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Fashion Week Printemps/Été 2019- Jour 6 Manufacturer la distance

by Manon Renault
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Allée Sonia Rykiel

Paris-Capitale de la mode, Paris capitale du Luxe : lieu qui rassemble l’art, la culture et les sièges des plus grands groupes. La scène créative et les acteurs « qui font  » la mode sont centralisés dans un espace qui rayonne à l’étranger comme un doux rêve- celui de l’exception culturelle. Pourtant en France, dans des territoires laissés vide, la mode ne semble plus remplir sa mission aux rêves. Peu de Kilomètres séparent Paris de ces villes : pourtant c’est comme s’il y avait un gouffre. La mode n’est plus entourée de toute la culture qui la nourrie : elle est devenue un simple bien manufacturée, de mauvaise qualité et mal taillée, qui tiendra bien jusqu’à la saison prochaine. Si pour le monde Paris est un rêve, l’est-il encore au sein même de la France ? Tout cela nous mène à un point important : si les diverses modes deviennent des moyens d’ouvertures sur le monde, elles sont également les symptômes d’une restriction stylistique pour certains segments de la population ou le choix entre h&m et Zara est déjà un luxe. Et les savoirs-faire locaux propres à nos jolies régions de France ( #JeanPierrePernault) : ils existent, mais sont plus stéréotypés que valorisés, et ne sont pas au service des populations locales puisqu’ils servent à alimenter les rayons « terroirs » des Grands Magasins.

Pour le meilleur comme pour le pire, la mode fait voyager les cultures et les savoirs-faire locaux, restreignant les impressions de distances. La tension entre échelle globale et échelle locale est le corollaire d’une conception d’un système de la mode inégalitaire. Elle sera « intellectuelle et cultivée » dans les grandes villes, et manufacturée ailleurs -ou l’argent a disparu.

Comment les créateurs s’emparent-ils de la question du voyage des vêtements et des savoir-faires ? Peut-on souscrire à l’idée d’une culture de mode internationale, une culture qui rassemble – un écho au village global de McLuhan ? 

 VIVIENNE WESTWOOD : Diaspora Punk

Vivienne Westwood est incontestablement associée à l’esthétique Punk dont elle initialise la popularisation mainstream à la fin des années 70. Londres, King’s Road, épingles à nourrices, et vêtements destructurés qui sont les symboles des revendications sociales de la jeunesse londonienne de l’époque. Le mouvement punk s’est délocalisé au fil des années, et s’est offert à des interprétations locales totalement différentes. La richesse de cette exportation, témoigne de la capacité de la mode à faire signe et à relier des individus vivants dans des mondes sociaux différents. Aujourd’hui les Punks Londoniens n’ont sans doute plus le même look. De fait les combats ne sont plus les mêmes. Si l’état d’esprit demeure, la tradition vestimentaire mute comme les collections de Westwood. La créatrice évolue et questionne la tyrannie du genre, ou le besoin d’une mode respectueuse de l’environnement.  Soit des sujets qui préoccupent par delà King’s Road.

RAHUL MISHRA : Une mode crée ensemble 

« Apporter de l’espoir , permettre à la population de croire dans un futur »:  voilà le rôle de la mode tel que Rahul Mishra le conçoit. Pour parvenir à ce but, les créateurs ne doivent pas rester isolés les uns des autres « il faut s’unir au delà des frontières, je pense que la mode participe profondément au rapprochement des territoires». Ce sont les mots de Rahul Mishra alors qu’il participe à l’événement SUPIMA. Une compétition lancée en 2008 et dont le but est de promouvoir la jeune scène créative. Rapidement SUPIMA prend de l’ampleur et c’est sur la scène Parisienne que les finalistes, venus de tous horizons ( Parsons School, Hyères), et des créateurs tel que Rahul Mishra, exposent des modèles qui travaillent le coton. Un moment de rencontres et d’échanges. Soit le souhait de Rahul Mishra. Sa dernière collection utilise également le coton : un travail qui se construit à des milliers de kilomètres de Paris – dans des villages indiens. Un point important : les collections ne sont pas simplement faite maison « elles sont faites à la maison ».

DROME : L’histoire locale aux couleurs globales

C’est à Florence que chacune des collections de DROME sont produites par Marianna Rosati. Pourtant si le Made Italy est revendiqué par la marque comme gage de qualité, l’esthétique des collections n’enferme pas la marque dans une mode dont les codes visuels seraient méditerranéens. Au contraire cette collection entre fond marin et Pop Art s’inscrit en plein dans les tendances de la Fashion week. Couleurs sorbets, shorts de cycliste. Le tout avec comme leitmotiv le travail autour du cuir italiens Ainsi Drôme conjugue une particularité locale, à des tendances globales. Un particularité qui permet de faire travailler des artisans italien,  mais n’est pas sans porter à polémique dans un contexte vegan globalisé.

Culture locale et culture globale se conjuguent dans la mode. Si le monde semble se restreindre, il n’a jamais était si pluriel. Ce sont juste les espaces ou la diversité s’expose qui se sont rarifiés. Paris est une scène de la diversité . Et Paris se module au fil du temps, inaugurant de nouvelles places aux noms d’artistes qui ont fait bouger les lignes: de la place Sonia Rykiel à la place Basquiat près de la nouvelle fondation Agnès B.

 

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