La Fashion week: une occasion pour les créateurs de prendre parti pour des causes écologiques et sociales. Au niveau de la garde-robe, cela se traduit par l’abandon de la fourrure, du cuir ou l’utilisation des chutes de tissus. Stella McCartney végétarienne dévouée à la causes animale, est un peu la souveraine de ce royaume. Une reine déchue – comme dans un mauvais conte pour enfant : elle prend la place des animaux qu’elle défend, elle est transformée à son tour en cause de charité. « Madame Stella McCartney dispose de la possibilité de racheter la participation de Kering jusqu’au 31 mars 2018 ». Passer cette date, les fans de la marque n’auront plus que « Cry for a shadow » si Stella ne trouve pas les fonds nécessaire. Alors AIDONS STELLA.
Les créateurs mettent la main au portefeuille ? Tâche difficile chez Giambattista Valli ou les sacs se portent avec effronterie comme des bijoux. Auréolée de paillettes, la femme Giambattista Valli ne possède qu’un regard glamour sur le monde. Le tout dans des tenues riches en imprimés, volumes, textures-riches en somme. La black card américain express dispose de plus de place chez A.P.C ( Atelier de production et de création) ou l’économie collaborative de la mode se lisait sur les bancs du Front Row. Virgil Abloh ou Simon Porte Jacquemus applaudissent la collection d’une même cadence. Dans l' »Atelier » de la mode , les jeunes créateurs mutualisent leurs savoirs. Les nouveaux « autos-entrepreneurs » solidaires qui défient le système.
La question oubliée : L'univers du luxe empêche t-il d'être solidaire ? Les collaborations, les engagements caritatifs sont -ils de simples outils marketing qui redorent le blason d'une maison le temps d'une saison?
Transformer le visage en bijou : un geste ostentatoire quand on pense que le visage et la géographie du corps la plus visible, celle qui s’impose toujours en première.
Toute les causes de la mode, sont elles de simples jolies choses qui brillent ? Une économie collaborative entre gens bien habillés.
SACAI : plate-forme d’hybridation des styles
Chiotse Abe propose un vestiaire fruit de la location de différents vestiaires. Blousons en Jean, chemises rayées preppy, doudounes, et bombers sont decontextualisés de leurs habitats d’origine. La location se transforme en véritable rachat: Chiotse Abe se fait la propriétaire de ces différentes influences en les travaillant toutes selon le même protocole. La fusion, à coup d’asymétrie et de collaborations impromptues. La recherche est celle d’un chao esthétique : pas au sens apolcalyptique- au sens ou les hiérarchies imaginaires entre les vêtements disparaissent. Doudounes smokings, escarpins dépareillés, association de carreaux et de rayures. Une mutualisation stylistique démocratique. Chaque tissu prend part au vote chez Sacaï.
Agnès B. La créatrice à l’engagement longue durée
Chez Agnès B c’est de l’économie collaborative des coeurs, dont il faudrait parler. Ouvrant toujours sa porte (et son podium) aux artistes, de tout horizons, Agnès B. propose cette saison de découvrir le travail de Laure Hélène Vaudier et donne un aperçu de sa collection à venir avec Nekfeu. Au-delà de ses multiples engagements artistiques, Agnès B. se distingue par sa capacité à préserver son identité, ses combats : elle a construit son propre système autonome– et fait de son nom le pont entre les arts. Les artistes lui sont fidèles. Isabelle Hupert au premier rang, échange avec elle le lendemain sur France Culture. Elle souligne « l’indépendance » d’une femme qui répond »prendre des risques à l’heure actuelle ? C’est prendre le risque de rester soi-même ». Alors la collection ne s’articule pas de jaunes criards , de foulards, et autres tendances « hit »en partance. Agnès B. a voulu raconter l’histoire de différents personnages, tous liés aux voyages : qu’ils soient métaphoriques ( à travers les époques et les classes sociales), ou concrets avec des valises à roulettes. Au bout du voyage, l’artiste trouve LE collaborateur : la voix qui l’écoute. En termes de défilé, cela donne lieu à un mariage-un mariage pour s’émanciper à l aube d’une jeunesse qui appelle à une vie un peu trop bourgeoise… Agnès B. clôture la messe vêtue d’un t-shirt « Catch a falling Knife » -tout est dit. Sa marque c’est elle, imprimée de toutes les rencontres qui ont forgé sa créativité.
Alexander Mc Queen : L’économie c’est moi qui la dicte
On se sert la taille. Une collection ou look des économistes de Wall Street a fini par se confondre avec les corps : les restrictions les travaillent, les serrent. Résultat les vêtements sont encore plus rigides et droits qu’un plan Quinquennales. Des costumes, des chemises de worker : un thème exploré par Alexander McQueen dès la crise de 2007. Dans cette crise il existe encore des robes opulentes -de celles portées par Mme Wall Street aux galas d’entreprises. Dans ce système, Sarah Burton montre que les femmes peuvent jouer tous les rôles. Les femmes s’écrivent et passent des lieux ou l’économie se décide aux lieux ou la richesse s’exhibe sous les projecteurs de la bonne conscience. La robe de gala de charité : toute une économie de l’opulence ?
Costumes, impairs, quelques dentelles et des sacs « double » pour ramasser les liasses de billets chez Stella Mc Cartney. Pour la première fois des hommes sont présents sur le podium, et s’habillent dans la continuité des femmes : soit rien de trop discret.
Aider de manière invisible , quel intérêt ? Aider trouve pour synonyme grand bal de charité chapoté LVMH ou l’on croise Natalia Vodianova avec un masque en plume. À côte de cela, d’autres formes d’entre-aide plus profondes existent : soutient entre jeunes créateurs, passerelles entres les arts. L’univers de la mode ou un jardin collectif, ou la participation citoyenne est réduite à une certaine couche de la société. Ainsi la mode peut parvenir à démocratiser la culture, faire advenir des problèmes sociaux plus larges, mais surtout à rester déguiser dans son look frivole pour éviter le misérabilisme. Prétentieux ? Non, une double jeu qui permet de conserver un système. La mode : un système autonome qui dispose de sa propre économie collaborative ou toutes les causes se valent.