Trouver des solutions, comprendre la mode à l’heure ou Tommy Hilfiger défile à Londres, ou Amazon lance sa propre marque de vêtements et Shanghaï annonce sa Fashion week. Digitale, Milléniale, Fast-fashion et impact environnemental : la mode c’est tout ça. Former des professionnels dans la mode : former des acteurs capables d’agir rapidement dans un champ caractérisé par le renouveau permanent.
Il est temps de se former et de s’informer. En France L’IFM et l’école Dupérre font référence. Cette dernière fut fondée en 1864 par Élisa Limonier et n’a cessé d’évoluer aux fils des innovations. 1980: Paris vit de manière difficile la transition vers la prêt-à-porter, « notre patrimoine n’est pas fait uniquement de vielles pierres » Vogue , édition Française, Mars 1980. Si les écoles fleurissent, les formations doivent proposer de nouvelles formules en accord avec une mode internationale.
La France parvient-elle à remplir son pari ? Paris référent de la mode?
Occasion de revenir sur les écoles vedettes, le débat anti-fashion et la place de la mode en France : industrie ou patrimoine culturel ?
École star et créateur vedette : élèves aveuglés par les paillettes ?
Liste retenue , liste à retenir: Central Saint Martins (Londres), London College of Fashion, Antwerp Royal Academy of Fine Arts ou encore L’ Istituto Marangoni (Milan, Italy). Des écoles si influentes que leurs défilés sont scrutés par les stylistes les plus pointus. En juillet dernier, Gucci doit faire son Méa Culpa auprès de Pierre-Louis Auray, étudiant à Central Saint Martins. Les Aliens de la campagne publicitaire de la maison italienne, ressemblaient un peu trop aux dessins postés sur le compte Instagram de l’étudiant. Une affaire qui montre à quel point l’influence de l’école britannique pèse dans l’industrie. Connu pour mettre à l’honneur la création et refuser la partie business et com, l’école forme des artistes. Ces créatures charismatiques, détachées du monde pratique. Des étoiles qui brillent : Alexander Mc Queen, John Galliano. Des étoiles qui ternissent ?
Aucune des écoles françaises n’entre dans la liste des écoles stars, avec élèves qui font la une des journaux à scandale. Une réponse au surplus de paillettes ? Une tradition ancienne ? Questionner la mode : une réflexivité comme signe de distinction. Un chic ultime, encore plus pointu que de marcher en mule GuccY (oui, la faute est volontaire) sur de la moquette Balenciaga. Dans son manifeste Anti-Fashion Lidewij Edelkoort évoque des écoles qui forment « des divas », des mini-Karl à la pelle. En France c’est du côté de la technique et du savoir-faire que les écoles fondent leur renommée. Des professionnels discrets et des élèves qui accompagnent les griffes plutôt que des super-star. Pour autant les écoles ne délaissent pas la communication et le business. Une part importante du travail, surtout lorsque l’on débute : apprendre à mettre en récit sa marque, offrir une histoire attrayante au public.
Les écoles encouragent à la célébrité et tuent la créativité?
Avant de briller sur les podiums : quel parcours choisir ?
Le marketing a pris le pas sur la créativité.( Edelkoort). Pas d’alliances possible entre artistes et business. Les élèves seront: soit des humbles petites-mains, soit des vendus assoiffés de célébrité ?
Tout n’est pas si simple. La réflexion de Lidewij Edelkoort porte à la lumière de réels problèmes. Mais avant de devenir Lidewij Edelkkort et de déconstruire chaque chose à tout va, les prédicateurs de tendances doivent suivre des formations. Posséder toutes les clés pour décrypter l’ensemble de l’industrie. Tissus, techniques de confections, coûts de fabrications, connaissance des lois et des droits : des enseignements pluridisciplinaires. À cet effet, les écoles se sont enrichies de parcours en stratégies commerciales, ou communication. De leurs côtés, les écoles de commerce proposent des filières luxes : le groupe lonis avec Moda Domani depuis 2013, ou l’association entre Mod’Art et l’ISC depuis 2012.
Multiplication des partenariats avec les entreprises ( Mode Estah offre un éventail de 500 entreprises aux élèves au moment de leur alternance) et programmes internationaux: la France montre qu’elle n’est pas simplement un pays auto-centré, voué à la critique.
Défilés et Magazine : nouvelles jauges des écoles de mode
Les magazines de mode et les défilés sont des exemples d’institutions intermédiaires dans la relation consommateur-producteur. Les médias jouent un rôle important dans la diffusion de l’information des nouveaux styles de tendances : des gardiens institutionnels, une infrastructure importante qui interprète le produit culturel pour un consommateur, et peut altérer sa valeur symbolique. Une école puissante: une école qui parvient à rassembler un maximum de ces acteurs lors des défilés.
Chez ESMOD , L’école des Arts Décoratifs, Mod’Art et Mode Estah les professionnels sont au rendez-vous.
La mode : discipline délicate
Afin de faire le tri dans les formations, peu d’outils sont offerts au grand public. Le site de l’étudiant publie un classement annuel, mais le mode souffre d’une image qui s’enlise dans le monde des arts. En 1989, Pierre Bergé crée le prix de L’ANDAM sous la double tutelle des ministères de l’Industrie et de la Culture. « La créativité ne suffit pas: elle doit s’accompagner d’un véritable sens des affaires. »(Bergé) .Ainsi directrice de l’école Mode Estah , Danielle Mechali , développe depuis 20 ans un parcours qui mise autant sur la technique que l’artistique.
Pourtant, des articles s’exclament encore : « les élèves ne savent plus coudre » . Une machine à coudre, des fils et des aiguilles: un discours nostalgique, voir passéiste. Un discours qui va de pair avec un mépris de la part de la communauté scientifique pour la mode : » considérée comme superficielle ou encore comme l’expression d’une manipulation sociale visant à soutenir artificiellement la consommation » ( Frédérick Godart, Sociologie de la mode, 2010). Le fantôme universitaire : l’ennemi les plus prétentieux et frivole des écoles de mode ?
- Pourquoi faut-il regarder du côté des écoles françaises pour saisir les tendances de demain ?
Des créateurs discrets, des formations pluridisciplinaires, des cursus animés par des experts et l’invitation à la créativité sur l’ensemble des supports actuels.