Toujours dans l’optique de mettre en exergue la mode, dans sa pluralité, le musée présente Birds of the Paradise. L’exposition est en place jusqu’en août 2014. Elle présente un panel de créations élaborées grâce à un délicat médium, la plume.
Subtilité des nuances, élégance, le matériau se révèle incontournable. Selon les époques, selon les créateurs, l’interprétation de la matière est différente. Le style évolue, la technique un tant soit peu mais en filigrane, la plume transcendée, s’impose. Initialement plumage protecteur, isolant pour l’animal, elle se métamorphose. Plaisir extrême..
L’exposition débute par une initiation, initiation aux diverses espèces de volatiles usitées. Vingt trois oiseaux naturalisés issus de l’Institut Royal de sciences naturelles de Belgique et un tableau de Melchior d’Hondecoeter favorisent l’excercice. L’apprentissage se poursuit par un focus sur le métier de plumassier. Pour ce faire, un partenariat avec la Maison Lemarié a été initié. Cliché par cliché, le travail délicat et minutieux est révélé. Première robe de l’exposition, Métamorphose d’une chrysalide en femme papillon, (Haute Couture P/E 1997), de Thierry Mugler, présente la femme tel un oiseau de paradis.
Pas à pas, une vingtaine de thèmes sont abordés. Ils ont été réalisés afin d’explorer dévoiler un peu plus cet univers féérique. Ils ont trait aux types d’utilisation de la plume (Eventails, Bords, trompe l’œil etc. .), à des créateurs (YSL, A Demeulemeester, Irving Penn, ..), à des volatiles atypiques (Cygnes Blancs et Noirs, Oiseaux de Paradis, Paon,..). Une vitrine particulière est consacrée à Marlène Dietrich. Le manteau en fourrure de cygne de cette dernière est la pièce incontournable de la exhibition. Présenté pour la première fois en 1957, lors d’une ses apparitions publiques à Las Vegas, il est monumental.
Un col rond accroit les proportions dimensions du buste du haut, une traine de 3M60 de long ajoute à sa superbe. L’élément, presque immatériel, léger, tient de l’élégance. Trois cents cygnes ont été requis pour le réaliser. En adéquation complète avec ses rôles et son personnage, la pièce tient de la démesure.
De nombreux créateurs sont représentés là. Chanel, Alexander Mac Queen, Christian Dior, et quelques autres démontrent l’étendue des possibles. Les créations de YSL, dont ses capes en plume de coq noir, confortent le mythe de la femme-oiseau.
Les accessoires n’échappent pas à cette tendance. En premier lieu, les chapeaux. Ces derniers se parent très tôt du matériau. Les pièces 40 modèles présentées là, des années 30 à nos jours, ont été crées par de grandes Maisons ou par des anonymes. Parmi les designers belges, Elvis Pompilio, Fabienne Delvigne, reflètent l’un l’excentricité, l’autre les commandes plus classiques. La plume, coiffe d’apparat, tantôt se dompte, tantôt se hérisse. Incontestablement, elle crée le volume.
Les chaussures sont ont été pareillement investies. Dès le 19ème siècle, les bords en plumes se généralisent. Chaussures d’intérieur et de villes s’en voient parées. Pour des raisons de conservation, il est peu aisé de montrer mettre en exergue de telles pièces. Là, un focus a été réalisé sur le Maison Roger Vivier. Toutes les créations présentées datent de l’époque où Bruno Frisoni en a pris la direction artistique. Licorne sans lecture, Haute Couture P/E 2010, s’avère être un escarpin en cuir, plastic et satin de soie. Il se voit décoré de plumes de poule retouchées et teintées sur la tige. Prismick poodle, A/H 12-13, un escarpin en daim et cuir, s’affirme gainé de plumes d’autruche. Ailleurs, celles d’un héron s’emparent de Swanned Sandal, A/H 2008-2009. Blue Angel, de cuir allié au satin de soie, se trouve investi par les plumages de poules et faisans teintés.
L’Eventail s’avère être un support idéal. Depuis la Renaissance, il a connu des fortunes diverses. Il distrait, il séduit. Un jeu de codes a été instauré afin pour conférer à l’objet une autre signifiance. S’éventer de telle manière, jouer avec l’objet, révèle le rang d’une femme, et ses subtils désirs. Le corps articulé est de nacre, d’ivoire, d’écaille etc.. La plume par sa volatilité son coté aérien, son exubérance devient une alliée de premier ordre. L’aigle, l’autruche, le héron, sont parmi les oiseaux les plus sollicités.
Une autre vitrine, aborde un aspect plus méconnu de la plume, sa reproduction graphique. Reproduite à l’identique, réinterprétée, elle impacte sur un vêtement, le connote positivement.
A noter également, la présence de deux clichés de Irving Penn. Le premier, Woman with chicken hat, (1949), saisit Lisa Fonssagrives Penn.
L’épouse de l’artiste arbore un chapeau à plumes de coq lui conférant un style affirmé et élégant. Le deuxième, Girl drinking wine, (1949), Jane Russell pose, se délectant d’une coupe de champagne. Les deux images retranscrivent parfaitement l’aura exceptionnelle accordée par cette matière.
Une progression à travers le temps et la matière pour vivre d’esthétiques et saisissants instants.
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Crédits photo, Le Momu et Boy Kortekaas, Roger Vivier, Sofia LAFAYE