Qui n’a pas désiré le temps d’une soirée orner sa cheville, son épaule ou la chute de ses reins d’un tatouage sans que cela ne porte à conséquence ? Que celles qui me répondent par la négative me jettent leur première paire de stilettos ! Petites déjà, vous arboriez fièrement au poignet votre décalcomanie Malabar et devenue femme, le tatouage éphémère au henné est devenu un must de vos souvenirs de plage. D’autres ont depuis sauté le pas vers de vrais tatouages.
Il y a quelques semaines de cela, Chanel créait le buzz avec ses tatouages éphémères, le nouvel accessoire beauté de cet été. Des tatouages chics et trendy en mode décalcomanie à porter en ville ou en soirée sur les hauts des cuisses, les poignets … Mais loin de rendre hommage à l’art ancestral du tatouage, ses tattoos chics éphémères se veulent plutôt une alternative au maquillage permanent et s’adressent aux femmes qui veulent se donner une allure chic et rebelle le temps d’une soirée.
Dans l’univers du véritable tatouage, la peau est plutôt perçue comme un support d’expression artistique. D’ailleurs ne dit-on pas dans certains pays que les accros au tatouage souffrent du syndrome de la toile ? Et pourquoi ne pas conserver cette idée et aller jusqu’au bout pour les tatouages éphémères ? Puisque la peau est un support artistique, pourquoi ne pas l’offrir comme toile à un artiste contemporain afin qu’il crée sa propre œuvre éphémère et ainsi faire de ceux qui les porte des lieux d’exposition temporaire ?
C’est l’idée qu’ont eu Dorothée Lalaine et Laura Bresteau qui recherchaient une manière de valoriser l’art contemporain de façon plus nomade. : « Le support de l’œuvre est ambigu: à même le corps donc très impliquant pour celui qui le porte, il est pourtant impossible de se l’approprier, puisqu’il est éphémère. Porter un Tink, c’est participer à une œuvre collective inédite : celle-ci n’existe que par le fait qu’elle sera véhiculée à un moment t par différentes personnes.«
Pour sa première collection, Tink-It a laissé carte blanche à 5 artistes de la scène contemporaine française, lesquels ont dessiné les tatouages dans l’esprit de leurs projets respectifs : YZ et son morceau d’univers urbain Downtown, Gilles Balmet et ses taches de Rorschach, Julien Langendorff et sa poétique Daughter of Darkness, Benjamin Sabatier et som empreinte Brand Me et Olivier Kosta-Thefaine et ses tattoos de prolo. De ces collaborations sont nés des coffrets en édition limitée et numérotée – 500 exemplaires par artiste – comportant 2 planches de tatouage, une présentation de l’artiste et une photo de mise en situation du tatouage. Ces tatouages durent environ 2 jours.
La soirée de lancement Tink-It a été l’occasion de rencontrer l’un de ces artistes : Benjamin Sabatier qui a été le premier à répondre présent, et dont le travail est une interrogation permanente des relations entre l’art et l’économie à travers plusieurs supports différents (logo, vidéos, collage, peinture). Benjamin inscrit son œuvre dans une réalité économique et sociale et interroge la relation entre l’individu et la société. Il définit ainsi des modes et des appartenances à un groupe social définissant les rapports de l’individu avec sa Tribu. La notion de marque, véritable signe d’appartenance sociale est importante pour lui. Il a créé pour Tink-It l’oeuvre « BrandMe » qui est l’agrandissement de sa propre empreinte digitale du pouce droit.
A la fois indice à caractère policier et trace de la main créatrice, ce tatouage est littéralement la marque de Benjamin Sabatier : sa signature. « La proposition n’était pas évidente » nous confie t’il. « Il fallait associer le tatouage à la fois à la notion de trace, d’empreinte et à l’idée du logo industriel, de signature, d’identification. Mais c’est finalement quelque chose de très personnel puisqu’il s’agit de laisser son empreinte sur quelqu’un d’autre. Les autres deviennent une œuvre d’art et on laisse la trace du crime. La notion tactile est très présente. On touche les gens réellement et eux se laissent toucher. »
Et bien, j’ai été touchée.
Les Tinks sont en vente à Paris chez Black Block (Palais de Tokyo), Hôtel Particulier, SAM Concept Store, la galerie l’Art de Rien, Artazart et sur les sites internet de Design From Paris et Marquise Market.
Quelle merveilleuse idée que de se parer de la griffe d’un artiste à même la peau. J’ai déjà les miens, à vous de trouver les vôtres.
Prix du coffret : 39 euros.
Marie-Odile Radom