Un bouquet de fleurs pour réparer des oublies, montrer son affection : un joli boniment publicitaire. Aujourd’hui les fleurs ne sont plus tributaires de ces occasions particulières, galvanisées pour être offertes- et peut-être qu’Instagram et Raf Simons ne sont pas étrangers à cette affaire ?
L’art floral : une tendance éphémère, ou une longue tradition intériorisée, qui rejaillit à la manière d’un hit oublié. Si le retour à l’atelier est un véritable parti pris pour de nombreux professionnels, il semble s’être transformé en véritable gimmick marketing. Un phénomène nourrit par l’industrie de la mode.
La nostalgie : une préoccupation contemporaine qui prend vie dans des formats qui sont en train de s’inventer. Un sentiment qui se répand à coup de hashtags. Pourtant pour certains, l’amour de la composition, l’exigence de la qualité dépasse le dictat du temps et des tendances. Une constance qui peut nous tomber dessus, au détour d’une rue. Au carrefour de la Rue D’Alésia et de la rue de la Tombe Issoire, Pascal Dagnicourt tient depuis sept ans une boutique baptisée M’Effleure la Muse. Une adresse, Rive gauche à Paris– soit une jolie chanson. Heureusement le disque ne raye pas sous l’avalanche des prophéties entonnées par les élites « branchées »
Quand les couturiers ont des envies de fleurs
M’Effleure la Muse, Paris 14 ième arrondissement: quand Pascal arrive tout est à construire. De leurs côtés, les fleurs attendent un come back médiatique. Il arrive en 2012, lorsque Raf Simons fait revêtir les murs d’un hôtel particulier du XVI ième de fleurs fraîches. Une lubie qui deviendra la marque de fabrique de Simons chez Dior. Chez Céline, Pheobe Philo met en avant les fleurs exotiques : le tout shooté par Juergen Teller. Sous l’impulsion des couturiers les fleurs redeviennent tendances : les images de compositions nonchalamment posées sur des tables en marbre envahissent Instagram. Les Tumblr se multiplient, Vogue US intègre une rubrique à son site tandis que Elle déco recense les fleuristes les plus in. Pour autant peut-on tous entrer chez Mark Colle ( fleuriste des défilés Dior) avec assurance ?
Il est important de trouver des adresses de confiance.
Avant de s’élargir, Pascal tenait à cultiver un carnet de fournisseurs fiables. Des fleurs fraîches produite en France, pour proposer des bouquets qui dureront: en tout cas plus longtemps qu’un bouquet Snapchat. C’est la garantie de la boutique qui propose aussi des plantes vertes, et des valeurs sûres comme les orchidées.
Avant d’avoir des envies de grandeur, c’est la rigueur, la recherche de couleurs, de textures qui prévalent.
Pascal ne s’interdit pas quelques défis. S’il s’occupe des jardinières de ses clientes, ce passionné d’histoire de l’art revisite également des compositions d’antan. Une influence souvent citée dans les défilés.
À la recherche de la boutique atelier
Le retour à l’atelier : virtuel plutôt que réel ? À l’exception de quelques boutique du Faubourg Saint-Honoré ou Agnès B. au pied de Saint Sulpice, la boutique atelier est-elle un leurre ? Ces boutiques procurent de belles images, mais ou trouver des fleurs qui ne sentent pas le pixel ?
Depuis l’entrée dans les années 2000 les chaînes de magasins de fleurs se sont insérées dans le paysage. Commander de fleurs, se fait comme une commande de burger… Bouquets fabriqués à la chaîne : les amoureux se retrouvent tous avec les mêmes compositions. Pourtant certaines boutiques vont à l’encontre de ce processus de clonage.
M’Effleure la Muse met en avant les étapes de confection du bouquet. Transparence, authenticité : une vrai alternative aux chaînes formatées. Une expérience ou chacun peut devenir maître de son bouquet. Pascal dispose d’un grand étalage de fleurs ou chacun peu piocher et composer. Un dispositif ou l’on apprend et découvre. Une volonté de ne pas limiter la boutique à la vente mais de créer un atelier. Caroline Bourgine mène un combat similaire dans le milieu du vêtement, avec son atelier-boutique rue Racine.
Le défis aujourd’hui : Comment concevoir un format numérique adapté à l’expérience de l’atelier boutique ? Comment y parvenir en restant authentique ?
De l’Atelier boutique au site atelier
Jeanne Damas : source d’inspiration pour « les parisiennes » sur Instagram
Instagram change la donne. La plate-forme évolue; et les algorithmes de recommandations personnalisés dérèglent nos fils d’actualités en les augmentant de publicités ciblées. Alors que l’extension marchande profil le bout de son nez comment proposer une expérience digitale de confiance pour un atelier de quartier ?
Concrétiser l’échange des fleurs par delà les écrans : un enjeu qui dirige élaboration du site de M’effleure la muse. Si le site était un pas essentiel, il demandait une importante réflexion. A la fois une approche simple et lisse pour envoyer des fleurs et le rappel de l’atelier d’artiste.
À L’heure ou l’on achète ses vêtements sur Net-à-porter et ou les courses sont livrées sur le pallier, il semble encore compliqué de trouver un site fiable pour acheter ses fleurs en ligne. Un constat fait en 2015 par Bromberg Hawkings, alors qu’elle fonde FlowerBx aux États-Unis. En France le marché est encore en friche. Et pourtant la nostalgie file de beau jour. Elle bourgeonne : les innovations techniques sont son soleil.
Quelle sera la prochaine tendance numérique qui permettra aux clients d’assouvir encore mieux leurs élans nostalgiques ?
Des tendances globales dans les fleurs : il y’en a. Mais elles ne prévalent pas sur la passion des deux fondateurs de M’effleure la Muse . Une Boutique de quartier, une boutique authentique qui ne se joue pas des artifices « du moment ». Un lieu à découvrir, qui dispose désormais d’un site.
M’Effleure la Muse,
16 rue d’Alésia.
75014 PARIS.
01 45 38 57 42