Investissement des cours carrées des lycées Parisiens, et des cloîtres de Port Royal : la Haute-couture s’ouvre dans les lieux historiques d’élaboration du savoir français. Des espaces ou le temps se suspend dans des décors verdoyants; même si la chaleur de l’été agite les éventails au premier rang. Pourtant c’est vers les souffles de l’hiver que Paris se tourne. La bourrasque apparait dans les déserts de L.A avec Rodarte, prend dans son tourbillon des coquillages pailletés chez Galia Lahav avant de s’essouffler dans la palette plus sombre de XUAN couture.
Une première journée pleine de promesses ou les amazones américaines ont rappelés à Paris les valeurs du préfixe « haute » devant « couture ».
Défilé Galia Lahav
Les deux faces de l’Amérique
D’un côté le romantisme poudré, de l’autre les paillettes et les dorures de Dallas. Des prises de risques et des hommages au savoir-faire des petites-mains tout droit venu du pays des Cow-Boy : une belle leçon de mode, donnée par une Amérique qui dit non à une image bling bling ; qui dit stop au ridicule.
Proenza Schouler
Il fallait Proenza Schouler et les soeurs de Rodarte pour rappeler à Paris que la haute-couture était l’occasion de braver les frontières et d’embrasser une créativité sans barrière. Des créateurs, des pionniers. Jack Mccullough et Lazaro Hernandez évoquent leur temps libre à Paris, « utilisé pour rencontrer des artisans indépendants et des petits ateliers; les rubans, les plumes, la dentelle irlandaise et tout le reste : c’est de là qu’est venue notre inspiration générale ». L’Amérique redonne vie à Paris, et c’est au galop dans des robes fragiles comme des fleurs que les nymphes de Rodarte offrent leur poésie.
Rodarte
À côté de cela, des créations ramènent à un autre versant de l’Amérique. Plus opulente, avec une pincée de Soap californien: la première collection de Peter Dundas aurait pu venir de Miami (bien que Dundas soit Norvégien). Paillettes et corps bronzés pour une collection croisière qui inaugure une nouvelle étape dans la carrière de Peter Dundas après ses années Roberto Cavalli et Pucci. Nouvelle lune, ou Peter a fait du Dundas ?
Des Fleurs de saison
Si la douceur et la légèreté ont dit non à l’opulence, elles éclatent comme des pivoines au soleil laissant derrière elle des couches de tulle. À chaque saison ses fleurs: chez XUAN elles sont faites de cuir où s’accrochent sur les épaules. Des robes dans des couleurs plus sombres qui ramène quelque peu en Amérique. Cette fois celle de la nouvelle Orléans ou l’habillement est de rigueur en toutes circonstances et fait partie de rites. Noir profond mais plein d’espoir, coiffé de grands chapeaux qui viennent dire le respect du raffinement, pour des collections faite dans la majeure partie en France.
Beyoncé, Limonade
Xuan
Couture or Not Couture
Si Proezna Schouler à largement était salué, notamment pour avoir mobilisé toutes les petites mains de Paris, la marque ne possède pas l’appellation haute-couture. Le problème pendant cette semaine; c’est qu’on ne sait plus s’il s’agit de couture ou de haute-couture. Loïc Prigent évoque le problème avec humour, et rappelle également les mythes autour de l’appellation dans son documentaire « Qu’est-ce que la haute couture ? » .
Froufrou, over-size ou simplicité « sexy » chez Azzaro. Chaque créateur donne sur le podium, sa définition de l’élégance française. Qui a tort, qui a raison : du gypsophile plein les cheveux , attendons encore un peu avant de rendre une sanction. Après tout la haute-couture c’est la rêverie…