L’architecture intérieure de Molitor est conçue comme un voyage à travers le temps, depuis sa naissance dans les années trente jusqu’au projet d’aujourd’hui. Son caractère Art Déco initial, sa période « Street Art » et la modernité architecturale actuelle qui transcende le lieu sont les grandes étapes de ce voyage.
Entre sa création et sa renaissance aujourd’hui, Molitor a été marqué par une période de fermeture d’une vingtaine d’années. C’est à cette occasion que ce lieu déjà mythique est devenu un « spot de Street Art » mondialement connu.
On pourrait également citer les défilés mondains de l’après-guerre, mais dans tous les cas, la piscine Molitor est restée pendant une grande partie du XXe siècle un lieu emblématique de la vie parisienne.
Selon les espaces du projet (le lobby, le restaurant gastronomique, les chambres, le spa et les salles de sport et les salles privatisables), une expression artistique émerge, toujours dans un dialogue en équilibre avec d’autres références. C’est de ce caractère polymorphe que naît une identité originale et spécifique.
D’une façon chronologique, les espaces patrimoniaux « années trente » devant être conservés ont constitué le point de départ de la décoration. La couleur de l’architecture extérieure, la conservation d’un plafond historique dans l’espace du restaurant, comme la rénovation des guichets d’entrée du centre de remise en forme ont structuré la démarche.
Dans tous les cas, ces éléments ont fait l’objet d’une rénovation à l’identique mais les nouveaux espaces créés n’ont pas cherché à mimer ces éléments historiques sans aucune légitimité fonctionnelle et structurelle.
Si le projet est constitué comme une promenade à travers le temps, il est également une promenade dans un lieu très riche d’espaces divers et variés ; les bassins, les coursives, le spa, les salles de sport, les salles privatisables et le restaurant gastronomique sont souvent des espaces atypiques qui font de Molitor un lieu unique.
Sur un angle du bassin d’été (bassin extérieur), le lobby s’ouvre en triangle vers le cœur du projet. Dans l’axe de l’entrée, la célèbre Rolls Royce taguée par John Wayne fait écho à la période Street Art du bâtiment. Comme la technique du plafond laissé volontairement apparent, cette voiture emblématique est le prolongement naturel de l’urbanité du projet ancré dans la ville.
Le caractère « in progress », street art et urbain vient en contraste avec des éléments plus précieux : les desks évoquent de petites boîtes à pilules des années trente, des voilages structurent l’espace et apportent une fragilité dans un environnement plus urbain, des faux plafonds partiels traités en miroir jouent avec les éléments techniques tout en démultipliant la Rolls Royce de John Wayne.
Toujours en contraste de préciosité, le back office et la bagagerie sont posés comme des objets précieux avec une finition en inox poli-miroir. Dans les espaces salons, des tapis faits sur mesure introduisent la gamme chromatique extérieure composée d’ocre jaune.
Le mobilier mixe des pièces contemporaines avec des éléments chinés spécifiquement pour le projet.
Le restaurant marqué par son plafond années trente reconstitué à l’identique est pensé comme un espace en reconversion : un lieu historique devenant une galerie d’exposition, un restaurant éphémère où sont exposés de grands formats photographiques de Thomas Jorion : gros plans de tags photographiés avant la démolition.
Le tag ainsi zoomé devient un tableau contemporain et abstrait, dans une même approche graphique, il dialogue avec les vitraux historiques des maîtres-verriers Damon et Turlan.
Les mobiliers sont multiples et s’organisent de manière informelle pour marquer l’esprit nomade du lieu.
Les circulations poursuivent le voyage dans l’histoire de Molitor par le biais d’une recherche iconographique : de nombreuses photos en noir et blanc illustrent les grands événements et l’atmosphère de la piscine.
Au troisième étage les photos se déploient au plafond comme une fresque narrative qui peut être perçue de l’extérieur en transparence de la façade entièrement vitrée.
L’univers de la chambre s’apaise volontairement dans une gamme très claire, seulement rehaussée par une œuvre d’art toujours en évocation de Molitor.
La chambre est ainsi perçue comme un havre de paix contemporain tourné vers l’intérieur du projet.
Le lit en biais exprime le caractère nomade et informel en rupture avec la chambre hôtelière classique.
L’espace joue en transparence entre chambre et salle de bain, avec l’opportunité laissée au client de gérer lui-même l’espace par le biais d’un rideau derrière la tête de lit.
Un fauteuil a été spécialement dessiné pour le projet, sa structure bois tout en courbe évoque le mobilier des années quarante mais également le travail de la lutherie, réinterprétation contemporaine de savoir-faire artisanaux.
Le spa et les salles de sport sont des espaces importants qui se déploient sur deux niveaux.
Ils mêlent une écriture contemporaine et épurée avec en contraste un jeu de « scénettes » qui ponctue la découverte de l’espace.
Ces « scénettes » décorées et mises en scène, font écho à l’esthétisme initial du bâtiment tout en caractérisant les lieux de vie, elles introduisent un contrepoint historique et très personnel en particulier par l’utilisation d’éléments chinés qui vont de pièces de mobilier jusqu’à des agrès anciens en passant par de véritables éléments d’architecture (paravent en métal et verre) qui sont réintroduits dans l’aménagement.
L’ensemble de ces éléments se combinent pour créer une écriture unique tout en restant cohérent avec la transversalité globale voulue sur l’ensemble du projet.
Les salles privatisables de Molitor se veulent en rupture avec les lieux de réunion classiques présents dans les hôtels ou les espaces tertiaires.
L’offre proposée est l’opportunité d’une expérience unique en rapport avec l’ensemble du projet Molitor (immersion totale dans un lieu, univers décalé avec finition taguée ou béton brut, expositions artistiques…).