Alors qu’il se reflète dans le miroir, Dionysos ne se voit pas lui-même, il voit le reflet du monde. Et c’est ce miroir, reflet d’un monde double, que Gildo Medina a décidé d’utiliser pour son exposition « Le Miroir De Dionysos » à la Galerie 13 Jeannette Mariani qui a eu lieu à Paris du 19 Mars au 30 Avril 2010.
Dualité d’un style où l’artiste mêle la photographie au dessin dans des pièces uniques, où l’on ne sait plus si on est en présence d’un dessin qui se transforme en photographie ou d’une photographie qui se dessine peu à peu à partir de rien. Maîtrisant parfaitement les technologies numériques actuelles, il y associe la technique traditionnelle du dessin dans un ensemble cohérent d’apparente simplicité, mais d’une extrême complexité. Et nous livre ainsi les clés de son combat intérieur et de ses mutilations affectives et surtout créatives.
Dualité d’un monde où se côtoient la violence et la beauté comme dans le mythe de la naissance d’Aphrodite. Dans la « Thégogonie » d’Hésiode et dans la tradition populaire, Aphrodite naît de la mer fécondée par le sexe d’Ouranos tranché par Cronos : « Tout autour, une blanche écume sortait du membre divin. De cette écume une fille se forma. » Aphrodite, de par sa naissance, apporta l’amour dans le monde mais y a ajouté trois autres « qualités »: le mensonge, la dissimulation et la haine.Et ces qualités ont décidé d’accompagner l’amour partout où il serait.
Né en 1980 à Mexico City, Gildo Medina a étudié les arts visuels, la photographie et le graphisme à la Saint-Martins School de Londres, à L’Accademia Delle’Arte de Florence, à l’Université Iberoamericana et à l’Academia de San Carlos à Mexico City. Gildo Medina est représenté dans six pays différents et possède pas moins de 25 prix et récompenses.
Pour Gildo Medina, comme pour Aphrodite née d’une mutilation, de la violence peut naître la beauté. Son travail est influencé par cette ambiguïté oppressante entre le monde de la beauté qu’il côtoie, en tant que photographe et directeur artistique, et la violence de notre monde, elle-même inspiratrice d’une autre forme de beauté. Il va donc reprendre à son compte ce mythe mais en dévoilant les « étapes érotiques spontanées » qui mènent de la naissance de l’amour à la mort des amants.
L’artiste commence par nous parler de ses nouvelles Aphrodites dans la série « Décomposition ». Ses Aphrodites deviennent évthérées, presqu’irréelles entre la douceur de la photographie et les auréoles de couleur qu’il dessinent sur le corps de ces femmes aimées, sublimées. L’artiste poursuit en décrivant le corps de l’amant, meurtri et en souffrance dans la série « Mutilation / Mutilation ». Les dessins ajoutés comblent les trous, les manquements de l’homme en souffrance, qui n’est plus que morceaux comme Ouranos après sa mutilation. Puis Gildo Medina termine par la mise à mort des amants dans la série « Nobody », en rejouant la mort des illustres couples de littérature. Les visages de ces amants maudits sont systématiquement gommés, effacés, remplacés par des taches de couleur. Ils les rend aveugles pour signifier l’aveuglement de leur propre conscience soumis à la violence de l’amour et les oblige, non plus à se contempler, mais à se comprendre à travers le miroir de Dyonisos.
Marie-Odile Radom
Crédit photos :
Decomposition #3, Jaune – 2010 – Dessin sur tirage Fine Art Paper
Pièce unique © Gildo Medina – Courtesy Galerie 13 Jeannette Mariani
Mutation Mutilation #2- 2010 – Dessin sur tirage Fine Art Paper 115×150 cm
Pièce unique © Gildo Medina – Courtesy Galerie 13 Jeannette Mariani
Mutation Mutilation #6 2010 Dessin sur tirage Fine Art Paper 89×120 cm
Pièce unique © Gildo Medina – Courtesy Galerie 13 Jeannette Mariani
Galerie 13 Jeannette Mariani
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