Relire 300 fois « la collection révèle tout le savoir-faire d’une époque qui s’échappe », le designer « ose des volumes audacieux », ou « les palettes fluo rencontreront sans doute un large succès auprès des milléniales ». Un risque. Un coup d’oeil dans le rétroviseur qui s’étend.
Pour évoquer les défilés de cette journée; certains mots clés vont tombés. Parler de Rahul Mishra, c’est parler de broderies et de mode engagée. Hermès- le cuir, Haider Ackermann– les drapés. Pour Elie Saab : robes de tapis rouge, légèreté pailletée tandis qu’il faudra ranger Vivienne Westwood du côté d’une mode extravagante, punk, audacieuse. Insoumise sonne peut-être mieux.
Pour écrire sur la mode-comme dans tout- il existe des partitions que l’on rejoue. Un peu comme les pianistes d’ambiance: un Ryan Gosling dans La la land ou Gainsbourg à ses débuts.
De Saint Germain des Près à la Rue De Verneuil : Gainsbourg adopte le noir. Il emménage dans la rue de Gréco et repeint les murs. (Exposition à venir à la Galerie de l’instant). Parler dans des termes complexes du chic parisien, à la table du Café de Flore : un snobisme fantasmé de l’écrivain, qui s’écrit et parle de la mode parisienne ?
Un Paris qui ne se soustrait pas aux milléniales, leurs sportwears et leurs couleurs pimpantes …? Idéaliser Paris
La question oubliée : Parler du chic en noir-est-ce une rhétorique parisienne pour parler de mode parisienne ? Un ultime privilège ?
Les défilés de cette journée étaient à l’image des murs Rue de Verneuil: peu importe les designers, leur âge, leur culture…
Dans le jargon journalistique, certains parlent de journalisme réflexif quand la personne parle de ce qu’elle écrit : elle n’a plus rien à dire ?c’est le trou noir ?
Sonia Rykiel : la face noire de la parsienne
Dans la liste des Parisiennes, la femme Sonia Rykiel, toutes de rayures vêtue, arrive en haut de la liste. Julie De Libran, offre un défilé qui honore la philosophie Rykiel, soit la créativité dans une atmosphère emprunte de légèreté. Les filles souriaient : arrêtons de nous confondre en snobisme. Fini le mythe de la parisienne qui tire la gueule et fume ses cigarettes en trench coat à la sortie de la Sorbonne. Même si c’est cette image de la parisienne qui s’exporte et rapporte. Julie De Libran livre sa propre expression de ce qu’est Sonia Rykiel, elle, une française qui a grandi à LA et appris la mode en Italie.
Shayne OlivierX Diesel : un américain à Paris
Près de la Sorbonne, une présentation qui n’avait rien d’académique a pris place. Normal, Shayne Olivier incarne l’esprit américain : il n’y a qu’à regarder son look de Cow-Boy. Pour cette collaboration avec Diesel (Red tag project) , Shayne Olivier a recrée toute l’énergie des soirées New-Yorkaises de Hood By the air à Paris. Dans un décor digne d’un concert de Spears à Vegas c’est encore une fois la pop culture qui vient à l’esprit. ( Spears et Timberlake étincelants de Jeans sur le tapis des Grammy 2001). Soit des références pas très « Café de Flore ». Pourtant Paris c’est aussi ce brin underground : les soirées de sous-sol un peu crades. Ces soirées du coté « obscur« .
Rahul Mishra : l’urbanisme chic débarrassé d’Haussman
La parisienne : une apparition éphémère.Rahul Mishra rappel à juste à titre que » la mémoire est principalement le fruit de séquences fantasmées . Miss France est sur le podium: comme pour nous dire que les rêveries autour du chic parisien voyage. Elle n’appartient à personne, elle est à tout le monde. Les créateurs s’en absorbent, s’en dérobent. Voilà ce qu’est la mode quand elle vit : un voyage. La collection de Rahul Mishra est un voyage : personnel au coeur de son enfance.Un voyage au coeur des savoirs-faires indiens, avec la mise en avant de la technique du Kinkhab ( à traduire par petit rêve). Enfin c’est l’expérience de la ville, des buildings frappés par la lumière du soleil , vus au travers des yeux d’un citoyens du monde. Rahul Mishra emmène la poésie à Paris, sans s’astreindre à la sobriété classique des rêveries de dames en noir.
Si l’image de Paris a voyagé et inspiré les créateurs du monde entier, Paris est une ville traversée d’images. La nuit berlinoise, la pop culture américaine, les soirées karaokés japonaises ont infiltré depuis bien longtemps les rues de la capitale. Malgré la marée noire, les créateurs prouvent qu’ils travaillent à la lumière du jour. Une faculté, qui fait que jamais la mode ne se répète. C’est un « on-dit » facile pour les cerveaux obscurs, qui préfèrent imaginer la mode comme quelque chose de vide, vide comme de la matière noire.
Pour les 50 ans de Sonia Rykiel , tout le monde danse. Décidément Paris surprend , toujours. Écrire à son sujet : c’est ne jamais se répéter. Joyeux anniversaire Rykiel