevées pour gagner et être les plus belles, elles jouent très facilement avec l’objectif dans un appel à la séduction malsain et désespéré. Poupées désincarnées, victimes consentantes, l’enfant existe toujours derrière cette quête absurde d’une beauté abstraite. Un enfant écrasé par un rêve d’adulte, une projection à outrance, très souvent sous pression, qui les font devenir des portraits sans âme. A les voir, l’expression « petites filles modèles » prend tout son sens.

En préface de son roman Les petites filles modèles, la Comtesse de Ségur écrivait : « Mes Petites Filles modèles ne sont pas une création ; elles existent bien réellement : ce sont des portraits ; la preuve en est dans leurs imperfections mêmes. Elles ont des défauts, des ombres légères qui font ressortir le charme du portrait et attestent l’existence du modèle. » Ces quelques mots décrivent parfaitement le ressenti devant ces photographies : à force de vouloir être de vraies petites filles modèles, finalement leur imperfections ressortent plus fortes. Et c’est en cela qu’elles font peur car derrière ce fantasme de beauté et de perfection se cachent des petites filles qui ne souhaitent pas décevoir et donnent tout ce qu’elles peuvent pour réussir à être la meilleure. Sauf que le but à atteindre est irréalisable.

Susan Anderson est une photographe basée à Los Angeles et spécialisée dans l’art, la publicité et la production d’éditos. Elle excelle dans l’art du portrait, les photographies de mode ou pour des séries beauté. Ses éditos de mode ont été publiés dans bon nombre de magazines tels que Glamour, People ou Playboy.

Ce que j’ai retenu de cette exposition, c’est qu’en fait les mini-reines de beauté cristallisent en elles seules tout le malaise d’une Amérique qui court après un rêve inaccessible de perfection et de réussite, en totale victime de l’American Dream.

Finalement, j’aime être parfaitement imparfaite….

Crédit photo : © Susan Anderson Courtesy of
acte2galerie, Paris

Acte2galerie
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t e l : 0 1 4 2 8 9 5 0 0 5
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du lundi au vendredi 10h00 – 13h00
15h00 – 19h00
samedi: 13h00 – 18h00
et sur rendez-vous

Marie-Odile Radom