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DERNIERS JOURS: Turner et ses peintres au Grand Palais

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«Les artistes redoutaient de voir leurs peintures accrochées à côté de celles de Turner et affirmaient que c’était aussi préjudiciable que le voisinage d’une fenêtre ouverte. Car ses oeuvres attiraient le regard dès qu’on entrait dans une salle.» George Dunlop Leslie, 1914

Qui aime Turner se doit de se ruer vers la multitude de «fenêtres ouvertes» que propose le Grand Palais jusqu’au 24 mai. Bien plus qu’une rétrospective de l’oeuvre de celui qu’on peut qualifier de plus grand peintre paysagiste britannique, c’est un véritable dialogue entre son propre génie et celui  de ses illustres ancêtres mais aussi contemporains qui nous est proposé.

Wilson, Ducros, Girtin , Piranèse, Véronèse, Poussin, Titien, Bertin,  Gainsborough, Rubens, Watteau, Canaletto, Constable, entre autres sont ici convoqués.

Mais c’est avec Claude Lorrain, le rival adoré, le Pygmalion à surpasser que Turner nourrira tout au long de sa carrière son échange le plus prolixe et fécond.

Près de cent tableaux et oeuvres graphiques cohabitent ici, en provenance du Louvre, du Prado, de Londres, de grandes collections britanniques et américaines, dans une scénographie pertinente.

Le parcours est constitué de sept salles et d’une évocation de la Tate Gallery de Londres:

Un apprentissage britannique,

L’Académie, le Louvre et la tentation de la grandeur,

Le Salon de 1802, une autre voie du paysage classique,

Les ressources du Nord,

Le Culte de l’Artiste,

Turner et ses contemporains: l’inspiration sublime,

Turner et ses contemporains: expositions et compétitions,

Turner et la postérité de sa peinture.

Lorsque Turner par exemple s’inspire ouvertement du Paysage avec Jacob, Laban et ses filles de Claude Lorrain pour son Appulia à la recherche d’Appulus (…), son arme absolue et subtile à la fois apparaît de façon évidente: la lumière. Incandescente ou diffuse, elle s’impose dans un traitement unique, quasi- mystique dans sa réalité troublante, tout au long de son oeuvre.

Ainsi à l’âge de vingt deux ans, et sur un tout petit format, Turner déjà semble être béni de l’astre nocturne qui s’est littéralement posé sur la toile: un petit cercle de lumière évident, pur, éclatant au milieu d’une marine, le Clair de Lune, étude à Millbank annonce que la nature elle-même accorderait à foison chacun de ses éléments lumineux au peintre, comme une offrande à celui qu’elle a reconnu comme son plus noble représentant.

Mais c’est au terme de son parcours ponctué de références à de multiples écoles et styles (marines, scènes fantastiques, scènes de genre, peinture d’histoire, académisme…), dans sa dernière décennie d’activité, que Turner devient véritablement Turner.

Affranchi du spectre de ses rivaux et mentors, le voici donnant naissance à une série de chefs- d’oeuvre (entre autres Venise, vue du porche de la Madonna della Salute, RegulusLa plage de Calais, à marée basse (…)) résolument personnels et de facture inédite, qui font voir pour certains en Turner l’inspirateur de l’impressionnisme, voire de la peinture abstraite.

 

L’une de ses dernières toiles, Tempête de neige, conclue dans une tourbillonnante apothéose, tant par son sujet que son traitement, la sublime allégorie de l’homme aux prises avec la création qu’aura été la vie de ce visionnaire que la lumière avait choisi comme amant.

«Car ce Turner, c’est de l’or en fusion, avec, dans cet or, une dissolution de pourpre. (…) Pour moi c’est un tableau qui a l’air fait par un Rembrandt né dans l’Inde.» Edmond De Goncourt, 1891

 

Turner et ses peintres

Galeries nationales du Grand Palais

Jusqu’au 24 mai 2010

Entrée 11 euros, tarif réduit 8 euros.

www. rmn. fr

Camille SALMON/ [email protected]

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