Colombie, images d’un monde irréel par Véronique Durruty

SI je vous dis Colombie, vous me répondez drogue, guérilla, prostitution. J’y ajouterais la religion, extrêmement présente au quotidien dans ce pays d’Amérique Latine. Mais la Colombie est bien plus que ça, toutes en contradictions, en dualité. D’un côté l’ombre et de l’autre la lumière. La Colombie est complexe mais belle.

Ce sont toutes ces contradictions qu’a voulu nous montrer la photographe Véronique Durruty à travers son exposition « Colombie, images d’un monde irréel ».  Cette exposition a eu lieu du 22 mars au 10 avril 2010 au Consulat Général de Colombie, 12 Rue de Berri, 75008 Paris, dans le cadre des expositions « Hors les murs » de la Galerie Pictorium. La photographe nous propose un véritable voyage des sens et des sensations. Et ses photos, bien que sombres, dégagent énormément de lumière. Ses photos sont également pleines d’émotion..

Véronique Durruty vit et travaille à Paris. Son travail artistique explore le voyage par les sens et les sensations. Elle développe son approche tactile, poétique, instinctive et rigoureuse, sur différents supports de création, principalement photographie, mais aussi film, écriture, dessin, et aime métisser les genres : confronter l’œil au nez, l’œil à l’oreille, l’œil aux mots. Son travail a fait l’objet d’une vingtaine d’ouvrages et de nombreuses expositions dans le monde entier. Elle est membre de l’agence Rapho.

L’exposition commence dès l’entrée du Consulat avec la photo d’un enfant regardant au loin. Ce regard nous prend aux tripes, son désir d’ailleurs est palpable, presque douloureux et terriblement touchant.Mais le véritable point de départ de cette exposition est le mur central sur lequel trônent des photos d’Andrea Quejuan, une comédienne colombienne. Ces photos racontent le parcours de cette jeune femme à travers des diptyques, entre poupée désarticulée ou statue décapitée, corps meurtri mais yeux bandés.

Andrea a développé un vitiligo après l’assassinat de son frère lors d’un massacre d’innocents dans les rues de Cali, une ville célèbre pour ses cartels de la drogue.Véronique l’a rencontré et de là est née une envie, l’envie de lui montrer et de nous montrer sa beauté naturelle, ce désir de nous dire qu’au delà de sa maladie, Andrea est belle. Elle est à la fois repoussante et attirante, comme son pays la Colombie. Ses photos tel un témoignage nous montre que derrière la douleur peut se cacher la plus sublime et naturelle des beautés. Et pour l’avoir vue Andrea est vraiment belle et émouvante.

Tout autour des photos d’Andrea, on retrouve des photos de la Colombie, des scènes de la vie quotidienne. Des photos de moments précieux, de nuits douces ou de couchers de soleil, ici une croix bleue se dédoublant rappelant comme un leitmotiv la présence de la religion dans ce pays et le fantôme de ce qu’elle est devenue, là toujours des diptyques dans la continuité de la dualité….

L’exposition est terminée mais le catalogue de cette exposition est toujours téléchargeable sur le site de la Galerie Le Pictorium. A vous de suivre Véronique dans le voyage qu’elle nous propose…

Étrange comme ces derniers temps, je vois de belles choses naître de la douleur dans l’art. Et c’est ce que dit Véronique, il faut sublimer cette douleur pour en extraire la beauté. Et au delà de ce constat, ses photos m’ont donné une envie : découvrir la Colombie.

Crédit photos : copyright Véronique Durruty /Le Pictorium

http://veroniquedurruty.free.fr/

Galerie le Pictorium

12 rue du Moulin Joly, 75011 Paris

www.ledesk.com

Marie-Odile Radom