BLOOMING ASHES
Que subsiste-t-il lorsqu’il n’y a plus rien ?
La beauté du reste.
Et si un jour tout disparaissait? Si l’on était contraint de faire tabula rasa, que nous resterait-il ? L’ornement comme dernier refuge. La métamorphose comme dernier subterfuge.
visuels : Claire Guillon pour Luxsure
La femme se fait vaisseau vêtue de voiles de fausse pudeur, encordée de bijoux de peaux retenant son envol. Le crêpe de soie couleur terra cotta se laisse plisser, jouant douce la carapace. Le pli est poussé à son paroxysme : il ne redessine pas un corps mais l’espace tout autour. « Le problème n’est pas comment faire un pli mais comment le continuer, lui faire traverser le plafond, le porter à l’infini », écrivait Gilles Deleuze. Une aspiration à l’infini.
Lorsqu’il faut tout réinventer, la femme se fait magicienne et retrouve ses pouvoirs perdus. Caparaçonnée dans sa robe de fourrure travaillée comme une mosaïque et ornée d’écailles de cuir découpées au laser par le créateur textile Coen Carsten, elle devient personnage d’une mythologie qui doit encore être écrite.
Elle est femme chamane dans toute la puissance de son apparente fragilité, ceinte de bustiers de cuir tressés couleur de terre rouge et de harnais irisés faussement protecteurs. En voie de métamorphose, son corps se recouvre de lianes fragiles, douces contraintes de branchages de passementerie qui n’aspirent qu’à s’enrouler autour du corps d’une femme.
Sa force est sa beauté. Amazone au corps redessiné dans sa combinaison bi-matière de toile enduite couleur orange Magma et de sergé de coton Terra Cotta. Elle porte cotte de maille fragile, ou combishort fait de pressions reliées de fils de cuivre. Femme victorieuse, voilée-dévoilée dans sa robe en jersey fin et broderie de chaînes, dénudée de tout artifice. Femme puissante qui reconstitue son armure avec les restes, selon sa propre gestuelle, se jouant des paradoxes et des ambivalences.
Femme des profondeurs, enveloppée d’organza liquide irisé composé de centaines de nervures. Créature vêtue de la lumière des limbes en sa robe de LED et de cordes de piano co-créée avec le sculpteur Bastien Carré. Bel animal bioluminescent revenue des abysses. Lorsque la survie confine au sublime…