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Franck Sorbier Haute Couture Hiver 2010-2011

by Marie Odile Radom
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Il était une fois un faiseur de contes de fées qui décida de se dévoiler. Et pour se faire, rien de tel qu’un portrait chinois et une collection de Haute-Couture à travers un défilé intimiste pour nous parler de mode, de tissus, de coupes mais aussi de passion, bref de l’art délicat de la Haute-Couture.

Quand certains utilisent leur plume pour s’exprimer, pour dire qui ils sont, d’autres utilisent ce qui les définissent le mieux. Franck Sorbier a choisi pour cette collection Haute Couture Hiver 2010-2011 de nous clamer tout l’amour qu’il éprouve pour la Haute-Couture en utilisant ses propres armes, lui l’artisan créateur à la tête de sa propre maison de haute couture. Le tissu, la broderie, la couture et enfin la robe sont ses mots, la Maison Sotheby’s sa toile.

Et afin de mieux dire qui il est, Franck Sorbier nous dresse son propre portrait chinois en nous donnant son interprétation stylistique de la femme Franck Sorbier en 16 modèles, une femme multiple qui assume ses choix et ses contradictions. Chaque silhouette, artistique, exotique ou onirique, dévoile un peu plus le créateur et nous fait entrer dans la tête de Franck Sorbier. Peaux, organza de soie, velours, dentelle, satin, mousseline de soie, les tissus les plus doux se succèdent pour un moment de grâce hors du temps entre tradition et modernité.

Dès la première silhouette, la maîtrise du créateur est palpable avec cette capuche en peaux teintes célébrant le conte « Peau d’âne » et recouvrant une robe bustier « couleur de soleil » à miroirs et à jupe traîne en velours froissé viscose-soie or. « My tailor is rich but my english is poor » est l’occasion pour le créateur de nous donner son interprétation du tailleur couture intemporel, forcément noir, dont les poches, en clin d’œil appuyé, sont décorées de portes-monnaie en argent.

Comment rester insensible devant cette robe de ballerine réalisée à partir de paille, de ficelle de chanvre et de crin pour le bustier tandis que le tutu est une symphonie d’organza de soie beige ? Ou ne pas rester admirative devant le savoir-faire démontré dans cette robe noire en mosaïques de dentelles et de guipures ?

Le créateur nous fait virevolter dans une robe de bal en organza de soie rose sur un air de « La vie en rose » et nous semble inspiré avec sa robe frangée hommage aux Arts premiers, tout en raphia tressé dans une myriade de couleurs.

Son interprétation du mythe de la Parisienne en veste à basque travaillée et longue jupe en crêpe satin de soie noire est plus que convaincante. Et il nous fait agréablement voyager dans le passé avec sa grande robe de bal à bustier compressé et à grande jupe libre à traine en panne façonnée velours peint à la main.

En hommage à « Radioactivity » de Kraftwerk, un trench ceinturé en satin de laine et soie imprimé argent se pare de motifs de tables de mixage et de vieilles radios d’antan tandis qu’une longue robe trapèze à rayures déchirées, en mousseline de soie noire et blanche, est brillamment chargée d’évoquer le dualisme noir et blanc.

Toute la créativité du créateur s’exprime dans son hommage au dadaïsme, robe bustier en papier kraft, papier mâché et carton ondulé dont le bustier est tenu par des ficelles de chanvre.  Et quoi de mieux pour terminer son formidable cri d’amour pour la couture qu’ « Une Histoire d’Amour : Romanesque » blanche composée d’un splendide manteau frangé en peaux pyrogravées de motifs amérindiens délicatement porté sur une robe compressée de 4 volants en tulle ?

Véritable jeu de matières et de couleurs, la collection Automne-Hiver 2010-2011 proposée par Franck Sorbier est sublime. Ce n’est pas une démonstration du créateur mais plutôt un cadeau qu’il nous fait. Il nous montre ainsi la beauté de la Haute-Couture non pas dans un petit entrechat mais plutôt dans un pas de deux pour l’éternité.

Sur le programme apparaissait cette citation de Jacques Prévert : « Il faudrait essayer d’être heureux ne serait-ce que pour donner l’exemple. » Et bien l’espace d’un instant, Franck Sorbier nous a rendu heureuse…

Crédit photos : ©Piero Biasion

Marie-Odile Radom