Gucci GuccY …Veni Vedi Vicci : la défiance d’Alessandro Michele a retenu l’attention pendant la fashion week milanaise. Inflexible, le créateur au style maximaliste propose un défilé dans la pénombre. Journalistes agacés, jeunesse conquise : Michele reste fidèle à sa signature et consolide son aura de Gourou.
Un défilé Instagram qui creuse une fois de plus l’écart entre la presse et le fashion marketing pour milléniale. Un cas qui oblige à déplacer les cadres du procès à l’encontre des créateurs : doit-on juger les vêtements ou l’audace d’une communication maîtrisée de A à Z. L’accusé répond-il aux statuts d’artisan ou d’artiste ?
Une Pop culture baroque
Un défilé comme un mash-up de symboles culturels qui deviennent les Hits d’une pseudo Sub-culture milléniale fortunée. Derrière les lunettes de soleil à la David Bowie, ils ne feront pas attention au prix d’un pull Bugs Bunny…
Alessandro Michele, directeur artistique de Gucci depuis 2015, confirme son éclectisme : » Je veux créer ma propre esthétique » confie t-il au Vogue Uk. Malgré les critiques qui prédisent l’essoufflement de son style opulent décalé, Michele reste constant. Conférence de presse en comité réduit « beaucoup de choses qui ont déjà était faites par d’autres créateurs peuvent être réinterprétées, car maintenant , c’est le bon moment. » Une philosophie du temps qui s’exprime aux travers de 108 looks qui retracent une histoire de la mode. La sienne. Horace, Mickael Jackson, Liza Minelli, les Mitfords. Loin d’être naïf, il conjugue les codes Gucci, aux codes actuels. Repéré par Tom Ford, en 2002, ce passionné d’art et littérature classique rompt la fracture entre baroque et pop. Il symbolise le passage à une nouvelle ère.
Instagram mon amour
Imaginé pour être photographié et posté sur Instagram, le dernier défilé est illuminé par des néons violets. Ambiance night club qui aura le don de susciter l’énervement des journalistes. Les silhouettes sont jugées » impossible à critiquer ». En 2013, Business Of Fashion notait » les shows sont remplis de moments instagrams: c’est la fin des shows tableaux. Le prêt à-porter doit être prêt-à instagramé. » Pourtant Michele n’abandonne pas la théâtralité : le décors rassemblent des monuments emblématiques de différentes époques et régions: divinités romaines côtoient les boudas chinois, les pharaons et momies égyptiennes Une carte moderne de Rome qui a demandé sept jours de préparation. Alessandro Michele parvient à faire de son patchwork un style à part entière qui conquiert les millléniales, soit la cible la plus convoitée par l’industrie de la mode. Un succès qui se traduit dans les ventes : les jeunes n’achètent pas seulement des accessoires mais également les vêtements.
Être l’idole des jeunes : un péril
D’après la légende, Michele n’aurait disposé que de cinq jours et cinq nuits pour préparer sa première collection Gucci. Dès son arrivée, tout semble orchestré pour faire de son parcours un film : pression, départ précipité de Frida Giannini, ventes en chute libre. Il remédie à tout : Michele héros salvateur. Gant en cuir, barbe et cheveux long : il aime le parfum le romantisme et défend l’idée selon laquelle la beauté est partout. Il prêche des convaincues. En novembre 2016, GQ titre « Praise Be Alessandro Michele, Gucci’s Main Man « . L’article est rangé dans la catégorie célébrité : tout est dit. En 2017, le Times l’intègre dans le classement des 100 personnalités les plus influentes.
“My life—it’s a piece of work, and my work is a piece of life.” Michele, 2016, GQ.
En 3 ans Michele a su imposer un look et devenir une figure identifiable dans le panorama des créateurs. Il comte son histoire de la mode avec une grâce unique. C’est un ensemble, un storytelling qu’il faut juger. Allons au-delà d’un mauvais éclairage …
Un célébrité divine : un alliage communicatif haute-gamme.