Jamais palace parisien n’a eu une histoire si étroitement liée à l’art ! Depuis sa création, l’Hôtel Le Meurice cultive et enrichit des liens toujours plus forts avec différents artistes. De Rudyard Kipling à François Mauriac, en passant par Arletty et la non moins célèbre Florence Gould qui y organisa des salons littéraires, la crème des artistes contemporains a vécu une relation passionnée avec le Palace. Plus récemment, les créateurs Viktor & Rolf ont fêté, dans le cadre enchanteur du Palace, le cinquième anniversaire de leur parfum Flowerbomb.
Mais si un artiste devait définir à lui seul l’histoire d’amour de l’Hôtel avec l’art, ce serait sans conteste Salvador Dalí. Pendant plus de trente ans, l’artiste y a résidé un mois par an, laissant sur son passage des anecdotes originales et d’innombrables sources d’inspiration.
L’Hôtel Le Meurice, entreprise mécène, encourage plus que jamais la création contemporaine à travers le prix international qu’il a créé : le Prix Meurice pour l’Art Contemporain, d’une valeur de 10000€ pour un artiste émergent de la scène française et de 10000€ pour la galerie qui le représente, afin de faire rayonner son travail à travers le monde.
Jean-Charles de Castelbajac, Parrain du prix Meurice et un jury composé de Franka Holtzmann, Directeur Général de l’Hôtel Le Meurice et Président du Jury, de Montserrat Aguer, Directrice du Centre d’Etudes Daliniennes, de Colette Barbier, Directrice de la Fondation Ricard, de Philippe Dagen, Ecrivain et critique d’art, de Jennifer Flay, Directrice de la FIAC, de Marta Gili, Directrice du Jeu de Paume, de Henri Loyrette, Président du Louvre et enfin de Marc-Olivier Wahler, directeur du Palais de Tokyo ont du départagé huit finalistes parmi les quarante artistes de la scène contemporaine qui avaient été présentés.
Wilfid Almendra (Galerie Bugada & Cargnel), inspiré par l’esthétisme des banlieues françaises, a proposé une installation combinant sculpture et œuvres graphiques afin de révéler la manière dont l’urbanisme et l’architecture du Japon combinent tradition et modernité, et ainsi de questionner le devenir des utopies pavillonnaires de ce pays. Les sculptures Concrete Garden, des reproductions bon marché de statues classiques, sur des socles en marbre ont été récupèrées dans des jardins pavillonnaires.
Eric Baudart (Galerie Chez Valentin), lauréat en 2007 du Prix Gruppo Campari pour la jeune création française, a proposé le projet Atmosphères basé sur le principe du transfert de propriétés (pris au sens propriétés « physiques »). Cinq objets distincts – sèche-cheveux, ventilateur, perceuse, réfrigérateur et téléviseur – sont plongés dans des aquariums contenant de l’huile. Ce changement de milieu avec l’apparition de forces tensio-actives qui en résultent crée les conditions d’un caisson d’observation pour une hypothétique expérience scientifique : « Je développe une pratique instinctive avec des choses qui m’entourent dans le but de faire apparaître des formes comme autant d’éléments représentatifs ou constitutifs d’une espèce de ciment élémentaire du monde. »
Julien Berthier (Galerie Georges Philippe & Nathalie Vallois), aimant souligner les tentatives échouées d’amélioration de notre monde, a proposé Monstres pérennisant en sculpture publique en bronze des amas d’objets jetés arbitrairement dans les villes, sculptures publiques temporaires.
Dominique Blais (Galerie Xippas) a proposé Jishinda (onde sismique en japonais) poursuivant son exploration des territoires de l’infime et de l’entre-deux. Ces empreintes en céramique des fréquences des vibrations sonores de séismes constituent une forme de « cristallisation du danger ».
Ingrid Luche (Galerie Air de Paris) continue son travail sur les dimensions et la perception, à travers lequel elle recompose un contexte manipulé, fragmenté par le processus de la mémoire. Son Bassin Olive, sculpture bassin en fausse pierre noire polie, est alimentée par un jet d’eau maintenant un niveau d’eau constant.
Ariane Michel (Galerie Jousse Entreprise) a proposé à travers The Screening une performance de projection dans un bois, non loin d’un centre ville, véritable miroir déformant offrant au spectateur le point de vue du monde sauvage sur ce qu’il est en train de vivre. Le public, conduit de nuit à la lampe torche jusqu’à une clairière, découvre un film se déroulant dans un bois identique. Des animaux nocturnes les observent s’installer pour regarder le film et lorsque les bêtes curieuses approchent, le public se reconnait.
Thierry Mouillé (Galerie Claudine Papillon), metteur en scène d’objets d’apparence farfelue et proche du surréalisme, transforme, déplace et transpose les objets et leur signification. Son espace à jouer Brass Space, conçu comme un espace en mouvement, est élaboré sur le principe de tentes en tubes creux, emboitables, déplaçables et mis à la disposition d’instrumentistes et de compositeurs.
Bertrand Planes (Galerie JTM et New Galerie), créateur avec Barbara Vaysse de la griffe de vêtement Emmaüs, détourne les objets et les pratiques usuelles afin de révéler de nouvelles fonctionnalités. Son projet High Low Tech permettent à 55 ballons à l’hélium munis de LED de devenir un écran géant volant. Les rayons dégagés par la LED se diffusent dans le ballon produisant une sphère rétroéclairée qui resyera en l’air environ 8 heures avant de redescendre lentement tout en affichant un texte au fur et à mesure que le gaz s’échappe.
Succédant à l’artiste plasticien Renaud Auguste-Dormeuil, Eric Baudart a reçu le 11 Octobre 2010 le Prix Meurice pour l’Art Contemporain devant un public composé entre autres de personnalités issus du monde de l’art, de la mode, des médias, du spectacle et du cinéma et des passionnés d’art. Chaque artiste a pu ainsi dévoilé une partie de son œuvre dans le cadre du parcours off de la FIAC. Eric Baudart a ainsi proposé « Cryst« combinant la résine et le bois.
Les cinq objets du projet Atmosphères seront exposés en partie à la Fondation Ricard à partir du 6 janvier 2011.
On espère que grâce à ce prix, Eric Baudrat, artiste très humble et vraiment à l’écoute, saura rayonner dans le monde entier.
Hôtel le Meurice
228 rue de Rivoli 75001 Paris
www.lemeurice.com
Marie-Odile Radom