Les images s’agrègent tel un patchwork: des New-Yorkais en jean au début des nineties, l’audace de la silhouette 40, l’énergie street d’East village, la sensualité effortless de Paris, le rythme syncopé d’une danse tribale urbaine, la volupté d’une couture intemporelle… Perfusée de ces instantanés d’hier et d’aujourd’hui, la Collection Couture Automne-Hiver 2014-2015 de Didit Hediprasetyo ne recèle pourtant aucune tentation rétro. Rien de vintage, tout est d’ici et de maintenant, nourri de l’air du temps. Le bomber en cuir posé sur une robe traîne, une salopette en jean revisitée à même la peau nue. Les épaules oversize, le tomber loose se frottent aux coupes au cordeau des robes seconde peau. Leurs pointes carré qui lèchent l’asphalte, leurs drapés du jersey de soie qui dévoilent la chair à chaque pas, affolent la pudeur, exaltent le corps en mouvement.
Variations autour de la veste, ce powerdressing moderne : une Boyfriend Jacket en denim à revers en agneau kaki donne la réplique à un spencer en jean surpiqué façon bord côtes au verso et à un boléro en agneau aux volumes basculés dans le dos. Tel le fil à plomb de la silhouette, elle se passe sur un top aux lignes arrondies d’un body et un pantalon taille haute en chambray à se damner.
Les robes en jean « jolie madame » ont le bustier posé à même le tulle. Les ganses de cuir musclent, radicalisent l’allure. Le chevron du songket, ce brocart traditionnel balinais, rythme le volume d’un blouson à col renard.
L’ouvrage des ateliers Lesage distille sa poésie et son savoir-faire au gré des broderies d’oiseaux voletant sur le métrage d’une jupe, de moineau dessiné au fil sur une robe tube en maille polo vert army, ou au détour d’étoiles constellant une veste en jean.
Les contrastes du denim urbain, du décoratif romantique, de la richesse du songket et du tailoring hérité des forties composent le dressing de jour et de nuit de cette fille Didit Hediprasetyo.
Un style personnel qui n’appartient qu’à elle.
Crédit photo : Patrice Stable