Quand à moins de 30 ans on lance sa deuxième boutique de manière indépendante, il faut un sacré courage. Une audace, une belle audace. » Parfois ce n’est pas évident : on me donne des avis sur la peinture, la manière de présenter les vêtements (…) On me dit ce qui ne va pas ». Caroline Bourgine écoute, mais encore plus important : elle s’écoute.
Sa seconde boutique 8 rue de l’échaudé a ouvert il y a un mois. À l’intérieur : des livres d’art, des affiches de films d’Agnès Varda ou une fougère. Pas une simple boutique, mais un espace ou la mode vit et ou les vêtements se racontent.
Alors que la collection automne-hiver 2018 vient d’être lancée, elle pense déjà à la prochaine saison et concrétise un projet qui lui tient à coeur: rassembler l’ensemble de sa fabrication à Paris, dans sa boutique-atelier rue Racine.
De l’inspiration à l’idylle Champêtre
Au fil de ces trois dernières années une garde-robe Bourgine s’est dessinée : jupes trapèzes, velours et t-shirts imprimés pleins d’humour et d’esprit. Pour cette collection, Caroline rend hommage à Georges Sand. « Cela fait longtemps que j’ai envie de créer autour du style vestimentaire de la fin du XIXième : je pensais aux Malheurs de Sophie. »Finalement c’est la figure de Georges Sand qui est le point de ralliement pour cet hiver « Elle s’est imposée. » Pendant des mois, Caroline a vécu avec la romancière « pas au sens mystique, mais elle faisait partie de mon quotidien ». Lecture de son autobiographie, et visite de Nohant ou la « campagne » a été photographiée. » Un lieu magique. J’ai pu me balader près de la Mare au diable… » Le résultat de ces vagabondages dans les recoins de la campagne française et dans les retors du XIX ième offre une collection pleine de capes et longs manteaux. Des chemises aux imprimés fleuris « inspirées d’une illustration de Nahum Gutman », et des velours aux roses uniques.
Des images qui se transforment en vêtements : le processus magique de la mode
« Lors des journées du patrimoine, j’étais toujours curieuse d’aller visiter les ateliers des grandes maisons de couture. Je trouvais cela fascinant : les aiguilles ,les machines. Je voulais comprendre d’où venaient les vêtements. Le spectacle ne m’a jamais déçu. Aujourd’hui c’est mon quotidien ; et j’aimerais que mes clientes y prenne part ». La boutique-atelier du 15 rue Racine : une promesse, un voeu que Caroline concrétise petit à petit. La modéliste de Caroline, Suzy, occupe déjà les lieux : « Là elle est à l’atelier et accueil les clientes. Pour nous ce lieu a autant d’importance que la boutique ». Partager son temps entre deux boutiques, imaginer de nouvelles collections qui répondent à une fabrication made in Paris, et songer à l’expérience des clientes quand elles passent le pas de porte de sa boutique : un programme complet. Une politique bien à elle; et qu’elle défend « J’ai reçus pleins de bons conseils, ce n’est jamais évident de se lancer seule. » Elle tient son cap : sa dernière boutique articule l’ensemble des inspirations de ses collections précédentes ;et dit ce qu’elle est, ce qu’est Bourgine. Une boutique musée ou la promesse de lendemain sans nuages fait jour. Caroline nous montre une illustration de Marie De Beaucourt qu’elle à découvert il y a environ 3 ans sur Instagram : sa tombe bien, elle signe l’imprimé d’un t-shirt pour la collection !
Comme les femmes qui l’inspirent , Caroline Bourgine mène sa barque, loin des diables de la marre de la mode. Un beau petit diable à la fleur de l’âge…
Parler de sa dernière collection c’est comme fredonner du Brassens, c’est comme se laissé submerger par la magie de l’esthétique de Méliès. Elle rayonne de ce quelque chose de prometteur, d’unique. Sa volonté rappelle celle d’une Agnès B.
Rendez-vous 8 rue de l’échaudé, Paris 6
ou en ligne http://www.bourgine.net