10% des Françaises ont déjà eu recours à la chirurgie esthétique en 2018
Avec l’été, les occasions de dévoiler son corps se multiplient et l’expérience n’est pas évidente pour tout le monde. C’est souvent le moment ou les complexes et les difficultés d’accepter son corps tel qu’il est ressurgissent. Seins qui perdent de leur tenue, marques de vieillissement soudainement plus visibles, pilosité quelquefois envahissante, autant de sujets, presque oubliés, qui deviennent tout d’un coup préoccupants.
– Dans une société où l’apparence physique est devenue un élément central d’affirmation de soi et d’intégration sociale, recourir à la chirurgie ou à la médecine esthétique est-il la solution ?
– Sommes-nous tou(te)s devenu(e)s accros à la chirurgie esthétique ?
– Qu’en pensent les Françaises ?
Afin de répondre à ces questions le site d’information Bonheur et santé a décidé de creuser le sujet. Bonheur et Santé a donc demandé à l‘institut de sondage IFOP d’interroger un échantillon représentatif de 1317 femmes, de plus de 18 ans, pour savoir ce qu’elles en pensaient et si leur point de vue avait évolué depuis 2002, date d’un précédent sondage sur le même thème.
Retrouver l’intégralité de l’étude ici : https://www.ifop.com/
LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DE L’ENQUETE
1) Le recours à la chirurgie esthétique a évolué
Une demande toujours aussi forte…
La demande de chirurgie esthétique n’a pas explosé comme certains ont pu le penser à un moment donné, mais elle n’a pas non plus chuté. Elle s’est stabilisée à un niveau qui reste élevé. Elles étaient 6 % à avoir eu recours à la chirurgie esthétique en 2002 et 14 % en en 2009. Aujourd’hui, elles sont 10 %. La baisse paraît sensible par rapport à 2009, mais 10 % de la population féminine de plus de 18 ans, cela représente environ 2,5 millions de personnes. Ce chiffre est loin d’être anecdotique. Comparé à 2002, c’est quand même 1 000 000 de personnes en plus !
Cette stabilisation à un niveau élevé est d’autant plus solide qu’elle s’accompagne d’un degré de satisfaction très positif et d’une demande potentielle conséquente. Pratiquement, depuis 15 ans, le degré de satisfaction est resté le même et plane à des hauteurs record, puisque 4 femmes sur 5 jugent très satisfaisante ou satisfaisante leur expérience de la chirurgie esthétique. De ce fait, rien d’étonnant à ce que celles qui envisagent de le faire soient toujours aussi nombreuses. Elles seraient 3,5 millions. Ce n’est pas rien !
…mais une demande raisonnée
Toutefois, la demande a évolué. Il y a des interventions qui ont la cote et d’autres qui ne l’ont plus. Incontestablement, le remodelage des seins et l’épilation au laser ont une cote bien affirmée. A l’inverse, c’est la dégringolade pour la correction du ventre, la correction du nez ou le lifting.
– Modification des seins et épilation laser : les 2 grands gagnants
49 % des demandes concernent une modification des seins. Près de une sur deux ! Il y a 15 ans, en 2002, seuls 9 % des interventions concernaient les seins, mais dès 2009, le virage est pris et avec 19 %, la modification des seins s’installe en haut de la liste. Non seulement, elle y est encore, mais son positionnement est largement confirmé. L’épilation au laser était encore au stade des balbutiements en 2002, mais très vite, elle sort de l’ombre pour atteindre 8 % des interventions en 2009 et 24 % en 2018. A y regarder de plus près, cette dernière évolution est sans doute loin d’être terminée.
– Une stabilité des autres pratiques
La correction du ventre est passée de 15 % des interventions, à 9 % puis à 7 %. L’évolution est la même, mais en plus sensible, avec la correction du nez. Celle-ci descend de 18 % des interventions en 2002 à 5 % en 2018, après une étape intermédiaire à 13 % en 2009. Citons enfin, le lifting, si emblématique de la chirurgie esthétique. Il glisse de 9 % en 2002 à 4 % aujourd’hui, après s’être, un temps, maintenu à 8 %, en 2009. Bien sûr, certaines interventions comme la correction des paupières ou le lissage des rides sont restées stables après avoir connu des soubresauts. Ces évolutions internes, très intéressantes, s’expliquent, surtout, par un fort mouvement de retour au naturel, car l’effet de mode joue, désormais, un rôle beaucoup moins déterminant dans la décision de recourir ou non à la chirurgie esthétique
2) Une pratique largement démocratisée
Voici un fait particulièrement intéressant mis en avant par notre sondage: toutes les catégories sociales, ainsi que toutes les tranches d’âge et toutes les régions sont concernés, sans réelles distinction. Dans l’imaginaire collectif, la chirurgie esthétique est souvent perçu comme réservée aux de femmes âgées. Une image bien ancrée mais qui se révèlent aujourd’hui bien loin de la réalité. Il en est de même pour les niveaux d’études et les orientations politiques.
Toutes les tranches d’âge et toutes les régions sont concernées
L’écart entre la plus représentée et la moins représentée n’est globalement que de 4 points. 9 % des moins de 35 ans ont eu recours à la chirurgie esthétique contre 11 % pour les plus de 35 ans. Les niveaux ne changent guère en entrant plus dans le détail des tranches d’âge : 8 %, taux le plus bas, pour les 25 à 34 ans, 12 %, taux le plus haut, pour les 50 à 64 ans. Le constat est le même en ce qui concerne l’origine géographique. Le taux de recours à la chirurgie esthétique est semblable (10 %) dans 3 régions sur 4. Les taux pour Paris (10 %) et la Province (11 %) sont quasiment similaires. Seul le sud-est fait bande à part avec 13 %.
Les PCS + sont certes les mieux représentées
Ce sont évidemment les professions et catégories socioprofessionnelles concentrant le plus d’actes de représentation telles que les travailleurs indépendants (16 %), les cadres supérieurs (12 %) ou les dirigeants d’entreprise (14 %) qui ont le plus recours à la chirurgie esthétique. Ce sont aussi celles qui disposent de la capacité financière la plus importante. Les ouvriers (6 %) constituent la catégorie la moins nombreuse, y compris derrière les chômeurs (9 %) ou les retraités (11 %).
3) Elle confirme l’émergence d’un autre regard sur le corps
Ce n’est pas pour rien que 13 % de la population française de moins de 50 ans est tatouée. Plus ou moins important et plus ou moins visible, le tatouage peut être utilement mis en parallèle avec les deux constats précédents concernant le recours à la chirurgie esthétique. Le tatouage est par nature un acte d’affirmation de soi et l’expression d’une revendication ou d’une appartenance quasi-tribale.
L’expression d’un choix personnel
Le recours à la chirurgie esthétique en 2018 recèle aussi, d’une autre manière, sa part d’individualisme et de revendication. C’est ce qui transparaît dans les motivations qui y conduisent. Plus des 2/3 des personnes interrogées indiquent que leur recours à la chirurgie esthétique a été motivé, d’abord et avant tout, pour se plaire à elle-même. La tendance est lourde, car elle était déjà présente, pratiquement au même niveau, en 2002 et 2009. A cela, s’ajoute le fait que plus de la moitié d’entre elles (55 %) veulent aussi mettre fin à un complexe physique. La pression sociale est, sans doute, présente dans ces choix, mais moins que le regard porté par soi-même, sur soi-même.
Le regard d’autrui moins pris en compte
De ce fait, il n’est pas surprenant qu’à l’inverse, le regard des autres ne soit guère pris en compte. L’évolution est même sensible par rapport à 2002. Plaire à son compagnon (5 %), être plus à l’aise dans son milieu professionnel (6 %), faire jeune dans la société actuelle (2 %) sont des motivations qui ne séduisent plus que peu de personnes alors qu’en 2002, c’était encore des motivations importantes, pour respectivement 21 %, 11 % et 7 % des personnes interrogées.
Le désir de rester jeune
Pour soi-même, pas pour les autres. Ce désir représentait 15 % des motivations en 2002, 12 % en 2009 et se maintient à 13 % en 2018. Il n’est pas contradictoire avec le rejet de vouloir rester jeune pour complaire à des codes sociaux et à un jeunisme ambiant. Paradoxalement, il n’est pas contradictoire non plus avec les personnes interrogées qui n’ont pas l’intention de recourir à la chirurgieesthétique et pour qui, à 73 %, vieillir ne pose pas de problème. Revendiquer son statut de senior, c’est aussi affirmer que le temps n’a pas de prise sur soi.
Méthodologie de l’étude : Etude réalisée par l’Ifop pour Bonheur et santé auprès d’un échantillon de 1317 femmes, représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (âge et profession de l’interviewée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Retrouver l’intégralité de l’étude ici : https://www.ifop.com/