DA #001
Rudy Ricciotti
DA, ou AD en anglais n’est pas Directeur Artistique (Art Director), mais Design & Architecture.
Pour remplacer ma défunte chronique VS qui partait parfois trop loin, j’ai décidé de me calmer un peu en apparence, et de faire plus sérieux (pour être franc on m’a surtout accordé un défouloir en parallèle de Luxsure qui arrivera très prochainement).
Pour ce premier DA autant ne pas commencer petit, et attaquer directement avec un grand architecte, Rudy Ricciotti.
-Quels sont vos premiers souvenirs d’architecture ?
J’habitais en Camargue quand j’étais enfant, j’étais fasciné par les cabanons et les bricolages avec des extensions faites de matériaux hétéroclites et recyclés sans aucun souci d’architecture, mais les résultats étaient tendres.
-Quels sont pour un architecte les atouts essentiels ?
D’abord la santé, puis l’engagement esthétique, la rage car ce métier n’est pas une promenade de santé. Et surtout ne pas aspirer ni à la sagesse ni à la prise de distance car l’acte d’architecture est fondamentalement psychopathe.
-Qu’aimez vous le plus dans votre travail ?
Le début des études ainsi que le moment du chantier, instants à la rencontre de la physicalité de l’architecture.
-Quels sont vos projets actuels ?
L’agrandissement du Louvre dans la cour Visconti, Le Stade de rugby de Paris, Le Palais des festivals de Venise, Le Musée National des Civilisations d’Europe et de Méditerranée à Marseille, Le Musée Cocteau à menton.
-Pour vous quelle ville est le symbole même de l’inspiration en matière d’urbanisme ?
Toutes les villes européennes, mais en particulier les villes italiennes, façonnées par le temps et l’histoire.
-Malgré que l’Europe soit »un vieux continent », les villes développent de plus en plus un fort souhait d’identité architecturale, pourquoi selon vous ?
Parce que les cités ont besoin de récit, de narration, de beauté, de figure. Le minimalisme n’est pas un projet de société de désir d’architecture est légitime et nécessaire à tout peuple.
-Quelles ont été vos inspirations pour la Tour Louis Vuitton au Japon ?
Lyrisme et expressionnisme sont le système structurel de la tour. Au rez-de-chaussée, il n’y avait aucune activité commerciale mais seulement la mise en scène des quatre saisons. Du givre l’Hiver au sol, au Printemps un parterre floral, en Eté une végétation luxuriante et en Automne une composition arborée sèche. Chaque année aurait été interprétée avec un voyeurisme urbain car totalement visible depuis la rue par les immenses panneaux de verre.
-La maison Louis Vuitton a-t-elle posée des objections, recommandations, remarques, où étiez vous totalement libre pour ce projet ?
Bien que ce projet restera dans les cartons, j’ai été très libre, seuls les objectifs fonctionnels étaient fixés. J’ai trouvé une grande écoute et une attention forte à la question architecturale.
-A votre avis, comment l’architecture va-t-elle évoluer dans les trente ans à venir ?
Le retour aux valeurs du travail, du métier. L’empreinte environnementale ne sera réduite que par le recours plus important à la main d’œuvre par la réduction du consumérisme technologique…
Le rapide et le furtif, le conceptuel et le numérique, le déconstruit disparaîtront pour laisser place à nouveau à l’art de construire beau et bien…
L’amour du métier et de vraies matières pour de vraies formes et d’authentiques sensualités.