Ludovic Winterstan se détache du reste de cette semaine parisienne de la haute couture ; et ce dans le bon sens. Le jeune créateur, pour sa première collection, a choisi de travailler autour d’une teinte : le noir. Contre toute attente il est toujours différent. Selon les matières, les lumières, les brillances, les transparences, les opacités, le noir des robes de cette collection n’est en rien un monochrome monotone. Un choix intelligent que de se concentrer sur les différentes formules du noir, à la manière d’un Pierre Soulages- bien sûr- mais on peut également évoquer la démarche d’Yves Klein en ce qui concerne le bleu. L’oeil prête alors une attention nouvelle aux découpes, aux formes et aux textures de chaque modèle, et redistingue l’identité, la particularité de chaque pièce. Les parts d’ombres sont éclairés.
Femmes dont la peau semble être faite de ce noir métallique, c’est une allure futuriste, une sorte de cyborg de science-fiction, mais un cyborg habillé de dentelles, de matières rebrodées, et de sequins. Masqué, les mannequins s’effacent derrière les robes. Comme s’il n’y avait plus d’humains, seulement des nuances de noirs. Des oeuvres, dont le corps n’est plus que le véhicule ?
Ludovic Winterstan nous propose plus que des vêtements haute couture : une réflexion sur la place des vêtements dans notre construction identitaire. Une réflexion sur la reproduction en masse de pièces dites phares, distribués à grandes échelle, qui vont qu’on se retrouve- malgré nous- avec les mêmes t-shirts. Sans le savoir on porte des uniformes …
Par des matières de choix, une recherche dans les découpes et une exigence couture, Ludovic Winterstan propose une collection aux airs futuristes, qui réfléchit plus que jamais sur l’actualité.
