Depuis cinq ans, RUIbuilt (anciennement Rui Zhou) s’impose comme l’un des laboratoires les plus singuliers du vestiaire contemporain. Avec son approche organique du textile, la marque explore le dialogue entre le vêtement et le corps, entre l’enveloppe et l’essence. Pour Automne/Hiver 2025, Rui dépasse l’individu pour s’affirmer en collectif, donnant naissance à une collection qui déconstruit les frontières entre textile et peau, entre protection et exposition.
Dans un Paris électrique, au 99 Rue du Temple, la collection s’est révélée sous la forme d’une performance immersive, où la gestuelle et le textile ne faisaient plus qu’un. Kominato Yotsuha, performeuse et actrice japonaise, incarnait le point d’ancrage de cette introspection, explorant l’empreinte du regard sur le corps féminin.



Un Corps-Objet en Mouvement
Le concept de « gaps » (écarts, interstices, vides) est depuis toujours au cœur du langage RUIbuilt. Plus qu’une simple signature esthétique, ces ouvertures découpées dans les mailles et tissus symbolisent un espace en mutation, où la vulnérabilité devient force.
Ici, les fentes organiques et les liens noués matérialisent un jeu de tension entre le maintien et la libération. Les vêtements adoptent une souplesse sculpturale, s’étirant avec le mouvement du corps, comme une seconde peau évoluant au gré des gestes. L’élasticité des matières crée une armure douce, où chaque coupure est un point de connexion et non de rupture.
Au centre de la mise en scène, un lit immaculé entouré d’objets hétéroclites – coquillages épars, fruits en décomposition, un aquarium en bois – évoquait un univers à la fois onirique et brut, fragile et sensuel. Kominato Yotsuha, dans une gestuelle hypnotique, traçait les contours de son propre corps, une réappropriation du soi à travers le textile.
L’Intimité Textile : Entre Délicatesse et Subversion
La collection Automne/Hiver 2025 explore un nouveau champ de textures et de matières :
- Le cuir, pour la première fois chez RUIbuilt, insuffle une sensualité rebelle à la collection. Son aspect lisse, ponctué de clous arrondis, évoque un dialogue entre domination et douceur, force et soumission.
- Les mailles ajourées, travaillées en superpositions, épousent le corps tout en laissant entrevoir la peau, jouant sur l’illusion du non-fini.
- Les nœuds et rubans, omniprésents, deviennent une métaphore du lien – attacher, détacher, maintenir, libérer.
- Les perles et coquillages brodés insufflent une poésie tactile, réminiscence d’un temps suspendu entre enfance et âge adulte.
Les coupes oscillent entre fluidité et structure : bodysuits asymétriques, pantalons taille haute à bretelles croisées, minirobes en torsade et pulls oversize drapés forment une garde-robe hybride, oscillant entre le sportswear et la couture expérimentale.
Une Palette Contrastée, Entre Douceur et Tension
Les couleurs reflètent cette dualité entre la sensualité et la protection :
- Des teintes brutes et naturelles – taupe, olive, chocolat, gris perle – ancrent la collection dans une douceur organique.
- Des touches de rouge brique et de bleu vibrant injectent une énergie disruptive, créant une tension visuelle forte.
- L’onyx et le merlot offrent un contraste profond, sublimant les jeux de lumière sur les textures satinées et mates.
Une Invitation à Réinvestir Son Propre Corps
RUIbuilt ne se contente pas de créer des vêtements : la marque interroge notre rapport à l’identité et au corps. En jouant sur l’effacement du vêtement au profit de la peau, la collection invite à une expérience sensorielle, où le textile devient extension du soi.
Comme l’évoquait Pina Bausch, grande inspiratrice de cette démarche :
« Ce qui m’intéresse, ce n’est pas comment ils bougent, mais ce qui les fait bouger. »
Avec Automne/Hiver 2025, RUIbuilt signe une lettre d’amour au corps, à ses tensions, à ses silences, à ses vides. Une mode qui ne cache pas, mais qui révèle – un manifeste textile pour ceux qui cherchent à habiter pleinement leur propre espace.
Découvrez l’univers RUIbuilt sur www.ruiofficial.me.