Pour créer ex nihilo une joaillerie chez Dior, Victoire de Castellane a imaginé qu’elle avait toujours existé. De fait, des bijoux, chez Dior, il y en a presque toujours eu. Dès sa deuxième collection, la ligne Corolle de l’hiver 1947, le couturier les intègre aux silhouettes de ses défilés et parle alors de « Rivières de diamant, […] colliers de motifs richement torsadés, ornés de perles poires. » Bien sûr, les pierres sont de verre et le « richement » ne s’applique qu’à l’esthétique du bijou, non au métal qui le compose. C’est ce qu’on appelle des « bijoux couture ». Ils se portent comme des accessoires de mode. Leur volume est important, les colliers alignent les pierres de couleur qui donnent de l’éclat au visage. Les collections de Christian Dior ont laissé un témoignage précis de son esthétique du bijou, un véritable manifeste. Transposé et interprété dans
l’univers de la joaillerie, ce manifeste continue de s’écrire en diamant, rubis, émeraude, saphir, tourmaline, spinelle, morganite ou aigue-marine. Comme toujours chez Dior, la joaillerie est aussi un hommage appuyé à l’excellence du savoir-faire et au souci du détail. Cet incroyable artisanat fait-main des ateliers parisiens est au service d’une pensée radicale, d’une esthétique jusqu’au-boutiste, d’une véritable vision créative. Pour autant, les couleurs, les volumes, les accumulations, la démesure, tout était déjà là, instaurant par-delà le temps et les techniques, un dialogue artistique entre Christian Dior et Victoire de Castellane.
Chez Dior Joaillerie, tous les codes et les valeurs de la Maison, et de la couture en général, sont convoqués. Après Mitza et l’imprimé jungle sensuel qui était la signature de la muse de Christian Dior, Victoire de Castellane imagine Oui, un hommage calligraphié au bonheur et à l’amour, avant de célébrer à nouveau ces liens précieux dans la collection My Dior, revisitant l’emblématique motif du cannage qui habille l’assise des chaises Napoléon III des défilés. Les détails qui ornent les créations couture de la Maison inspirent aussi la créatrice : les noeuds et les rubans se parent de diamants et de pierres précieuses dans les collections Caprice, Diorama précieuse, Tralala, Provocante et Favorite, tandis que Cygne suggère en pierres précieuses le duvet délicat des plumes. Enfin, rencontre ultime entre la haute couture et la haute joaillerie, la collection
ArchiDior rend hommage aux premières collections de Christian Dior, qui concevait ses robes et ses tailleurs en architecte. Les ceintures sont en diamant, les jupons sertis de rubis, le mouvement souple des étoffes et des rubans est recréé en métal précieux… On y retrouve même l’idée de la doublure d’un vêtement et le soin particulier qui y est accordé jusque sur les parties invisibles du bijou.