Guy Martin, chef étoilé, fait entrer l’art contemporain au Grand Véfour avec l’artiste Claudine Drai
Pour sa rentrée, le Grand Véfour, joyau de l’art décoratif du XVIIIe siècle et haut lieu de la gastronomie parisienne, ouvre ses portes à l’art contemporain. Sous les arcades du Palais Royal qui accueillent dans ses jardins les œuvres des artistes contemporains Buren et Paul Bury, le restaurant étoilé le Grand Véfour est une adresse emblématique de la capitale. À la direction de ce lieu prestigieux depuis plus de 25 ans, le chef Guy Martin a souhaité offrir à son restaurant, au somptueux décor Second Empire qui a fait sa renommée, une renaissance, en invitant l’artiste contemporaine Claudine Drai à recréer le salon du 1er étage qui accueillait jusqu’alors des gravures, dessins et aquarelles de Cocteau, Colette, Foujita, Buffet et Chagall.
Un restaurant gastronomique chargé d’histoire au cœur de Paris
Haut lieu de la gastronomie, de la vie politique, artistique et littéraire de Paris depuis plus de 200 ans, Le Grand Véfour a accueilli au fil des années Napoléon et Joséphine, puis Victor Hugo, Balzac, Colette ou encore Jean Cocteau, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Jacques Brel… Restauré dans un décor Second Empire, le lieu possède boiseries sculptées et toiles peintes fixées sous verre. En 1991, le chef Guy Martin prend les rênes des cuisines du restaurant avant d’en devenir le propriétaire dix ans plus tard. Il y compose depuis, en virtuose, des recettes inventives et gaies qui lui ont valu l’obtention des plus importantes distinctions nationales et internationales. Il a notamment été élu chef du 21e siècle au Japon et classé parmi les sept meilleurs cuisiniers du monde. Les Guides Gault & Millau, Champérard comme Pudlowski l’ont par ailleurs déjà tous élu Chef de l’année. Enfin, pour la deuxième année consécutive, Le Grand Véfour est classé parmi les vingt plus grands restaurants du monde, dans le cadre du Prix « EricVerdier-Culture & Goût ». Profondément ému par le monde de Claudine Drai qui le bouleverse dès leur première rencontre en 2015, Guy Martin décide de confier à l’artiste le salon privé du 1er étage du restaurant. Bien au-delà d’une commande, plus qu’un choix parmi les créations de l’artiste, Guy Martin offre une liberté totale à Claudine Drai qui imagine le lieu comme une œuvre pérenne.
Du parfum de Claudine Drai aux saveurs de Guy Martin
Claudine Drai associe dans ses œuvres papier, bronze, parfum, parole et lumière. En 1994, elle entreprend ses premières recherches sur les émotions et l’imaginaire du parfum, se consacre à l’écriture de textes et à l’intégration de l’olfaction dans ses créations qu’elle poursuit encore aujourd’hui. Lors de son exposition à la Galerie Jérôme de Noirmont et au Centre Pompidou elle intègre des sensations de parfums comme matières de son univers plastique, au même titre que le papier, la soie, la lumière et les mots. Elle écrit à ce sujet : « Il existe des émotions au fond de soi qui ont besoin, pour apparaître, de trouver la matière qui leur ressemble, visible ou non-visible. Les parfums, la lumière et l’espace se vivent comme des émotions qui se dévoilent, comme une histoire sensible à côté de l’histoire du regard. »
Pour Claudine il y a une relation à l âme de Guy martin qui est rentrée dans l univers de Claudine. « La cuisine est une oeuvre d art éphémère. C est une sorte d’art. C est une expérience vivante de manger. » Claudine Drai
Guy Martin compare sa cuisine à l’art contemporain. Comme une matière noble en perpétuel mouvement. Lors de leur rencontre en 2015, Claudine Drai vit comme une révélation le miroir d’abyme et d’infini, l’espace immatériel et spirituel des saveurs de Guy Martin : « Surgissementde la vie saveurs, textures, couleurs, lignes formes, espaces, les sensations dessinent la peau autour du corps et la peau est aussi à l’intérieur : le corps rêve aussi, les émotions libèrent le temps vécu de la matière, trace de miel et d’agrumes. Éclats d’étoiles ou de glaciers, la blancheur laiteuse se déchire au profond du temps éphémère éternisé. Le monde se défait là où il s’invente », écrit Claudine Drai.
Le passage du parfum de Claudine Drai à l’univers des saveurs de Guy Martin était pour eux comme pressenti, naturel.
La traversée des Jardins du Palais Royal invite à la contemplation, la beauté, l’harmonie. En poussant la porte du Grand Véfour, le visiteur est sous le charme poétique de la nature, sous l’emprise de sa force et de sa vie. Composée de plusieurs fragments de papier de soie sur toiles, de formats différents, l’œuvre de Claudine Drai est une ode à la nature.
« L’œuvre de Claudine Drai est à la fois réelle et irréelle. C’est un hors lieu du monde. Intimement touché par son univers, je n’ai jamais douté de l’interprétation que Claudine Drai ferait du Petit Salon. C’était pour moi une évidence et la finalité est au-delà des mots », confie Guy Martin.