COURREGES AUTOMNE-HIVER 2019
La maison Courrèges a présenté sa collection automne-hiver 2019-20 à l’espace Niemeyer, le siège emblématique du Parti communiste français à Paris.
La collection comme le défilé célébraient viscéralement la féminité, tout en incarnant des valeurs de solidarité et de communauté. Cette collection, (la seconde élaborée par sa Directrice Artistique Yolanda Zobel), se compose d’éléments modulaires qui s’assemblent pour former une garde-robe moderne et libératrice, caractérisée par les dessins érotiques et ludiques de l’artiste Vava Dudu, appliqués sur des vestes ajustées et des pièces « seconde peau ».
Afin de donner le ton de l’événement, la maison Courrèges a transformé la pièce maîtresse du bâtiment – son spectaculaire auditorium souterrain à la coupole irrégulière – en un espace ondulant et utérin, accentuant la conception tout en courbes de l’architecte brésilien Oscar Niemeyer. Dans cette mise en scène, les mannequins femmes et hommes serpentaient entre des îlots d’espaces communautaires, une référence à l’objectif idéologique du parti communiste d’effacement des notions de genre et de statut.
Comme point de départ de sa collection, Yolanda Zobel a utilisé les dessins colorés de Courrèges du début des années 1970, dont la souplesse et la liberté des silhouettes féminines donnent un aperçu d’une vision avant-gardiste cherchant à brouiller les genres, les races, l’ethnicité et l’âge. Dans l’interprétation contemporaine de Vava Dudu, les formes féminines voluptueuses évoquent la libération sexuelle et la joie une fois imprimées sur le tissu, deviennent des motifs anarchiques et fantasques, soulignant la vitalité qui se dégage de cette nouvelle ère de la maison Courrèges.
L’esprit d’assemblage domine la collection avec des blousons en laine, coton, éco-nylon et cuir métallisé, tous dotés de découpes courbes supplémentaires et enveloppantes, en mouton ou en fourrure mongole, comme une marque universelle de féminité. Le blanc arctique est la couleur prédominante de la saison hiver, rehaussé par le noir, des touches de rouge vif et des illustrations kaléidoscopiques.
Lumière fut faite sur Vava Dudu dans une cabine destinée à l’origine aux interprètes, donnant une performance vocale impromptue sur la bande-son vibrante conçue par Jeff Mills. L’ensemble des artistes collaborant avec Courrèges ont travaillé en synergie pour créer la dynamique inimitable du défilé, notamment Sara Mathiasson, dont les longues coiffes tressées et fluides rappellent la nature désinhibée de la vie sauvage, et Isabel Lewis, qui a apporté par sa chorégraphie une grande spontanéité aux mouvements des mannequins, faisant fi des conventions rigoureuses des podiums.
Dans le cadre des engagements de Courrèges en matière de durabilité, tous les matériaux utilisés lors du défilé connaîtront une seconde vie, puisqu’ils seront valorisés par La Réserve des Arts, une association parisienne qui récupère les déchets et chutes de matériaux des entreprises pour les redistribuer aux professionnels de la création.
Ce défilé Courrèges, d’amitié et de liberté, a offert une expérience partagée, un rassemblement fort en émotions et un cri du cœur appelant à l’unité, tranchant avec les incertitudes de notre époque.