Image Instagram : #MarineSerre
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À quoi ressemble le mai 68 de la Fashion Week ? Une dose de jeunesse dont les gros pulls en maille recouvrent des robes à paillettes. Une révolte douce et joyeuse, pour parler d’une époque dont l’esprit libertaire fait fantasmer. L’anniversaire d’une lutte qui fait miroir avec l’actualité : le retour dans le passé est plus que jamais une critique du présent. Chez Dior, Maria Grazia Chiuri présente un défilé-piqure de rappel : les luttes ne sont pas finies. En Mai 68, Caroline De Bendern devient malgré elle la Marianne de mai 68. Aujourd’hui, la mannequin Ruth Bell devient la Marianne #Metoo en portant un large pull imprimé » Non c’est non ». Le désir de se faire séduire par des hommes n’est pas une donnée génétique spécifique aux femmes. Alors NON ! NON également à une presse rétrograde. Dior refait l’histoire des magazines féminins en les incluant dans le décor de son podium. L’histoire à rebours, c’est toujours plus charmant, et un peu dérangeant : ça oblige à regarder le présent. Pourtant tout n’est pas perdu Marine Serre frôle pour la première fois le podium avec son « vestiaire du futur ». De son côté Koche éblouit par un set cinématographique au Casino de Paris. Passage de 2001 l’Odyssée de l’espace à Full Metal Jacket : le mixte de références virevolte, tourne disco mais sans le rayonnement des boules à facettes. Murder on the Dancefloor des références ?
Une journée ou les revendications se disent avec les imprimés du vestiaire classique : tartan, pied-de poule, rayures et carreaux , pour une jeunesse qui ne veut plus se tenir à carreaux. À l’inverse du Sportwear qui s’inspire des looks des classes pop, la mode mai 68 travaille les codes de la haute couture.
La question oubliée : Y 'aura t-il des défilés sur #MeTOO en 2068 ?
Anrealage : la passé d’une couture future
Kunihiko Morinaga relit l’histoire de la couture à l’aube des nouvelles techniques de fabrications. Plus qu’une marque, Anrealage est un manifeste pour une mode qui incorpore les différents pans de la culture et de l’industrie en abolissant les hiérarchies. Soit l’esprit 68 ! Cette collection invite à revoir le défilé Plenty of horn : Alexander Mc Queen joue avec la garde-robe de la bourgeoisie. Le pied de poule occupe le devant de la scène. Une critique de la société à laquelle Kunihiko Monrinaga répond : le plastique devient une matière centrale dans la création. Il n’est plus dans les caniveaux.
Victoria/Tomas : Libérer les égéries des histoires établies
Le duo Victoria/Tomas fusionne et mixte les milieux sociaux en évitant les clichés. Après la rencontre entre la « belle et le bad boy » la saison dernière, la jeune première rencontre le monde de la nuit. De grands manteaux d’héroïnes de films de Jacques Tati qui recouvrent des robes aux imprimés graphiques, de chanteuses disco. Une rencontre entre Amanda Lear et Catherine Deneuve ? La chose n’est pas improbable : toutes deux sont les égéries d’une certaine liberté. Une liberté ambivalente. À la fois figure populaire auprès du grand publique et muses de l’avant-garde. L’élégance tout publique : voila le programme Victoria/Tomas.
Saint Laurent : L’échapée belle
Le jour du défilé, Vogue Paris dévoile la campagne de la collection été, shooté par Jean-Paul Goude. Le thème: « quand le chat n’est pas là, les souris dansent. » Si on reprend la biographie de Cristine de Berdern, on découvre qu’elle est descendante d’un lord anglais, mais qu’elle évolue aux côté du gang Zanzibar. Un milieu parisien d’avant-garde qui donne une image « romantique » d’un Mai 68 arty. Un groupe à l’abri qui se mêle aux étudiants au moment des manifestations. La femme Saint Laurent s’évade : il faut parfois courir. Alors elle se dessine tout en jambes. Prête à s’évader pour aller manifester ou danser, peu importe.
Une envie de danse et de sensualité. Une envie qui se lit dans les minis-shorts noirs, les robes pailletées ou encore les lunettes seventies du défilé Dior. Une envie qui s’écoute, pas une envie qui se provoque.