A 44 ans, Xavier Jolivet doit relever un challenge de taille, celui de hisser le Royal Palm Marrakech au même rang que sa référence mauricienne. C’est-à-dire au sommet ! Ouvert au début de l’année 2014, ce nouvel hôtel de luxe ne manque pas d’atouts pour y parvenir. Le directeur général de l’établissement a accepté de répondre à nos questions.
Quel est votre parcours ? Comment êtes-vous arrivé à la tête du Royal Palm Marrakech ?
J’ai un parcours d’hôtelier que je qualifierai d’assez classique. J’ai fait l’école hôtelière et gravi progressivement les échelons. J’ai commencé ma carrière au sein de la chaîne Forest Hill, puis je suis passé par le Crillon. J’ai travaillé ensuite aux Etats-Unis, j’y ai rencontré Alain Ducasse qui m’a pris dans ses équipes. Puis, j’ai été responsable de la restauration au Martinez, avant de partir au Métropole à Monaco. J’ai exercé 3 ans au Royal Palm à l’Ile Maurice en tant que directeur-adjoint et ensuite le groupe m’a offert le challenge de diriger ce nouvel hôtel.
Pourquoi le groupe Beachcomber a-t-il voulu s’implanter à Marrakech ?
Beachcomber voulait se rapprocher de ses marchés émetteurs, c’est-à-dire l’Europe. Le groupe voulait « sortir des îles » et prendre une ampleur plus internationale. A l’époque, le Royaume du Maroc offrait quelques facilités pour s’implanter autour de Marrakech.
L’idée était d’ouvrir un Royal Palm qui ressemble à celui de l’île Maurice avec une qualité de service comparable. On peut d’ailleurs faire un parallèle entre le personnel mauricien et marocain. Ce sont des personnes qui ont le sens de l’accueil et une véritable générosité.
L’hôtel est ouvert depuis le début de l’année 2014, quel bilan dressez-vous de ces premiers mois d’ouverture ?
Un bilan très positif ! Le retour clientèle est bon. Les commentaires sur des sites de voyages comme Tripadvisor sont plutôt élogieux. La clientèle vit expérience différente que celle qui est proposée dans les autres hôtels au Maroc. J’entends par là, un univers luxueux mais pas très ostentatoire. Un esprit d’hôtel balnéaire, même s’il n’y a pas la mer, un lieu très ouvert sur l’extérieur et axé sur le loisir. Les clients aiment beaucoup le Kids Club. Le centre de sport propose une multitude d’activités. La Table est d’une grande qualité. Le golf et la végétation constituent des atouts importants.
Humainement, ça a été une période de stress mais cela m’a permis de connaître les équipes. Les taux de remplissage sont plutôt satisfaisants même s’il existe encore une marge de progression. Je ne suis pas fait de certitudes. Chaque jour est une remise en question !
Le Royal Palm est un établissement mythique dans le monde de l’hôtellerie, est-ce une pression supplémentaire de diriger cet hôtel ?
C’est une grosse pression et c’est un poids supplémentaire de diriger un hôtel qui porte ce nom. C’est effectivement un hôtel mythique avec des clients mythiques. Aujourd’hui, cet hôtel est différent, mais possède le même ADN. Le Royal Palm Marrakech compte plus de chambres : 135 suites et villas. Il fait quasiment le double du Royal Palm Maurice.
Le produit est différent, mais l’esprit d’élégance et de luxe est le même. Les codes sont identiques mais le pays est différent, la durée moyenne de séjour l’est aussi. Ici, nous sommes plus dans un hôtel de ville. Selon la saisonnalité, les clients ont plus ou moins envie de sortir de l’hôtel.
A quoi ressemble votre journée type ?
J’arrive à 7h30 le matin et je lis l’activité de la veille et mes mails. 8h30, je fais une réunion d’exploitation avec mes équipes pour faire le point sur la journée de la veille, passer en revue les particularités des clients. Après la réunion, je fais le tour de l’hôtel, je vais à la rencontre des clients afin d’être sûr que leur séjour se passe bien et de répondre à leurs attentes. L’après-midi, je m’occupe du développement avec les équipes des différents départements. Le soir, si je n’ai pas de dîner à l’hôtel, je fais un dernier tour au Bar pour voir les clients que je n’ai pas croisé dans la journée avant de rentrer retrouver ma famille.
Qu’aimez-vous qu’un client vous dise en partant ?
Qu’il va revenir ! S’il a envie de revenir, c’est que l’on a été à la hauteur de ses attentes.
Quelles sont les caractéristiques de la clientèle ?
La clientèle la plus nombreuse est constituée par les Français. Historiquement, les Français aiment le Maroc et particulièrement Marrakech. Il y a un côté glamour dans cette ville. Il y a peu de destination à 3h de l’Europe avec un tel dépaysement. Nous avons aussi des Britanniques, des Italiens ou des Allemands parmi nos clients. Nous cherchons à développer le marché américain qui est une nouvelle clientèle pour le Groupe Beachcomber Hotels, propriétaire du Royal Palm.
Quels lieux recommandez-vous à Marrakech ?
Je recommande mes confrères avec lesquels je m’entends très bien d’ailleurs.
J’aime aller boire un verre à la Mamounia. C’est un très beau bar avec une jolie atmosphère. C’est une « belle maison » qui a fêté ses 90 ans.
J’aime aller dans les petits bistrots de Marrakech : le Studio, le Loft, Mamma Mia…Ce sont des lieux très parisiens. J’adore aussi Al Fassia, on y mange la plus belle épaule d’agneau de Marrakech !
Parlez-nous du Spa qui vient d’ouvrir.
Nous avons réalisé un Spa avec Clarins, partenaire historique du groupe Beachcomber. C’est la première fois dans le monde que cette marque fera une boutique dans un Spa. Nous sommes dotés d’un Barber Shop. Il s’agit d’une boutique dédiée à l’homme. Nous proposons de pouvoir expérimenter un rasage traditionnel au coupe-chou.
Nous proposons une offre très large avec un salon de coiffure, des hammams, salles de massage, salon de pédicure, salle d’hydrojet, un Nail Bar… Un espace de consultation avec des thérapeutes permettra aux clients de bénéficier de soins personnalisés.
Quelles sont les caractéristiques du Golf ?
C’est un golf 18 trous. C’est un parcours qui peut être compliqué et simple.
Ce golf ne devait pas être frustrant. Au golf, on joue contre soi-même. Nous avons fait en sorte que ce golf soit adapté pour tous les niveaux.
Ce golf est aussi vallonné. Il est arrosé avec de l’eau de recyclage. Il y a une dimension « éco-consciente ». Nous avons planté beaucoup d’arbres. Il est vraiment agréable !
Y a-t-il de la place pour tous les hôtels de luxe à Marrakech ?
Il faut essayer d’être le meilleur avec ses atouts. On peut toujours se trouver des excuses. Quand on ouvre un hôtel, il faut être le meilleur et avoir une belle qualité de service. Il faut proposer une offre la plus large possible (spa, centre de loisirs, Kids Club). Il existe une concurrence mais il faut que les hôteliers « vendent » la destination. Marrakech doit aussi créer des évènements pour attirer encore plus de touristes.
Je vous laisse le mot de la fin…
Je souhaite que nos employés soient heureux. Un hôtel, c’est avant tout une aventure humaine. Je souhaite remercier, nos investisseurs, les clients et surtout le personnel. Un bel hôtel n’est rien sans un personnel qui aime le lieu dans lequel il travaille. Au Maroc, la notion de famille est primordiale !
Propos recueillis par Julien Tissot à Marrakech