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Haute Couture, Printemps/Été 2018/2019 En cage mais libre

by Manon Renault
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ÇA Y’EST, la cache aux oiseaux est ouverte. La journée commence avec un anniversaire : les 1 an de la marche anti-trump. La voix de Natalie Portman résonne et parvient à stopper chacun et chacune. Des mots forts, poignants. L’actrice, connue pour ses engagements, explique comment le rôle d‘artiste intellectuelle dans lequel elle s’est feutrée, était en réalité un moyen de protéger son corps. Les femmes prennent la une. Alors sur ce podium de la Haute-couture qui leur est administré, comment s’emparent t-elles des assignations au glamour et au sexy de certains vêtements?  Peut être en les portant librement, en les portant parce qu’elles le veulent.

Une révolution du désir, voilà le souhait de Portman, voilà de quoi la Haute-couture devrait être moteur.

Pour faire taire les femmes, on leur a donné des plumes, des noeuds, des broderies, de la flanelle ou du cuir. ÇA Y’EST la cache aux oiseaux est ouverte : les défilés Dior, Iris Van Herpen ou le jeune label Flora Miranda l’on symbolisé lundi. Si les pauvres filles de Greuze pleurent leurs oiseux morts, est-ce vraiment « la défloraison » qui fait jaillir tant de larmes. Ou l’absence d’une libération joyeuse. Les oiseaux ne sont plus crevés, la tête en bas comme dans les peintures flamandes. Ils explorent les jardins chez Chanel avec une collection nocturne et diurne; percée de fuchsia et de bleu. Les femmes réinvestissent leurs corps et leurs désirs et se balancent dans des cages qui évoquent les clubs des années 80 chez Alexandre Vauthier mais aussi On aura tout vu. Les désirs se libèrent, les cages à oiseaux sont raillées.  Un retour des années fastes de la haute couture parisienne pleine de volumes, amorcées par Anthony Vaccarello en octobre dernier chez Saint Laurent. Une journée gonflée et théâtrale : du petit chaperon rouge d’Alexis Mabille à la recherche de son trousseau aux femmes Armani Privée aspirant aux rêveries des tapis rouges : escortées par Monsieur ?!


Alexandre Vauthier : Gigi Hadid est- elle l’avenir de la femme ?

La femme Alexandre Vauthier est décrite comme conquérante : une super-héroïne affirmée. Comme souvent l’affirmation est une notion qui se traduit dans des vêtements outranciers. De ceux qu’on voient à des kilomètres. Dans les années 80, le monde voit naître la working girl : au même moment la mode proclame le sexy. Un sexy qui dévoile un corps sculpté. Hommage aux années 80 : à l’affirmation jointe du corps et de l’esprit. Vauthier célèbre des femmes pleines de désirs – pas simplement des femmes sujettes aux désirs. Bella Hadid attire tout les regards : « la bombe laisse dépasser un téton ». Voila ce qui fait l’actualité: comme pour éviter de rappeler que c’est l’une des tops les plus bankable à l’heure actuelle, la réduire à un corps. 

Givenchy : Clare Weight Keller retrouve Hubert pour mieux le dépasser

Le première collection Haute Couture de la créatrice anglaise, dans l’une des plus anciennes maison de couture française. Fondée par un homme : discret et grand qui a libéré les femmes après la guerre en leur proposant une élégance sans limite. Clare Weight Keller parvient à dépoussiérer les patrons des années 50- dépoussière le patron. Une collection majoritairement en noir et blanc. Comme un droit à la discrétion.

Rami Kadi : Adapter la couture aux femmes contemporaines

Les pièces confectionnées par le jeune créateur libanais sont déconcertantes:  précision, détails et savoir-faire. Un amour de la couture, qui est devenu caractéristique du Liban avec Zuhair Murad, Rabih Kayrouz et surtout Elie Saab. Des robes de princesses, des robes de tapis rouges. Pourtant il serait réducteur de ne pas percevoir plus dans les créations de Rami Kadi. Au plus proche de son époque, et riche d’une culture haute couture, il visite l’histoire de la mode avec des touches sportwear et urbaines: un beau geste pour combler les nouvelles générations. Les pièces sont accessoirisées de Hoodies qui évoquent les héroïnes R’n’B ou Kylie Minogue dans sa combinaison blanche au début des années 2000. Le tout ceinturé de Hashtags, soit une grammaire universelle pour signifier le désir.


Plus que d’habiller madame, les hommes sont aussi habillés. Des hommes qui eux aussi devraient assouvir leurs désirs pour ne plus pleurer leur oiseux morts…

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