En septembre dernier, la collection Desigual couture par Jean-Paul Goude est présentée sur les podiums New-Yorkais. La refonte de Desigual est amorcée, et elle sera caractérisée par la danse, la joie de vivre. Clochettes et tambours pour acclamer le remodelage d’une marque qui s’était confondue avec le décor du quotidien. Une entreprise de retour comme un grand chantier de chirurgie plastique, permis par le travail d’un chirurgien-magicien : en somme d’un faiseur d’images professionnel-Jean Paul Goude
Desigual couture X Jean Paul Goude : conjurer les apprioris mais aussi évoquer la puissance des images, les années 80 en France, le multiculturalisme et les histoires d’amitiés et d’amours entre Goude les femmes et Azzedine Alaïa
Desigual : une maison sans-prétentions en phase de devenir un signe de distinction
Depuis sa naissance dans les années 80, la marque espagnole fondée par Thomas Meyer s’est insérée dans les gardes-robes du monde entier. Une belle expansion, ternie d’une image commerciale. Une marque qui n’appartient pas vraiment à la fast-fashion mais n’entre pas dans les codes du prêt-à-porter. Alors le défilé de septembre dernier apparaît comme un mirage. Jean-Paul Goude compose avec les codes culturels des différents continents : une valeur défendue par Desigual. Marins en robes résilles, imprimés animaliers pop, jungle urbaine… Les commentaires descriptifs se font à coup de figures de styles. Ils sont permis: mais ils doivent être à la mesure des volumes qui travaillent les 10 silhouettes proposées par Jean-Paul Goude.
L’inextricable silhouette, signature de millions de clichés
Jean-Paul Goude: incapturable homme d’images. S’il fallait qu’un appareil le capture, la photo serait floue, à coup sûr. Plus qu’une confection sur-mesure, c’est dans la démesure que l’homme trouve son style. Un art qu’il maîtrise et qu’il exerce aussi bien pour les Galerie Lafayette, Chanel et Citroën. Dans les années 80, la publicité est controversée. En France en tout cas : aux États-unis elle s’expose depuis déjà longtemps dans les musées d’art contemporains. Goude est l’un des noms qui participent à sa légitimation en France, mais il ne se contente pas de cela. Il reste toujours proche de la mode et confectionne plusieurs collections capsules.(comme avec Lacoste par qui il redessine le fameux crocodile)
Des histoires d’amour, des histoires de femmes ?
« Azzedine Alaïa : “J’ai appris la mode avec les femmes” », Telerama,
De Grace Jones à Kim Kardashian, en passant par Vanessa, Laetitia ou Rihanna (pour le dernier Vogue de Noël), Jean Paul Goude aime et déconstruit le corps des femmes. Voluptueux ou longilignes, des corps qui passent par toutes les pigmentations : peu importe. Ce qui compte c’est le graphisme. Alors pas de questions d’appropriations culturelles malvenues. Jean-Paul Goude prône un mélange des codes culturels, un mixte qui se fait d’emprunts, pas de pillages. Si la question des appropriations culturelles doit restée un objet de critique, elle n’est pas forcément un indice de domination. Elle peut se lire comme un gage d’amour envers les différences. C’est la lecture Goude.
Avec les corps des hommes, il s’amuse également. Azzedine Alaïa fut sa muse. Hommage détourné au couturier tunisien. Ami et complice, Jean-Paul Goude immortalise son « génie miniature » dès leur coup de foudre esthétique dans les années 80.