Yumi KATSURA, La vie des toiles Printemps-Eté 2017 Couture
KIRU & MONO
Yumi KATSURA a pour obsession, comme toute artiste passionnée, le kimono… Le chef d’œuvre est sa page blanche qu’elle réinvente au fil des saisons pour dépasser le kiru et le mono, littéralement chose que l’on porte sur soi… Le vêtement traditionnel japonais trouve d’autres sens pour celle qui se lovera dedans… Yumi KATSURA fait son «sampling» redécoupe et reforme des rectangles de tissus pliés et cousus, mais jamais recoupés… De cette tradition qui se voudrait uniquement rectiligne, elle fusionne son sens du volume et de la ligne pour métamorphoser la dite pièce et lui donner une autre identité… Le kimono peut se faire robe du jour à la touche orientaliste si chère à Paul Poiret, manteau-fleur-cocon qui ne tombe plus jusqu’aux pieds ou aux chevilles dans une vibration seventies, mais jouera sur la juste longueur pour accompagner les femmes dans leur époque… FURISODE Le style de Yumi KATSURA signe sa différence par un jeu de manches uniques qui se greffe sur ses propositions vestimentaires… Cette manche volontairement étirée est alors un hommage aux jeunes femmes nommées Furisode… Comme une enveloppe protectrice, le côté gauche se ferme sur le côté droit… A l’origine, cela permettait de cacher le tantō, mais la seule arme de Yumi KATSURA reste la séduction… Sa femme, mise en exergue, se revendique forte, libre, moderne en accord avec son temps, sa culture et sa nature… ITO JAKUCHU Il y a ces imprimés all over inspirés de la nature nippone et des dessins plus graphiques comme des cerisiers en fleurs, des pins se courbant dans une brise mélancolique, du bambou qui ne fléchit pas, des aplats floraux pop… La calligraphie se transpose vers la fibre textile, à fleur de peau par des jeux de broderies trompe-l’œil… De fil en aiguille, les robes du soir racontent une histoire magique et deviennent des tableaux vivants… Une hirondelle s’échappe de son nid pour annoncer le printemps… Le savant équilibre de Yumi KATSURA est de tisser un
pont entre l’Orient et l’Occident… Formée à la prestigieuse École de la Chambre Syndicale de La Couture Parisienne, elle pioche les pièces d’un dressing parisien pour les faire basculer dans un plan de collection japonais… A moins que ce ne soit l’inverse… Le plissé soleil, la soie, le jacquard, la dentelle, la gabardine de laine froide deviennent des toiles sublimant les chefs d’œuvres d’ITO JAKUCHU et nous font briller des millions d’étoiles dans les yeux…
PERFECTION & ABSOLU D’une large ceinture nouée dans le dos, appelée obi, Yumi KATSURA en ré-encode la forme. Le YUZEN, technique ancestrale de teinture de la soie utilisée pour la confection des kimonos traditionnels, se transpose sur une robe du soir au jupon respirant et gonflant… Une autre robe fourreau gold, à la traîne étourdissante reprend la même technique alors que la broderie et la plume de paon évoquent le quetzal, oiseau de feu… Les décolletés ne sont pas vertigineux et les transparences restent sages pour garder un statut chic et élégant… La gamme de couleurs est une palette impressionniste composée d’un vers d’eau, d’un bleu lavis, d’un rose nénuphar, d’un rouge baiser, d’un or liquide… Les turbans et les couvres chefs, les yeux cachés des mannequins derrière des lunettes acidulées sont un hommage iconique à Yumi KATSURA… BALADE DANS UN JARDIN JAPONAIS Ce voyage qui défile à Paris pour ce Printemps-Eté Couture 2017 valorise les métiers d’arts japonais. L’invitation nous murmure que les belles trouveront des chevaliers nomades et urbains pour les accompagner… Les imprimés all over sur des chemises et liquettes en soie se portent avec des pantalons cigarette alors que les vestes annoncent une saison sous tensions… Samouraïs d’une jungle urbaine, néo-amoureux-romantiques, d’un simple regard charbonneux, les messagers affirmeront que l’amour de la tradition rime avec un modernisme sans concession…