Avec la onzième collection sous son nom, Julien Fournié radicalise ses choix pour définir l’essence de son style.
La pulsion esthétique est sertie dans une collection qui fait chanter les noirs.
« J’ai beaucoup pensé à l’élégance précise de Maria Casarès dans Les Dames du Bois de Boulogne. Comment rendre le charme imprimé sur la pellicule en noir et blanc tout en intégrant la couleur obligatoire dans la vie ? »
L’inspiration de sa réponse, le couturier l’a trouvée « dans l’expressionisme allemand, et plus particulièrement chez le peintre Otto Dix, dans cette façon de juxtaposer les teintes pour créer l’émotion.»
Ses ensorceleuses à la Anita Berber se moulent dans des coupes acérées qui induisent à tout mouvement le maintien et le port de tête de la noblesse. Taillées dans un jersey concentré, comme entourées d’une envolée de mousseline, les courbes des corps féminins dansent sans jamais se départir d’une allure toute aristocratique.
Dans un univers à la David Lynch, les tentatrices de Julien Fournié assument coupes fondamentales, imprimés épineux ou sautoirs hérissés comme autant de talismans.
En contraste avec les arcanes des noirs, les aplats de couleurs vives incrustations de brocarts ou reliefs de broderies de bakélite se font l’écho de l’éternel combat entre le mystère et le chatoiement, l’innocence et la malice, le Bien et le Mal.
« L’ombre n’existerait pas sans la lumière. » C’est ce que pourraient murmurer aux oreilles averties ces héroïnes élancées. Qu’elles adoptent les modèles de la première ligne de prêt-à-porter – intégrées dans les premières silhouettes Couture -, qu’elles favorisent les parures effilées, les derbies colorama, ou qu’elles privilégient l’envoûtement d’un total look Couture, elles font le choix d’assumer une personnalité qui ose se transfigurer.