Louis Vuitton, Dries Van Noten, Issey Myake ou encore Rick Owens : des marques qui n’en sont plus à leurs baptêmes de feu. Pourtant dans une mode post-apocalyptique le combat demeure. Il faut faire face à la multiplication des nouveaux labels: Angus Chiang, Pigalle Paris ou Ami Alexandre Matussi. Faire face aux doudounes sportwears, à la basket ou autres fétiches du moment, sans perdre la face. Faire face: la fin d’une époque s’ouvre t-elle forcément sur des confrontations ?
Après l’extinction d’une espèce, c’est une nouvelle fois les mêmes jeux de conquêtes de territoires qui se jouent. Le monogramme Vuitton est comme tatoué sur les jambes des mannequins. Sur leurs dos, les bagages emblématiques de la maison ressemblent aux reliques d’un savoir-faire divin. L’ultime arme de Kim Jones: Kate Moss et Naomi Campbell en amazone, trenchées comme des héroïnes des années soixante. Soit une époque, ou « les blancs » détiennent le monopole des écrans. Une crainte qui n’as pas disparue chez Rick Owens. Dans sa version du combat, les looks les plus inquiétants sont portés par de mannequins qui griment les tropes de la domination américaine : blancheur accentuée et bout de perruques ridicules. Ce sont eux les aliens.
Des adieux, des combats, des révoltes : une journée ou tous les fantasmes autour de l’allure millitante prennent vie. Inspiré par le mode de vie urbain chez Issey Miyake ou purement parisien chez Ami Alexandre Matussi.
La mode Après Apocalypse ( Apocalypse
Now) /Nouvelles conquêtes stylistiques ?
Les manteau épais et matelassés, les imprimés jacquard et écossais ou encore le goût des franges et harnets, restent des points forts en cette journée. Tout comme les pointes de jaune ou couleurs criardes au milieu de cet obscur rétro-futur.
Le petit soldat de Sean Suen
Une fable sur le fait de devenir adulte-devenir un homme. Des matières rigides comme le cuir, viennent protéger un enfant qui se rêve déjà fière de mille combats. Sean Suen travaille « le décalage entre l’image et les mythes » en s’inspirant du dernier empereur de chine- Pu Yi. La collection qui en résulte est forte de manteaux aux coupes fines et délicates. Si les vêtements possèdent un graphisme rigide la matière semble être aussi rassurante que du coton . Soit une douce bataille, dans laquelle le jeune guerrier ne s’est pas encore frotté à la réalité du monde- il l’a juste fantasmé et attend Kafka de l’autre côté de la rive sous ses Full metal jacket.
Que reste-il de Mai 68 aujourd’hui L’AMI Alexandre Mattiussi
Pour les cinquante ans de mai 68, beaucoup se demande de quelle nature est l’héritage de cette époque de révolte. Beaucoup de fantasmes, d’amplification des récits : un jeu ou les looks sages se dévergondent- sans passer toutes les barricades. Des jeans 3/4 , des pantalons à pinces habillent la révolte en chemise à col boutonné. La collection est bien datée 2018, puisque de sweats à capuches recouvrent les trenchs à papa. Un look d’étudiant Parisien, comme pour montrer que les révoltes comportent leurs images mythiques contre lesquelles on ne peut pas combattre.
Le western surréaliste de Dries Van Noten
Tartan britannique, broderie anglaise, imprimé hommage à la peinture impressionniste. Encore une fois, Dries Van Noten orchestre les références sans se plier-pas complètement– aux diktats ambiants. Des bombes et des Impairs sont présents : ils sont envoyés comme une horde à la fin du défilé. Une manière pour les créateurs qu’il est en accord avec son époque, mais qu’il reste maître dans l’axe de ses collections. Un combat, comme chez Issey Myake (fidèle aux plissés) ou Yoshi Yamamoto. Dries Van notes continue avec élégance son voyage dans les interstices du beau et du laid.
Un patchwork lynchéens : l’homme Dries Van Noten = Audrey Horne, ou Nicolas Cage dans Wild at Heart.
Une journée ou les femmes semblent être absentes : il faut les épargner d’une violence toute masculine ? Simples trophées qui marquent des adieux en beauté pour Kim Jones. Simples trophées : quand il est question de rangers, les filles restent au placard ?