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AELIS COUTURE PE2020

by pascal iakovou
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La jeune cinéaste et poétesse brésilienne Ana Vaz parcourt le monde pour observer comment la flore et la faune parviennent à reprendre leur place dans les lieux les plus dévastés par les humains, des lieux perdus dans l’immensité de l’océan, comme ces îles japonaises que l’on pensait à jamais
meurtries.

L’immensité de la mer, corps inanimé qui prend vie à travers le mouvement perpétuel des vagues, et sa capacité à rejeter tout ce qui ne lui appartient pas, sont le point de départ d’une réflexion. Le plastique trouvé sur la plage, de Malibu au Cap Timiris en passant par la Méditerranée, est la trace d’une consommation boulimique qui hante notre société. Sublimant ces déchets patinés par le sable et le sel, Aelis a créé un jean-sculpture, présenté avant le commencement du défilé, uniquement afin
d’inspirer une réflexion sur nos modes de vie et promouvoir le respect de la mer.
À l’instar de Thésée qui abandonne Ariane sur une plage, alors même qu’elle l’a sauvé du labyrinthe du Minotaure, l’homme tourne le dos à la nature qui lui a tout donné. Une maltraitance qui fait également écho à la condition de la femme, malmenée depuis des temps immémoriaux. À travers ses études sur la place qui lui est réservée dans l’imaginaire des sociétés préhistoriques, l’anthropologue C. Cohen nous aide aujourd’hui à distinguer le mythe de la réalité et à changer le regard que nous
portons sur les femmes.
Mêlant le rouge du soleil couchant au bleu de l’eau, la mer s’habille de mille nuances de pourpre que l’on retrouve dans toute cette collection. Une robe en taffetas de soie naturelle, aux couleurs crépusculaires, se noue comme une vague océanique autour du corps. Une cape à plis verticaux est portée avec un talisman créé pour Aelis par les Intéressants. 400 mètres de ruché coupé à la main en rubans et teinté un par un, forment une autre robe évoquant la beauté hypnotisante d’une méduse.
Le vestiaire évolutif et éco-éthique d’Aelis souligne l’importance de la transmission du vêtement qui est un objet précieux à préserver de génération en génération, à l’instar du savoir-faire nécessaire à la
fabrication artisanale de chaque pièce de la collection. Du Japon arrive ainsi un tissu à la technique ancestrale utilisé pour réaliser les kimonos, et devient une robe ruban en bandes de soie. Le denim en chanvre naturel teinté dans l’indigo par Majotae, s’associe à du satin duchesse et à des plumes noires dans une robe, et suggère une évolution écologique de la toile de jean. Enfin, des vestes d’homme vintage, héritages de famille, sont rebrodées de bandes de tweed, de strass, de pétales de cristal et
de plaques de verre.
La transmission doit s’effectuer dès le plus jeune âge. Cette saison, la plasticienne S. Weissenburger a ainsi travaillé avec des enfants pour évoquer les traces laissées par les hommes dans le monde : des traces sombres comme celles des marées noires, ou plus lumineuses comme les peintures rupestres préhistoriques ou encore les œuvres de Rammellzee et de Keith Haring, unissant dessin primitif et réflexion sur la société de consommation. Cet échange créatif a donné lieu à une expression
libre sous forme de tag automatique : les enfants ont alors laissé leur propre trace, à l’aide d’un pinceau à plume d’oie et d’encre de Chine, sur le tulle d’une robe unique qui sera vendue aux enchères pour la sauvegarde des océans.
Ces dessins graphiques sont un témoignage d’une beauté pure qui guide Aelis à chaque instant. Les enfants, tout comme les adultes, doivent prendre conscience de la trace qu’ils laissent dans le monde mais surtout du rôle positif qu’ils doivent assumer pour préserver l’environnement, en refusant la consommation de ses ressources.

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